Tunisie – Distribution : Mes déboires avec la grande distribution !

hypermarch-epicier-2013.jpgLes clichés ont la vie dure. On a vécu sur le crédo que le petit commerce est cher, favorise peu la concurrence et qu’il est intraitable sur le paiement. En revanche, la grande distribution c’est des prix étudiés, la vie pas chère et la disponibilité des produits, à toute heure. Quelle déconvenue!

Longtemps je me suis bercé de l’idée que les emplettes en supermarché sont un moment de plaisir. Le parking garanti et gratuit, le caddy à portée de main, l’ambiance du mall avec ses commerces variés, quel kif! Et à chaque mauvaise surprise, j’accordais toujours le préjugé favorable, me disant qu’il faut pardonner.

Après moult déboires, me voilà revenu à de meilleurs sentiments vis-à-vis du commerce de proximité. J’en suis à regretter le moment où j’étais en commission chez l’épicier du quartier. J’ai mis longtemps avant de me remettre de ma béatitude sur les vertus de la grande distribution.

Dans l’intervalle, l’épicier du coin, durement éprouvé par la pression du frère aîné, a fermé boutique et baissé rideau. C’est par contre un kiosque qui a pris sa place. Et là, bonjour les dégâts! Rendez-nous notre bon Jerbien, d’antan.

Etiquettes, montrez-vous !

Ah, le mètre linéaire! Je me suis laissé piéger par cet étalage, à l’achalandage malin, à l’infini. Les petites étiquettes sont rarement à leur place. Les inspecteurs du département du Commerce, si prompts à verbaliser le petit commerçant pour déficit d’affichage de prix, trouveraient de la matière dans les rayons des supermarchés. Mais voilà, on ne les voit jamais, pour ainsi dire, officier en ces lieux. Quelle en est la raison? Mystère. On peut toujours m’objecter qu’il y a un lecteur digital. Encore faut-il qu’il soit signalé et, une fois repéré, qu’il soit en état de marche. Gare aux produits en promotion, il arrive souvent que la caisse à la sortie n’ait pas été mise à jour conformément à la baisse annoncée sur l’étiquette ou le catalogue de promo. Et la petite caisse enregistreuse crépite le prix fort. Quand vous avez les sens en éveil et que vous signalez l’erreur, alors “Badge“, hurle la caissière, et vous en avez pour un moment que le superviseur qui porte sur lui le sésame magique vienne rectifier.

Le discount ? On n’est pas bons amis!

En supermarché, vous pensez jouir des meilleurs prix, cela tombe sous le coup du sens. Pour s’y rendre, il faut déjà commencer par y aller de votre poche. On dépense bien, du temps et du carburant, pour s’y rendre. Il serait tout naturel qu’on soit récompensé en conséquence. Ce n’est pas garanti! Le discount n’est pas le propre de la grande distribution chez nous. Les astuces de promotion sont déconcertantes. Quand un prix baisse, il faudrait que ce soit vrai pour la pièce unitaire autant que pour le pack. Il n’en est rien.

Par conséquent, pour bénéficier des promos, il faut faire un sacrifice de trésorerie car on nous pousse à consommer “au gros“. Cela pèse sur le budget d’un ménage.

Au final, bénéficier des promos en super revient à une grosse sortie d’argent. Le jeu vaut-il vraiment la chandelle? Et, pour les prix normaux, le bénéfice du déplacement est difficile à établir.

Pour le ménage organisé, qui sait rationaliser ses dépenses et qui achète, chaque fois que de besoin, c’est-à-dire sans stocker abondamment, il est avantageux de reprendre ses habitudes chez l’épicier du quartier, le tracas du chargement et déchargement en moins.

La disponibilité n’est pas garantie

Il est vrai que l’achalandage en épicerie est assez limité. Mais ce n’est pas pour autant que la disponibilité est meilleure en super. En dehors de quelques rares plages horaires dans une journée, les mètres linéaires ne sont pas garnis avec le maximum de marques. La concurrence n’est pas bien respectée. Sans compter que pour les ventes par packs, les petits assortiments sont rarement disponibles. Trouver un pack de six œufs, par exemple, est une gageure. Cela limite la liberté du consommateur! Pour les produits liquides ou les boissons, c’est le même calvaire. Au rayon des sodas, trouver la contenance souhaitée n’est pas du tout garanti. Quand vous désirez un magnum, à 1,5 litre, qui est le format familial dédié, vous tombez sur les canettes à près de 30 Cl. Allez faire le compte pour totaliser le contenu de la bouteille familiale! De quoi vous laissez sur votre soif.

Les files d’attente interminables à la caisse

Eh puis arrive le moment fatidique de la caisse. Toutes ne sont pas en fonction à longueur de journée. Le confort du client serait de passer le moins de temps en file de caisse. Il n’en est rien. C’est toujours des files interminables. En dehors des heures de pointe, quelques deux ou trois caisses sont de servie. Il faut vraiment qu’il y ait cohue alarmante pour qu’on aligne une caisse supplémentaire. C’est agaçant. Et, malheur à celui qui paie par chèque ou par carte. En général, un seul TPE est disponible et il est à l’autre bout de la rangée. La disponibilité du réseau n’est pas le meilleur allié du client parce qu’il est souvent lourd et qu’il prend un temps fou.

Pour le chèque, c’est toujours le même martyre du relevé d’identité. Ne croyez pas vous être tiré d’affaires en réglant cash. La petite monnaie, on ne vous la rend jamais. Quitte à nous la souffler, injectez-la sur le solde de la carte de fidélité. C’est tout de même de l’argent qu’on nous prend, ce serait juste de nous le rendre.

Les prix fous en kiosques

Vous êtes excédés et vous vous rabattez sur le kiosque du trottoir, car tous ont pris leurs quartiers sur les trottoirs. Ah, la douche écossaise. Les prix, connus par cœur du marchand, sont rarement inscrits. Les écarts sont tels que la rente pétrolière devient dérisoire, en comparaison des surmarges des kiosques. Le comble est que les prix des cigarettes, qui sont pourtant homologués, sont à des niveaux vertigineux.

Auparavant, les ‘’Gomrogs’’ -marchands de tabacs attitrés- affichaient les prix publics décidés par la Régie. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et le massacre continue pour tous les autres produits achalandés. L’ennui est que ces commerces aux prix fous sont au régime fiscal forfaitaire. Allez-y comprendre! Rendez-nous notre bon vieux Jerbien, de grâce ! .