Tunisie : En suspendant les travaux de l’ANC, Ben Jaafar a jeté un pavé dans la marre!

Par : TAP

La décision de suspendre les travaux de l’Assemblée nationale constituante (ANC), prise le 6 août par son président, Mustapha Ben Jaafar, a divisé aussi bien la Troïka au pouvoir que l’opposition.

Dans une déclaration faite le 7 août par Rached Ghannouchi, le mouvement Ennahdha annonce accepter l’initiative de Ben Jaafar malgré certaines réserves juridiques et de forme. Le groupe parlementaire d’Ennahdha a, pour sa part, publié une déclaration où il qualifie d'”illégale” et d'”anticonstitutionnelle” l’initiative de Ben Jaafar dans la mesure où elle n’est prévue ni par la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics ni par le règlement intérieur de l’ANC.

Il considère, dans sa déclaration, que cette initiative, prise de façon unilatérale par le président de l’ANC, ne traduit pas sa position, appelant la reprise des travaux au sein la Constituante dans les plus brefs délais.

Même son de cloche de la part du Congrès pour la République (CPR), qui affirme refuser la décision de Ben Jaafar, déplorant la non consultation des groupes parlementaires. Le CPR estime que cette initiative dépasse le règlement intérieur et ne respecte pas les principes de la gouvernance participative.

Dans les rangs de l’opposition certains considèrent que cette décision est tardive et sans aucune portée, alors que d’autres la trouvent positive. Mais la plupart des dirigeants sont unanimes à souligner la nécessité de prendre des décisions audacieuses pour parvenir à des solutions radicales et sortir de la crise que vit le pays. Maya Jribi, SG d’Al Joumhouri, qui compte parmi les élus dissidents, avait déclaré à la presse que la suspension des travaux de l’ANC est un «aveu d’échec» et que cette décision a été imposée par l’obstination du peuple tunisien.

Dans une déclaration à l’Agence TAP, le SG de l’Alliance démocratique, Mohamed Hamdi, a estimé que la décision de Ben Jaafar est en mesure d’ouvrir la voie du dialogue. Il a toutefois relevé qu’il s’attendait à une décision plus courageuse pour sortir de la crise, à savoir la démission du gouvernement.

L’élu dissident Mohamed Fadhel Moussa, membre du groupe démocratique, a critiqué le discours «tardif» de Ben Jaafar. Il a précisé que le président de l’ANC «aurait mieux fait de prendre cette décision conformément à la volonté des sit-inneurs du Bardo et avant la tenue de la plénière au cours de laquelle les députés dissidents ont été la cible de virulentes critiques».

Plusieurs acteurs politiques appellent, cependant, à l’apaisement, en évitant la discorde et les discours de mobilisation de la rue. Le président du mouvement tunisien de la Liberté et de la Dignité, Mohamed Taher Ilahi, avait souligné lors de sa rencontre mercredi dernier avec le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, l’urgence, pour toutes les familles politiques, de faire des concessions afin de garantir la réussite de ce qui reste du processus transitoire.

WMC/TAP