Le régime islamiste égyptien déchu : Opposition et pouvoir en état de choc en Tunisie!

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«On ne brise pas le peuple égyptien», a déclaré Adly Mansour, président de la Cour constitutionnelle qui a prêté aujourd’hui serment devant la haute cour constitutionnelle, devenant président de l’Egypte par intérim.

Le projet de l’islam politique meurt dans son berceau même, l’Egypte, là où il a été créé et conçu, là où il a pris racine,  engendré et inventé par les Hassan Al Banna et Saïd Kotb. «L’Egypte ne sera jamais un émirat, une Khilafa ou un royaume géré par l’islam politique. Nous sommes un Etat républicain et pluriel. Nous comptons bien le rester. Nous avons toujours coexisté ensemble, musulmans et coptes, musulmans d’obédience malékite et ceux d’obédience hanafite. Nous devrions tous répondre à la question: qui es-tu? Je suis Egyptien, peu importe ton appartenance religieuse ou idéologique, tu es Egyptien», n’arrête pas de répéter la journaliste vedette de la télévision privée ON TV.

L’appartenance à une mère patrie appelée Egypte, c’est le sentiment partagé par les millions d’Egyptiens descendus sur toutes les places des grandes villes et dans toutes les provinces d’Egypte. Une implication dans la chose publique et politique desquelles ils ont été écartés pendant des décennies. Le peuple égyptien a changé les donnes sur le terrain quant à ce fantasme de l’“islam modéré“ que voulaient imposer les USA et leurs alliés britanniques ainsi que leurs pions dans les pays du prétendu printemps arabe. La volonté du peuple a vaincu, il a choisi la République, rejeté l’Etat autocratique et ce au-delà des considérations confessionnelles et dévotes.

Dans le communiqué lu solennellement par le ministre égyptien de la Défense, chef d’Etat-major des forces armées, promesse fût faite aux jeunes et au peuple que l’armée n’interviendra pas dans la chose politique. Cheikh al-Azhar, la plus haute autorité religieuse de l’Egypte a appelé à respecter la volonté du peuple soutenant sans réserve la décision de l’armée d’assurer une transition pacifique du pouvoir. Il a rappelé que l’Egypte est la patrie de tous ses enfants.

Le pape orthodoxe d’Alexandrie, qui avait déclaré auparavant qu’il considérait le peuple, l’armée et les jeunes comme une sainte trinité, a de nouveau exprimé ses hommages aux réalisations du peuple et ses respects pour sa volonté.

Et à la Bourse du Caire, suite à l’annonce de la destitution de Mohamed Morsi, les gains ont frôlé les 15 millions de livres égyptiennes, ce qui a entraîné le gel de l’activité boursière pour une demi-heure.

Quant aux réactions à l’international et alors que l’Arabie Saoudite (Wahabite) et les Emirats  arabes unis ont applaudi la nouvelle transition, les Etats-Unis et John McCain metteur en scène du printemps arabe restent très prudents.

La France a exprimé être “assez optimiste“ suite à l’annonce de l’organisation prochaine d’élections législatives et présidentielle. La Norvège s’est dite heureuse de voir la volonté du peuple égyptien vaincre.

Les Tunisiens sont pour leur part en état de choc. Pas de réactions notables de la part des partis d’opposition, si ce n’est une déclaration du chef du gouvernement assurant sa confiance dans les institutions armées et sécuritaires, et une autre de Rached Ghannouchi, toujours aussi nombriliste, braqué et têtu  qui a indiqué que si les «Jeunes tunisiens pensent refaire le scénario égyptien, ils se trompent lourdement. La Tunisie n’est pas l’Egypte et nous avons déjà fait des concessions sur la Constitution». Il a oublié que c’est ce qu’avait dit Moubarak avant sa chute et ce qu’a dit Morsi avant sa destitution aussi légitime soit-il !

Et ces Tunisiens dont parle souvent Ghannouchi et sans même s’en rendre compte avec autant de mépris, parce que non Nahdhaouis, seraient-ils in fine et à cause de la complicité notoire de certaines forces politiques sur place acculées à supporter une Constitution plus réactionnaire que celle de 1959?

«Je m’engage à préserver le système de la République, à respecter la Constitution et la loi, et à protéger les intérêts du peuple», a déclaré le nouveau président égyptien. Y aurait-il en Tunisie un homme ou une femme capable de prêter aujourd’hui pareil serment?