Tunisie : L’équitation traditionnelle au secours du développement régional et au galop !


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souffrances depuis de nombreuses années, l’équitation traditionnelle est menacée
de disparition totale si ce n’est l’initiative d’un jeune syndicat qui tente
tant bien que mal de lui insuffler une nouvelle vie.

Groupées autour d’une poignée d’hommes et de femmes, l’Union syndicale
interprofessionnelle du cheval (USIC) tente -devant l’absence d’intérêt des
autorités compétentes en la matière, à cause d’une mauvaise approche de lutte
contre la perte des traditions, des savoir-faire et savoir-être qui lui sont
liés- de faire revivre un patrimoine qui s’est effiloché en organisant en marge
du championnat d’équitation à «Ksar Saïd», le samedi 25 mai, un concours de
cavalerie traditionnelle.

Alors que des pays comme le Maroc ont su faire de cet axe un outil de
développement et de promotion en organisant notamment un «Salon du cheval
d’El-Jadida» depuis 2008, en pariant sur une mise en valeur conséquente des
richesses historiques, culturelles, agricoles et industrielles, dont un précieux
patrimoine équin, la Tunisie a ignoré une dimension de son histoire autant que
son potentiel.

Profitant de la «révolution» et chercher à donner du sens à l’engagement de la
société civile dans la préservation de l’histoire et la construction de
l’avenir, l’USIC s’attèle depuis quelques mois à revaloriser tous les métiers,
l’artisanat, les us et coutumes et les valeurs, qui sont rattachés au monde du
cheval. L’équitation traditionnelle représente en fait à elle seule une tranche
historique de la Tunisie.

Il était donc urgent et vital de revaloriser les aspects culturels spécifiques
aux régions en matière d’habits traditionnels, d’harnachement du cheval, de la
sellerie et de la maroquinerie. Pour ne citer que l’exemple de la selle
traditionnelle, celle-ci ne se fabrique presque plus. Seul un sellier travaille
encore et pour combien de temps? Sous d’autres cieux et notamment au Maroc
voisin, au-delà de son usage conventionnel destiné aux cavaliers, la selle est
devenue un «must» de l’artisanat, un des articles de luxe qui transmet et
rehausse l’image de marque du pays.

Pour la création d’emplois et le développement régional

Les régions où se pratiquent depuis des siècles l’équitation traditionnelle sont
les zones les plus fortement touchées par l’inégalité du développement et les
moins nanties en investissements et animations touristiques et culturelles.
C’est précisément là que réside le potentiel : l’activité, en plus de
l’importance de la relation de l’homme avec son environnement, peut générer des
retombées économiques principalement en matière de création d’emplois et
d’innovation en produits touristiques dérivés. Ce sont des impacts économiques
mais aussi identitaires qui peuvent être reproduits par la mise en valeur des
spécificités de l’équitation traditionnelle en Tunisie.

Un projet et des outils

Parmi les actions de valorisation envisagées par l’USIC, la création de
«Journées festival» issues d’un programme complet de compétitions à l’échelle
nationale devant aboutir à un événement annuel phare au cours duquel seront
désignés et récompensés le meilleur cavalier, le meilleur cheval, le meilleur
harnachement, le meilleur sellier et la meilleure tenue traditionnelle.

Ainsi, dès le samedi 25 mai 2013 et après, une consultation nationale se tiendra
pour la première fois sur le «Prix de l’équitation traditionnelle». Ce prix est
le premier jalon d’un Championnat National annuel inscrit dans le plan d’actions
global de l’USIC. Se tenant en marge du Grand Prix du président de la République
(organisé par la Société tunisienne des courses) et de la Journée internationale
des courses, le «Prix de l’Equitation Traditionnelle» sera un véritable coup
d’envoi aux futurs tournois annuels dont le démarrage est prévu à partir de
janvier 2014. Il sera le prélude à des événements de grande envergure comme le
«Grand Prix du Maghreb» qui se tiendra à Tunis en décembre 2014.

Le concours se tiendra donc à l’hippodrome de Ksar Saïd. A noter que cet
hippodrome a été créé en 1894 par la volonté du bey du camp Mohamed El Hédi
Bacha Bey et du Premier ministre en exercice Mohamed Aziz Bouattour. A partir de
1919, l’hippodrome de Ksar Saïd connut un développement important qui permit à
la Société des Courses d’être acteur et mécène de grands événements culturels
prestigieux.

Ce lieu a accueilli de grands noms de la scène de renommée mondiale tels que
Tino Rossi, Ferid Elatrach, Samia Gamel, Abdelhalim Hafedh. La Société des
courses fut l’un des plus importants pourvoyeurs de fonds dans la création du
Festival International de Carthage (d’où l’emblème du cheval dans son sigle).