Tunisie : Recettes pour nouveaux promoteurs !

invest-projet-2013.jpgUne certitude : de nos jours, il est presque quasi-impossible pour un investisseur moyen, nouveau ou jeune, de s’imposer dans un quelconque secteur économique tunisien à cause du lobbying qui y prévaut. Malgré ces entraves, des pistes sont à explorer pour éviter la confrontation avec les méchants lobbies qui cultivent l’art d’influencer, en leur faveur, toute sorte décision.

Rappelons que ces groupes de pression ont profité, depuis 57 ans d’indépendance, des juteuses incitations financières et fiscales instituées par l’Etat pour s’enrichir sur investissement et accumuler des fortunes colossales.

Aujourd’hui, ils s’érigent, avec des moyens à la limite de la légalité, en remparts infranchissables, voire en cerbères du temple des affaires devant les nouveaux et jeunes promoteurs.

Les arrivistes sont arrivés, comme disait, déjà, durant les années soixante-dix, le penseur Hichem Djait.

Pour arriver à ce stade, ces lobbies, forts d’une administration corrompue jusqu’à l’os et d’une politique protectionniste criarde, ont fait pourrir, d’abord, toutes les activités détenues par le public pour se présenter, ensuite, comme l’unique l’alternative pour leur sauvetage et redressement.

Pour mémoire, ces lobbies opèrent dans l’hôtellerie balnéaire, les banques, l’agroalimentaire, les industries manufacturières, la santé privée (cliniques), le transport, la concession automobile, la grande distribution, la restauration, et même la Bourse où l’argent circule entre eux…

Ces mêmes lobbies, après avoir été discrets, trop discrets même, depuis la révolution, commencent, ces jours-ci, à pointer le bout de leur nez et à manœuvrer aux fins de dissuader l’accès du marché aux étrangers (opposition des distributeurs tunisiens à l’implantation en Tunisie du distributeur turc Ihsan Arslan) et d’influencer les réglementations (Code des investissements, code de la fiscalité, réforme bancaire…) et les élections, l’objectif étant d’aider des alliés à se faire élire en contrepartie de la sauvegarde de leurs intérêts une fois élus.

Les pistes à explorer

Et pourtant, en dépit de ces blocages, il existe des pistes que les nouveaux promoteurs peuvent explorer pour contourner ces lobbies et se frayer une place sur le marché tunisien. Nous en citons trois, à titre indicatif.

La première piste consiste à disposer d’une technologie de rupture. C’est le cas d’Anis Aouini, ingénieur de l’Institut des sciences appliquées et de technologie (INSAT) avec son invention de la «Saphonian», l’éolienne du futur.

L’industrialisation de son invention est possible en Tunisie en dehors du lobbysme qui règne dans la branche de fabrication des équipements des énergies renouvelables. Le taux d’intégration serait, selon Anis Aouini, de l’ordre de 80%.

La deuxième consiste en la puissance de l’argent, voire en la disposition d’importants fonds propres et en l’investissement à l’ouest du pays. C’est le cas de l’homme d’affaires Slim Riahi. Ce dernier, à peine rentré au pays après la révolution, est en train d’investir lourd dans l’arrière-pays.

Au nombre de ses projets figurent la création, au Kef, pour un coût de 80 MDT, d’une usine de produits de beauté et d’entretien portant la marque de l’industriel serbe Biokimia, une université privée américaine à Zaghouan, une papeterie à Kasserine, et le lancement, à Siliana, en partenariat avec le groupe saoudien Safi et avec un investissement global de 600 MDT, du projet agro-industriel Maktaris, un complexe de 15 unités (minoteries, usines de laitages, élevage, huileries…).

Ces projets sont particulièrement encouragés dans la mesure où ils n’ont pas besoin des banques pour leur financement.

La troisième piste consiste à attirer des investissements directs étrangers et à créer des joints-venture. Le gouvernement, qui a besoin urgent en devises, est disposé à faciliter la tâche à ses investisseurs, même si cela se fait au détriment des intérêts d’investisseurs locaux. C’est le cas du distributeur turc Ihsan Arslan qui a manifesté l’intérêt de lancer, à La Goulette ou sur les Berges nord du lac de Tunis, d’un hypermarché pour un coût global de 600 MDT.

L’idée de ce projet a suscité un lever de bouclier parmi les professionnels nationaux de la grande distribution. Ils estiment que «cette autorisation, si elle est accordée, constituera un traitement privilégié d’un investisseur étranger au détriment des investisseurs nationaux, et relevé que cette discrimination est totalement intolérable pour ces derniers, qui s’attendent à un traitement équivalent aux investisseurs étrangers».

Il faut dire que par delà ces pistes citées à titre indicatif, l’ouest du pays offre de nombreuses opportunités pour les jeunes et nouveaux investisseurs. Pour un petit pays comme la Tunisie, long de seulement 700 km et large de 300 km (pays utile), il n’y en a que des avantages. Il suffit d’y croire.