La FNSEA durcit le ton envers le ministre de l’Agriculture

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éphane Le Foll (g) et le président de la FNSEA Xavier Beulin assistent au congrès du syndicat, le 28 mars 2013 à Troyes (Photo : Francois Nascimbeni)

[28/03/2013 17:22:02] TROYES (AFP) Après dix mois de relative cordialité, la puissante FNSEA a durci le ton envers le ministre de l’Agriculture lors de son congrès annuel à Troyes, lui demandant sans détour de “travailler plus” et “mieux”.

Stéphane Le Foll n’est pas arrivé dans une salle conquise à Troyes jeudi. Venu clore le congrès du premier syndical agricole du pays, il a “bien compris que (…) l’effet de (son) arrivée a été moins salué que l’arrivée de Xavier Beulin en marinière”.

Le président de la FNSEA portait ce vêtement devenu l’un des emblèmes du made in France, mais avec des rayures vertes, de nature à plaire aux agriculteurs.

“Vous devez travailler autrement: travailler plus et travailler mieux”, a enchaîné le responsable syndical à l’intention de Stéphane Le Foll.

Les principaux motifs de mécontentement: le projet d’agroécologie défendu par le ministre, le sentiment que la FNSEA, pourtant majoritaire, n’est pas suffisamment écoutée, la situation des éleveurs et certaines propositions françaises pour la future Politique agricole commune notamment la prime aux 50 premiers hectares, a-t-il énuméré.

“On peut toujours améliorer son travail”, a répondu le ministre, et “je comprends l’attente” notamment dans les secteurs en crise, le lait, le secteur porcin en Bretagne, les volaillers avec Doux…

“J’essaie de faire passer mes messages” mais “on ne le fera pas en étant contre les agriculteurs”, a assuré le ministre socialiste, bien conscient que les agriculteurs votent traditionnellement plutôt à droite.

Le ministre est un fervent défenseur du “produire autrement” qui vise à conjuguer performance économique et écologique, mais n’enthousiasme pas la FNSEA. L’organisation dénonce déjà l’empilement de normes environnementales auxquelles sont confrontés les agriculteurs.

Stop aux “bavardages”

Le ministre a par ailleurs assuré “avoir parfaitement conscience” que la FNSEA est le syndicat majoritaire, face à la Coordination rurale (plutôt à droite) et la Confédération paysanne (apparenté à gauche).

Sur l’élevage, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, ne veut plus de “bavardages” et demande des mécanismes qui permettent aux éleveurs de “répercuter nos charges dans nos prix”.

Sur ce point, le ministre a annoncé que le projet de modification de la Loi de modernisation de l’économie (LME) a été soumis au Conseil d’Etat, avant d’être présenté en juin par le gouvernement.

Pour Stéphane Le Foll, la LME, qui régit les relations commerciales entre agriculteurs, transformateurs et la grande distribution doit intégrer aux contrats négociés des “clauses de renégociation” quand des hausses de coûts de production sont constatées.

Le ministre a aussi annoncé une réunion consacrée à la filière lait sur le sujet le 8 avril.

Les éleveurs sont confrontés à la hausse des prix des céréales qui renchérit considérablement le coût de l’alimentation pour leur bétail. Il faudrait payer le litre de lait à l’éleveur laitier trois centimes de plus pour lui permettre d’absorber ces charges supplémentaires, demande M. Beulin.

Mais “les négociations commerciales ont été particulièrement difficiles” cette année “et ne permettent pas d’obtenir ce que nous demandons”.

Dans ces conditions, la FNSEA a appelé à manifester dans les départements le 12 avril sur le thème “Sauvons l’élevage français”. Et elle compte organiser le 23 juin, une grande journée de l’élevage à Paris.

Xavier Beulin, qui entame sa 3e et dernière année de mandat à la tête de la FNSEA, espère avoir été entendu par le ministre. Et comme pour officialiser ces échanges, il lui a offert en fin de congrès sa marinière après une fraîche poignée de main.