Chypre doit trouver une alternative après le rejet de la taxe sur les dépôts

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UE (Photo : Yiannis Kourtoglou)

[20/03/2013 09:18:01] NICOSIE (AFP) Les partis politiques chypriotes devaient tenter mercredi de trouver une alternative à la ponction de tous les dépôts bancaires pour réunir les 5,8 mds exigés dans le cadre d’un plan de sauvetage européen, au lendemain de son rejet par le Parlement.

Le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a estimé que la balle était dans le camp de Chypre, répétant que l’aide européenne ne dépasserait pas les 10 milliards d’euros, alors que Nicosie a besoin de 17 mds d’euros pour rembourser sa dette.

Au-delà de 10 milliards, “ils ne peuvent plus rembourser la dette et il n’y a plus de solution”, a-t-il estimé, en “regrettant” le rejet par le Parlement chypriote mardi du plan incluant une taxe sans précédent sur les dépôts bancaires allant jusqu’à 9,9%, devant permettre de réunir les 5,8 mds d’euros.

Le président Nicos Anastasiades devait réunir le matin les chefs des partis pour trouver une solution à la crise et éviter la faillite au pays, alors que les banques étaient toujours fermées sur l’île, pour empêcher une ruée aux guichets de clients mécontents et de crainte d’une fuite massive de capitaux.

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à un distributeur le 19 mars 2013 à Nicosie (Photo : Louisa Gouliamaki)

Le chef de la Banque centrale Panicos Demetriades ainsi qu’un membre de la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) devait participer à la réunion au palais présidentiel à Nicosie, selon la télévision d’Etat.

L’une des options sur la table est la nationalisation des fonds de pensions des institutions étatiques et semi-étatiques, qui pourrait rapporter 3 milliards d’euros, selon la même source. Une autre est la contraction du secteur bancaire, avec la possible fusion des deux principales banques afin de réduire le montant de la recapitalisation nécessaire.

M. Anastasiades a déjà fait part de ces possibilités à la chancelière allemande Angela Merkel lors d’un entretien téléphonique mardi soir, a précisé la télévision.

Russie, église, gaz

Autre piste: une aide de la puissante église orthodoxe à Chypre. Son chef, l’archevêque Chrysostomos II, a déclaré aux journalistes après une rencontre avec M. Anastasiades que l’église était prête à mettre son énorme patrimoine foncier et ses avoirs à la disposition de l’Etat.

Mardi au Parlement, le projet sans précédent de taxe sur les dépôts bancaires allant jusqu’à 9,9%, n’a obtenu aucun vote favorable, soulageant les milliers de manifestants qui attendaient la décision des députés.

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ésentant la chancelière allemande Angela Merkel le 19 mars 2013 à Nicosie (Photo : Barbara Laborde)

Entretemps, le ministre des Finances chypriote Michalis Sarris se trouvait mercredi à Moscou pour tenter d’obtenir un soutien des Russes malgré leur colère après l’annonce surprise de la taxe bancaire qui devait notamment toucher leurs avoirs sur l’île.

L’agence Moody’s a évalué à 19 milliards de dollars les seuls avoirs de sociétés russes placés à Chypre, en raison de son régime fiscal très favorable, auxquels s’ajoutent 12 milliards de dollars d’avoirs de banques russes dans des établissements chypriotes.

M. Sarris doit demander une extension du crédit de 2,5 milliards d’euros accordé en 2011 par la Russie à Chypre qui doit finir de le rembourser en 2016. Moscou avait menacé de revenir sur sa proposition d’assouplir les conditions du crédit après l’annonce samedi du plan européen.

Mais Chypre pourrait aussi jouer la carte énergétique avec les promesses de revenus massifs d’ici une décennie provenant de la découverte de colossales ressources en hydrocarbures sous la mer au large des côtes méridionales de l’île.

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économie chypriote et de son plan de sauvetage

Selon le quotidien Vedomosti, la banque russe Gazprombank, détenue à 41% par le géant public gazier Gazprom, a proposé à Chypre une aide financière en échange de licences de production de gaz naturel.

Pour sortir le pays de la crise, M. Dijsselbloem a “réitéré l’offre” de l’Eurogroupe qui consiste à ne plus taxer les dépôts inférieurs à 100.000 euros”.

Un responsable européen proche de l’Eurogroupe a dit que la zone euro attendait désormais une “contre-proposition” de Chypre, alors que Berlin a averti que Chypre était “seule responsable” de ses problèmes dus à son système bancaire “complètement surdimensionné”.

Enfin le nouveau ministre français du Budget Bernard Cazeneuve a estimé que la crise chypriote ne menaçait pas “la stabilité de la zone euro”. “Il faut renégocier avec la troïka”.