Tunisie – Tourisme : Le SOS des professionnels!

Par : TAP

to-tourisme-032013.jpgLes professionnels du tourisme lancent un appel pour sauver d’urgence le tourisme tunisien, secteur qui assure 7% du PIB et emploie 400.000 personnes, et consolider son positionnement à l’échelle internationale.

D’après divers témoignages recueillis par la TAP, auprès des intervenants dans le secteur, “la stabilité politique et la sécurité restent les conditions primordiales pour rassurer les touristes et sauver la saison touristique, qui a mal démarré, cette année”. Ils demandent au gouvernement “de fixer un calendrier pour les prochaines élections et dépasser la période de transition”.

D’après les dernières statistiques de l’ONTT, le tourisme a commencé l’année 2013 avec une baisse des entrées touristiques de 20,4%, à 439.708 visiteurs, par rapport à 2010 (pour la période du 1er janvier au 20 février). Cette régression a touché plusieurs nationalités, surtout celles européennes et maghrébines.

Comparée à 2012, année où l’activité touristique a connu une certaine amélioration, la baisse est de 7,7% (476.412 touristes). D’après les opérateurs du tourisme,”la situation touristique s’est aggravée après les événements de l’ambassade des USA en septembre 2012 et l’assassinat du leader de gauche, Chokri Belaid, le 6 février 2013.

En outre, l’image du pays, véhiculée par les médias étrangers, notamment français, a beaucoup contribué à la baisse du flux touristique au début de cette année et à celle des réservations pour la période de l’hiver”.

L’activité touristique en crise

A Djerba, le directeur du marketing et des ventes à l’hôtel Radisson et Parc Inn, Sami Aoun Allah, a estimé que “le manque de visibilité quant à l’avenir ne fait que rendre la situation plus compliquée. Nous avons enregistré des baisses et des annulations au niveau des réservations, mais nous ne savons même pas comment convaincre les tour-opérateurs (TO) et rassurer les touristes”.

Le DG de l’hôtel Allidis situé dans la même région, Sami Saadi, s’est inquiété pour sa part, de la situation actuelle du secteur touristique et s’est interrogé sur son avenir. “Nous ne savons plus où nous mène le gouvernement? Est-ce qu’il va sauvegarder le tourisme ou opter pour d’autres choix?.”

A Nabeul, le président de la Fédération régionale de l’hôtellerie, Habib Bouslama, a estimé que “le tourisme, aujourd’hui, est en train d’étouffer et est près de s’effondrer… surtout qu’il souffre déjà, de plusieurs problèmes structurels”. Il considère que le secteur a besoin “d’une intervention immédiate pour sauver les emplois dans le tourisme, qui sont de l’ordre de 100.000 postes, dans le gouvernorat de Nabeul, réechelonner les dettes des hôtels en 2013, geler les prélèvements au profit des caisses de sécurité sociale et faire participer les professionnels à la préparation de la période post-crise”.

La priorité est de sauver l’été et l’arrière saison

Le directeur général de l’ONTT (Office national du tourisme tunisien), Habib Ammar, a fait état d’une reprise relative en 2012 (près de 6 millions touristes) par rapport à 2011, mais qui reste encore en deçà du niveau de 2010. D’après lui, “cette reprise a concerné les régions côtières qui ont récupéré une partie de leur activité”. Il a cité l’exemple de Yasmine-Hammamet “la seule zone touristique qui a fait mieux qu’en 2010, avec une amélioration de 1,2% en terme de nuitées”.

Toutefois, au mois de Janvier 2013, Yasmine-Hammamet a été parmi les principales zones touristiques touchées par le recul des nuitées (-21,2%). Pour lui, “malgré l’amélioration enregistrée en 2012, l’arrière-saison a été perturbée par les événements de l’ambassade des USA. Les zones les plus touchées sont, essentiellement, Tozeur et Kébili dans le Sud tunisien, mais aussi Tabarka. Par contre, le tourisme intérieur, a-t-il précisé, a enregistré une amélioration de 16% des nuitées par rapport à 2011 et a contribué à sauver l’activité touristique.

Selon le DG de l’ONTT, “la situation est difficile mais récupérable. Nous sommes appelés à travailler davantage sur l’image de la Tunisie, surtout au niveau de la stabilité et la sécurité, pour rassurer les TO et les touristes”.

Il a exprimé l’espoir de voir “les élections être organisées dans quelques mois et des institutions stables mises en place pour pouvoir, communiquer sur un pays, en dernière phase de transition… Nous avons déjà lancé un programme structurel de 10 ans, sur la base de la stratégie de développement du tourisme à l’horizon de 2016. Aujourd’hui, notre priorité est de sauver l’année 2013 et préparer celle de 2014”.

Quant à l’annulation des réservations, il a indiqué “ne pas avoir de chiffres précis, mais s’inquiéter du ralentissement des réservations. La situation est difficile pour la saison de l’hiver 2013”. Malgré cela, a-t-il ajouté “nous avons de bons indicateurs pour l’été au niveau des marchés allemands et anglais. Nous nous inquiétons surtout pour le marché français, en raison de l’image véhiculée par la presse française sur la Tunisie, qui a suscité la crainte chez les tour-opérateurs et les touristes…”.

Il s’agit, d’une campagne touristique qui prend en considération les spécificités de chaque marché avec la promotion des produits touristiques existant dans les différentes régions du pays (Sahara, golf, culture, Archéologie …).

Cette campagne, comprend aussi, un soutien financier aux voyagistes opérant sur la destination Tunisie pour promouvoir la publicité commune et améliorer la programmation aérienne. Une grande campagne pour l’été et l’arrière saison, démarrera début avril 2013, notamment en Allemagne, Angleterre, Russie et tous les pays de l’Europe de l’Est.

La promotion touristique sera réalisée, via les télévisions, les réseaux sociaux, les affiches, l’invitation des journalistes et tour-opérateurs en Tunisie. Fin avril prochain, une rencontre sera organisée, en France avec les leaders d’opinion, les hommes politiques, les journalistes…

Pour le président de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyage), Mohamed Ali Toumi, “l’image de la Tunisie n’est pas liée seulement à la stabilité et la sécurité mais aussi à la propreté du pays (prolifération des ordures), la qualité des services et le comportement des tunisiens avec les touristes qui sont parfois harcelés. Le tourisme est une question d’intérêt national et nous sommes tous appelés à le soutenir”.

Revenant sur les réservations pour cette période surtout pour les vacances de Pâques, elles sont en deçà des attentes, a-t-il relevé. “Les tour-opérateurs s’inquiètent, actuellement, pour la situation prévalant dans le pays et veulent des garanties pour s’engager en faveur de la destination Tunisie (réservation d’avions…). Nous avons besoin d’une date pour la tenue des élections pour rassurer les T O”, a-t-il conclu.

WMC/TAP