Le Fonds africain de développement : 40 ans de contribution à la transformation socio-économique de l’Afrique

Par : Tallel

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Le Fonds africain de développement (FAD) a été créé en 1972 pour accompagner les économies africaines les moins nanties sur le chemin du progrès économique et social. Au moment il où célèbre son quarantième anniversaire, le guichet de dons et de prêts à taux préférentiel du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a des raisons d’être fier de ses décennies de réalisations, car il a de nombreux résultats à montrer et a su contribuer de manière significative à l’amélioration des conditions de vie des populations africaines.

A travers tout le continent, du Sénégal à la Tanzanie, du Niger au Lesotho, en passant par la République centrafricaine et la République démocratique du Congo, il a d’innombrables récits à relater. Un des plus expressifs est le succès du Cap-Vert. Cette île, qui a vu son revenu par habitant passer de 175 dollars au début des années 1980 à 3540 dollars en 2012, est aujourd’hui un pays à revenu intermédiaire. En 2008 il est sorti de la liste des Pays les moins développés des Nations Unies grâce à ses bonnes performances en matière d’indicateurs sociaux dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures.

La bonne gouvernance politique, les politiques socio-économiques favorables et l’utilisation efficiente des ressources, le tout sous-tendu par une vision du développement à long terme, ont profité à bien de ses habitants. C’est le cas d’Artemisa Irona Rocha Lopès du quartier Jamaïca, dans la banlieue de Praia. Grâce à la connexion de son quartier au réseau électrique, elle a ouvert un commerce qui ne cesse de se développer. Selon elle, l’électricité « a été très utile à mon commerce. Elle me permet de vendre plusieurs articles. Auparavant, je ne pouvais pas vendre des produits surgelés ou certaines boissons comme la bière et le vin. Je fais plus de bénéfices aujourd’hui ».

L’avènement de l’électricité a changé la vie des habitants de quartiers similaires à Jamaica à travers le pays. Désormais ils rêvent de changer le cours de leur vie, en s’engageant dans des activités génératrices de revenus et en créant des petites entreprises. 95 % de la population ont aujourd’hui accès à l’électricité générée non seulement par l’énergie thermique, mais aussi par les énergies éolienne et solaire. Ces énergies propres et renouvelables ont bénéficié du financement du FAD et du guichet secteur privé de la BAD.

L’appui du FAD apprécié

Le succès du Cap-Vert résulte aussi du partenariat avec les institutions de développement dont le Groupe de la BAD. L’appui du Groupe a été hautement apprécié. Selon l’ex-président Pedro Pires, « Le Groupe de la Banque africaine de développement a bien compris notre situation de pays insulaire. Le Fonds africain de développement était le guichet approprié pour avoir des ressources pour notre développement. A l’époque, nous ne pouvions pas emprunter sur le marché international aux taux commerciaux. Nous apprécions donc véritablement le soutien de la BAD aux pays africains, et notamment celui du FAD qui accorde des dons et des prêts à de bonnes conditions.»

L’autoroute Thika : une fierté nationale

Un autre projet du Groupe de la BAD, avec un financement du FAD, qui a eu un grand impact sur la vie de ses bénéficiaires est l’autoroute Nairobi-Thika de 50 km au Kenya. Le Groupe y a apporté le plus grand financement, à savoir 180 millions de dollars sur un coût total de 360 millions.

Les retombées de la nouvelle autoroute sont visibles et impressionnantes. Et elles sont appréciées des usagers qui vont quotidiennement travailler dans les secteurs secondaire et tertiaire au centre-ville de Nairobi. Le trajet est plus rapide, plus confortable, moins cher et s’effectue dans des conditions de plus grande sécurité. Il est surtout passé d’environ trois heures à environ quarante-cinq minutes.

Les bénéficiaires de l’autoroute, environ 1 million de personnes, sont en majorité des riverains du tronçon. Ils exercent diverses activités économiques. Et une grande majorité est composée de femmes qui vendent des produits alimentaires venant de Thika et au-delà. L’autoroute fait la fierté du pays, ainsi que le disait le président kényan, Mwai Kibaki, lors de son inauguration en novembre 2012.

En matière d’intégration régionale, le FAD a également des résultats tangibles à montrer dans plusieurs régions du continent. Il y a, entre autres, le projet routier d’intégration régionale du Corridor Bamako-Dakar par le Sud. Longue de 800 km, cette infrastructure, achevée en 2011, a réduit de 200 km la distance entre les deux villes et rendu fluide la circulation des personnes et des biens dans cette partie de la sous-région ouest-africaine.

Au-delà de la route, le projet a également réalisé des infrastructures socio-économiques. Au Sénégal et au Mali, les projets connexes ont permis la réhabilitation de 100 km de pistes rurales, la construction de clôtures pour des écoles primaires et l’équipement de salles de classes. Au total, une dizaine de cases de santé ont été construites dans les deux pays et une vingtaine de forages ont été réalisés pour pallier le déficit en eau potable, un défi auquel de nombreuses communautés situées le long du corridor étaient confrontées. La construction de ces forages a également réduit le fardeau des femmes qui consacraient beaucoup de temps à la corvée d’eau.

Contribution à la transformation économique

Le changement est visible aujourd’hui partout où le corridor passe. Il y a eu des effets induits, comme la réduction des frais illicites. Pendant la phase de construction, le projet a employé les populations locales auxquelles il a versé environ 5 millions de dollars de salaire. Plusieurs travailleurs sont toujours employés pour des travaux de maintenance.

D’un coût de 304 millions de dollars, le corridor Bamako-Dakar est le fruit du partenariat entre le Mali, le Sénégal et plusieurs autres bailleurs de fonds, dont le FAD. Le FAD étant le plus grand contributeur avec 89 millions de dollars, soit 30 % du coût total du projet.

Au total, en 40 ans d’activité, le FAD a octroyé près de 4 000 prêts ou dons, d’un coût total de 36 milliards de dollars qui ont contribué à améliorer les conditions de vie de beaucoup d’Africains. Il a considérablement participé à la transformation socio-économique du continent. Sa réussite est en grande partie due à son approche efficace de partenariat avec l’ensemble des acteurs du développement dans les pays : les bénéficiaires des projets, la société civile et les autorités publiques. La réussite s’explique aussi par l’approche sélective et ciblée des secteurs stratégiques d’intervention comme les Etats fragiles, les infrastructures, la gouvernance et l’intégration régionale.

Pour les perspectives, le FAD continuera d’être aux côtés des économies africaines, afin de consolider la transformation socio-économique, tout comme d’améliorer son intervention en matière de croissance inclusive, d’économie verte, d’agriculture et sécurité alimentaire, de genre et d’appui aux Etats fragiles.

Le FAD-12 prend fin en 2013 et le cycle de la reconstitution du FAD-13 commence en février 2013. Face aux nombreux défis socio-économiques et du besoin d’allocation de ressources plus importantes en faveur des pays, le Groupe de la BAD devrait avoir besoin d’un financement approprié pour le FAD-13. Une condition essentielle pour espérer continuer son apport à la transformation économique de l’Afrique.

Source : Site web BAD