Le premier avion de transport militaire A400M livré avant le salon du Bourget

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à Séville, le 15 février 2013 (Photo : Cristina Quicler)

[15/02/2013 16:37:36] SEVILLE (Espagne) (AFP) Le premier exemplaire de l’A400M, l’avion de transport qui va transformer les capacités des armées européennes, doit être livré à la France d’ici la mi-juin, après des années de gestation douloureuse.

“Toutes les équipes travaillent d’arrache-pied pour livrer le premier appareil avant le Bourget”, a déclaré à quelques journalistes Cédric Gautier, le directeur du programme A400M, dans l’usine d’Airbus Military à Séville (sud de l’Espagne).

Le salon aéronautique du Bourget, au nord de Paris, se tient cette année du 17 au 23 juin.

Dessiné à la demande des états-majors européens après la première guerre du Golfe de 1991, qui avait mis en évidence leur manque de moyens, l’A400M doit remplir des missions stratégiques (transport sur de très longues distances) et tactiques.

Equipé de quatre turbopropulseurs, il sera capable de transporter jusqu’à 37 tonnes sur 3.300 kilomètres, et de se poser au plus près des combats, sur des terrains non préparés, même dans le sable, avec des blindés ou des hélicoptères. Il est aussi conçu pour larguer des parachutistes des forces spéciales à 12.000 mètres d’altitude ou ravitailler en vol deux avions ou deux hélicoptères.

“Il va littéralement transformer la façon dont les opérations sont menées”, a assuré Ian Elliott, un ancien pilote britannique responsable du marketing.

Selon le chef d’état-major de l’armée de l’air française, le général Denis Mercier, deux A400M avec deux transporteurs-ravitailleurs MRTT (des A330 transformés que la France doit encore commander à Airbus) lui auraient permis de projeter au Mali en huit heures tout le matériel dont il a eu besoin au début des opérations en janvier. La France a dû demander l’aide des ses alliés pour acheminer son matériel au Mali.

Négociations homériques

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à Séville, le 15 février 2013 (Photo : Cristina Quicler)

Cet avion révolutionnaire a pourtant failli ne pas voir le jour. En janvier 2010, Tom Enders, alors patron d’Airbus, avait menacé d’abandonner ce programme si les sept pays qui l’avaient commandé (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Luxembourg et Turquie) refusaient de partager les dépassements de coûts. Un compromis avait été trouvé en 2011 après des négociations homériques.

Au total, l’A400M a accumulé quatre ans de retard et a dépassé son budget initial de 6,2 milliards d’euros, soit d’environ 10%.

Le premier exemplaire, sorti de la chaîne d’assemblage à Séville, porte déjà une cocarde française. Il doit voler pour la première fois entre le 2 et le 6 mars. La livraison officielle à l’armée de l’air française aura lieu à Séville entre la fin mai et début juin, prévoit M. Gautier.

C’est un léger retard sur le contrat, qui prévoyait une livraison au premier trimestre, mais Airbus Military se fait fort de livrer cette année comme prévu trois appareils à la France et un à Turquie, en septembre.

L’A400M a été commandé à 174 exemplaires, y compris par la Malaisie, son premier client à l’exportation. Airbus military espère en exporter 400 de plus dans les 30 prochaines année, avant tout dans le Golfe et dans la zone Asie Pacifique.

D’autant, a souligné M. Gautier, qu’il n’y pas en ce moment de programme pour remplacer le C17 Galaxy de Boeing, un avion stratégique de 60 tonnes d’emport, et le C130 de Lockheed Martin, d’une capacité de 20 tonnes, conçu il y a plus de 50 ans.

Quatre autres appareils avancent dans la chaîne d’assemblage de San Pablo Sur, à côté de l’aéroport de Séville. Dix avions doivent être livrés en 2014. La production montera progressivement pour se stabiliser à 30 appareils par an.