Des tests effectués sur des jouets et divers objets de la vie quotidienne provenant de Tunisie et d’autres pays d’Afrique et du monde entier, ont montré l’existence de niveaux dangereux de dioxines bromées, des substances chimiques toxiques, réputées pour leurs effets néfastes sur la santé des enfants, notamment en entravant le développement neurologique et le fonctionnement des hormones thyroïdiennes.

Un échantillon de jeux d’échecs obtenu de la Tunisie et une coiffe du Maroc ont été inclus dans cette enquête mondiale, dont les résultats ont été révélés dans le cadre de l’étude sur “les activités similaires de la dioxine aux hormones thyroïdiennes dans les produits de consommation et les jouets”, rendue publique en août 2023.

En Tunisie, un projet d’analyse des Polluants organiques persistants (POPs) dans 60 jouets vendus sur le marché tunisien est en train d’être réalisé par l’Association d’éducation environnementale pour la future génération (AEEFG), qui fait partie du Réseau International pour l’Elimination des Polluants (IPEN).

Les analyses déjà effectuées dans un laboratoire tunisien a montré la contamination des jouets par des substances toxiques “qui ne peuvent provenir que du recyclage toxique du plastique”, apprend l’agence TAP auprès de l’ONG. Le rapport final de ces analyses sera publié dans les mois à venir.

L’enquête mondiale montre que les échantillons pour la détermination des niveaux de dioxines bromées, portées à la bouche, dépassent la dose journalière tolérable de dioxines pour un enfant de 12 mois.

Elle a même révélé la présence de substances toxiques, dont des produits chimiques interdits à l’échelle mondiale, dans des jouets et d’autres produits fabriqués à partir de déchets électroniques recyclés, appelés “plastiques noirs”, achetés dans 26 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique.

“Les résultats révèlent un risque inacceptable, en particulier pour les enfants susceptibles de jouer avec des produits de consommation en plastique fabriqués à partir de déchets électroniques recyclés”, explique Semia Gharbi de l’AEEFG en Tunisie, qui est un co-auteure de l’étude globale publiée.

Les résultats des tests révélés en août 2023, dans le cadre de cette étude montrent que les jeunes enfants jouant avec des jouets fabriqués à partir de plastique recyclé pourraient être exposés à des produits chimiques toxiques, au-delà des niveaux de sécurité de l’UE pour des substances similaires.

En effet, les comportements typiques de mise en bouche des enfants qui s’amusent avec des jouets en plastique recyclé pourraient contribuer de manière significative à leur absorption quotidienne de composés hautement toxiques de type dioxine et d’autres substances chimiques perturbatrices du système endocrinien.

Lorsque les plastiques issus des déchets électroniques sont recyclés, les substances chimiques qu’ils contiennent sont transférées aux nouveaux produits fabriqués à partir des matériaux recyclés. “Notre étude simule l’impact réel des produits fabriqués à partir de plastique recyclé à partir de déchets électroniques sur les cellules humaines en analysant les activités toxiques perturbant les hormones. Nous avons été choqués de constater que les enfants pouvaient être exposés à des quantités significatives de produits chimiques hautement toxiques provenant de jouets en plastique recyclé”, a déclaré le Dr Peter Behnisch du laboratoire BioDetection Systems d’Amsterdam, l’un des principaux auteurs de l’étude.

L’étude a également évalué les niveaux de tétrabromobisphénol A (TBBPA), un perturbateur endocrinien connu pour son impact sur le fonctionnement des hormones thyroïdiennes et lié au cancer et à l’obésité. Perturbateur endocrinien connu pour avoir un impact sur le fonctionnement de l’hormone thyroïdienne et lié au cancer et aux effets néfastes sur la reproduction.

Les résultats soulignent également la nécessité d’aborder la question des substances chimiques contenues dans les plastiques dans le nouveau traité mondial sur les plastiques et d’éviter un traité axé uniquement sur le volume des déchets plastiques.

Selon Gharbi, “La situation actuelle permet aux plastiques d’empoisonner l’économie circulaire. L’étude recommande “d’améliorer la surveillance chimique des plastiques destinés au recyclage afin d’éviter de recycler des plastiques contaminés en nouveaux produits toxiques”.

“Nous avons collecté des jouets pour enfants, des ustensiles de cuisine et des produits pour femmes afin de déterminer d’abord l’étendue de la contamination par des substances toxiques réglementées par des traités internationaux et, d’autre part, si les traités sont suffisamment stricts pour protéger la santé des enfants. Les traités sont suffisamment stricts pour protéger la santé humaine dans les pays africains et les autres pays en développement. Malheureusement, nos résultats montrent que les traités internationaux ne protègent pas suffisamment notre santé”, a déclaré le commissaire européen à l’environnement et au développement durable.

Selon les auteurs de l’étude, ces résultats sont essentiels pour l’élaboration du nouveau traité sur les plastiques, qui sera examiné lors de la troisième réunion du comité international de négociation à Nairobi.

La copie zéro du futur traité a été publiée par les Nations unies le 4 septembre 2023, deux mois avant la reprise des négociations dans le cadre du troisième Comité intergouvernemental (CIN-3) du Traité international contre la pollution plastique, qui se tiendra à Nairobi au Kenya, du 13 au 19 novembre.

Le Réseau International pour l’Elimination des Polluants (IPEN), exige que le nouveau traité mondial sur les plastiques reconnaît que la pollution par les plastiques doit être abordée à travers une approche basée sur le cycle de vie complet.

“Le dispositif de la résolution exige spécifiquement que l’instrument juridiquement contraignant qui doit être élaboré devrait avoir une approche globale qui aborde le cycle de vie complet des plastiques. Cela signifie que l’utilisation et le rejet et les effets toxiques des plastiques et des substances nocives seront abordés pendant la production, la conception, la consommation et la gestion des déchets”.