La CMA CGM redresse la barre de ses finances avant son entrée en Bourse

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é de la CMA CGM au Havre, le 19 décembre 2012 (Photo : Charly Triballeau)

[12/02/2013 15:00:31] PARIS (AFP) L’armateur français CMA CGM, qui a annoncé mardi avoir achevé sa restructuration financière, espère pouvoir désormais se consacrer à son développement international et à son projet d’entrer en Bourse dès l’an prochain.

“Nous sommes désormais armés pour introduire le groupe en Bourse dès 2014 si le marché s’y prête”, a expliqué le directeur général de la compagnie marseillaise, Rodolphe Saadé, au quotidien Les Echos de mardi.

Dans un communiqué, CMA CGM explique avoir “totalement achevé sa restructuration financière, moins d’un an après avoir ouvert les discussions avec ses partenaires”.

Confronté à une importante baisse du trafic, le groupe a traversé trois années de turbulences accentuées par un endettement de 4,6 milliards d’euros, hérité d’une politique ambitieuse d’expansion de sa flotte.

Pour retrouver le chemin de la santé financière, il avait engagé des négociations avec ses 70 banques créancières pour ramener cet endettement à un niveau plus soutenable.

“L’accord trouvé avec les banques sur la dette du groupe ainsi que l’injection de fonds propres supplémentaires dotent le groupe d’une structure financière bien plus solide et plus flexible”, s’est félicité l’armateur.

L’accord prend en compte le refinancement partiel d’une ligne de crédit venant à échéance en 2013 “en de nouveaux prêts à plus de 3 ans pour un montant total de 280 millions d’euros”.

CMA CGM vient aussi de signer les accords définitifs qui permettent au Fonds stratégique d’investissement (FSI) de prendre 6% de son capital (pour 150 millions de dollars) et à son partenaire turc Yildirim, qui possède une participation de 20%, d’acheter 4% supplémentaires “sous la forme d’Obligations Remboursables en Actions (ORA)”, a-t-il précisé.

L’accord prévoit également qu’une ligne de crédit de 280 millions d’euros qui arrivait à échéance en février soit échelonnée jusqu’en 2015.

L’armateur a aussi renégocié les clauses de performance signées avec ses banquiers qui, si elles ne sont pas respectées, entraînent un remboursement anticipé de la dette. Au lieu de faire référence à l’excédent brut d’exploitation (Ebitda), souvent très volatile dans le domaine du transport maritime, ces clauses reposeront désormais sur le niveau des fonds propres, qui s’élèvent désormais à environ 4 milliards de dollars.

A cette consolidation des fonds propres de l’entreprise s’ajoute un vaste plan visant à réaliser 400 millions de dollars d’économies et qui va de la réduction de la vitesse des cargos à la fermeture de lignes non rentables en passant par la contraction des achats.

Autre levier pour redresser la barre, celui de la cession d’actifs qui a conduit le groupe a céder l’an passé son croisiériste de luxe “Compagnie du Ponant” au fonds Bridgepoint ainsi que 50% de sa participation dans le port de Malte à son actionnaire Yildirim (pour près de 300 millions de dollars).

Fin janvier, l’armateur a également cédé pour 400 millions d’euros à l’opérateur portuaire chinois, China Merchants Holdings International (CMHI), 49% de sa filiale Terminal Link, un des opérateurs du port de Marseille.

“Nous prévoyons un résultat positif à la fin de l’année, aux environs de 400 millions de dollars”, avait assuré Rodolphe Saadé en octobre dernier, l’exercice 2011 s’étant conclu sur une perte nette de 30 millions de dollars.

Optimiste, la famille Saadé veut investir dans de nouveaux navires et partir à l’assaut de régions du monde à fort potentiel comme l’Afrique de l’ouest, la Russie ou l’Amérique du sud.

Le groupe vient de lancer le Marco Polo, plus grand porte-conteneurs au monde, d’une capacité de 16.000 EVP (équivalents vingt pieds) et d’une longueur de 400 mètres, affecté à la ligne qui relie la Chine du sud à l’Europe du nord, via le canal de Suez.