Le retentissement des “clashs” entre rappeurs amplifié par les réseaux sociaux

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à Bourges (Photo : Alain Jocard)

[05/02/2013 17:39:38] PARIS (AFP) Coup monté ou pas, les tirs d’arme à feu dont a été la cible le rappeur La Fouine illustrent les “clashs” ou altercations propres à ce milieu musical, dont le retentissement est désormais considérablement amplifié par les réseaux sociaux.

Lundi à l’aube, la voiture du rappeur La Fouine, star du rap hexagonal, a été touchée à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) de deux balles de 22 long rifle. Lors de son audition par la police judiciaire de Créteil, il n’a pas souhaité porter plainte, a indiqué mardi à l’AFP une source judiciaire.

Cet incident survient alors que le La Fouine, Laouni Mouhid de son vrai nom, et Rohff, autre rappeur français, échangent depuis plusieurs semaines, via des chansons relayées par le net, des invectives avec leur rival Booba sur fond de guerre d’ego et de stratégie marketing.

“Je prends cela à la légère, mais je sais que si ça continue, ça peut mal se terminer”, racontait La Fouine avant l’incident dans une interview au Parisien parue lundi, jour de la publication de son cinquième album, “Drôle de parcours” (Sony).

900.000 followers

Une enquête pour tentative d’homicide volontaire, confiée à la police judiciaire de Créteil, a été ouverte.

Pour Olivier Cachin, spécialiste du rap français, le clash est “un classique de la culture rap” qui existe “depuis les années 1970 à New York” et qui consiste à “proclamer qu’on est le meilleur en +tuant+ virtuellement son adversaire avec des textes”. En revanche, “quand ça commence avec des fusillades, ça n’a plus rien à voir avec l’artistique”, juge-t-il.

Selon lui, les réseaux sociaux “changent complètement la chronologie de ce genre de confrontation”.

“Là, on a en temps réel. Il ont, pour l’un et pour l’autre, près de 900.000 followers sur Twitter qui sont au courant à la seconde de tout ce qui se passe. Tout le monde surréagit et se +chauffe+. Quand on a des clashs comme ça on ne parle pas que des artistes, il y a des gens derrière, les maisons de disques, les fans qui défendent leurs artistes. On est très vite dans du très passionnel, de l’épidermique”, analyse Olivier Cachin.

Car, sans aller jusqu’à l’échange de coups de feu ou l’altercation physique, ces confrontations virtuelles entretiennent le buzz autour de ces artistes.

Selon Synthesio, société d’analyse et de veille sur les réseaux sociaux, plus de 10.000 tweets mentionnant le nom d’un des deux rappeurs ont été publiés lundi sur le réseau social.

Déjà, au début des années 2000, le rappeur MC Jean Gab’1 avait donné le ton avec la chanson “Je t’emmerde” où il réglait ses comptes avec plusieurs autres chanteurs de rap français, dont Booba, en rencontrant un certain écho.

Cardet, auteur de “L’effroyable imposture du Rap” (éditions Blanche), qui sortira en librairie le 21 février, va plus loin en estimant qu’il s’agit “d’un coup marketing de La Fouine pour faire +buzzer+ son album”.

“La Fouine et Booba, ce sont des gens qui maîtrisent parfaitement les codes du rap US et il s’avère qu’aux Etats-Unis il s’est passé la même chose il y a peu avec le rappeur Rick Ross qui s’est fait agresser de la même manière, à 5H00 du matin, de manière anonyme et sans témoin. Voyant la similitude des deux affaires et la coïncidence avec la sortie de l’album, cette histoire me parait un peu louche”, assure-t-il.