La Slovaquie s’inquiète d’un possible retrait d’US Steel

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à Kosice, en Slovaquie, en novembre 2012 (Photo : Samuel Kubani)

[02/02/2013 11:02:36] KOSICE (Slovaquie) (AFP) Des signes que U.S. Steel cherche un repreneur pour ses grandes aciéries à Kosice dans l’est de la Slovaquie ont semé la consternation dans ce pays de la zone euro de 5,4 millions d’habitants dont le géant d’acier américain est le premier employeur.

Fondée dans les années 1960 et rachetée par U.S. Steel en 2000 pour quelque 350 millions d’euros, la compagnie Vychodoslovenske Zeleziarne (VSZ, Aciéries de Slovaquie orientale) compte 11.000 salariés. S’y ajoutent des milliers d’emplois indirects.

U.S. Steel a révélé en novembre que plusieurs investisseurs étaient intéressés par la reprise de l’usine de Kosice.

Les médias ont notamment mentionné le groupe Metinvest, numéro un d’acier en Ukraine. Metinvest a toutefois nié tout intérêt pour la transaction.

U.S. Steel garde le silence sur les raisons de son départ éventuel. Selon le Premier ministre social-démocrate slovaque, Robert Fico, ce sont les règlements européens très stricts dans le domaine de l’environnement qui poussent US Steel à envisager de quitter la Slovaquie.

M. Fico a fait également état d’une hausse des prix des matières premières et de la fin des mesures d’exemption fiscales au bout de dix ans.

L’acier coule dans les veines de Kosice, grand pôle de l’industrie lourde slovaque fort de 240.000 habitants, affichant un taux de chômage de 10%.

Bartolomej Deak a pour la première fois franchi le seuil de l’usine il y a 28 ans. Ses deux frères y travaillent aussi et ses deux fils espèrent les imiter un jour.

“L’état d’esprit des salariés est mauvais. La peur est sensible”, a-t-il confié à l’AFP.

Vladimir Vano, analyste à la banque Volksbank, avertit qu’un “nouveau propriétaire pourrait s’orienter vers des produits à une plus haute valeur ajoutée ce qui risquerait d’entraîner une réduction des effectifs surtout dans le secteur du traitement du minerai de fer”.

Producteur d’acier basé à Pittsburgh (Ohio) avec d’importants sites aux Etats-Unis, au Canada et en Europe centrale, U.S. Steel figure parmi les 15 premiers producteurs mondiaux. Ses capacités de production d’acier brut se chiffrent à 29,3 millions de tonnes nettes par an.

U.S. Steel Kosice est un fournisseur clé pour les trois constructeurs automobiles implantés en Slovaquie: l’allemand Volkswagen, le français PSA Peugeot Citroën et le sud-coréen Kia.

Le secteur automobile slovaque a battu en 2012 un record avec quelque 900.000 véhicules produits. Les affaires vont bien aussi pour la sidérurgie en Slovaquie, malgré la morosité qui règne dans l’UE, son principal marché à l’exportation.

De ce point de vue, l’éventuel retrait du groupe américain soulève des questions d’autant plus que son site slovaque a affiché chaque année des bénéfices à l’exception d’une perte nette de 25 millions d’euros enregistrée en 2011.

Selon l’analyste de la banque Tatra, Juraj Valachy, l’éventuel départ d’U.S. Steel “pourrait être une décision stratégique, le groupe ayant déjà fermé l’année dernière une usine en Serbie”.

Le groupe américain a quitté la Serbie en revendant au Trésor serbe pour un dollar un site d’une valeur estimée à 23 millions de dollars.

M. Fico a offert à U.S. Steel des incitations en matière d’énergie, d’environnement et de transport, afin de compenser les quelque 500 millions de dollars qu’il devrait investir d’ici 2016 dans les technologies vertes pour se conformer à la législation européenne.

Cette offensive de charme intervient au moment où le taux de chômage en Slovaquie a grimpé à son plus haut niveau depuis huit ans (14,44% en décembre) et où Bratislava se voit obligé de réduire sa prévision de croissance pour 2013 à 1,2% du PIB, après une hausse de 2,3% en 2012.

“Il est de l’intérêt des deux parties de poursuivre les négociations et de trouver une solution pour que cet investisseur puisse rester en Slovaquie”, a récemment affirmé le chef du gouvernement.

Les règlements de l’UE en matière de l’environnement “mettent les sociétés locales dans une situation désavantageuse par rapport à celles situées en Ukraine ou en Chine où elles n’ont pas à se conformer à ces règles”, estime M. Fico, farouche critique des privatisations.