Les tomates marocaines mettent à nu les failles juridiques de l’accord UE-Maroc

Par : Tallel

tomates-maroc-2013.jpgLe Maroc peut exporter vers l’Europe un quota de tomates, concombres ou oranges sans droits de douane, en vertu d’un accord qui profite à seulement quelques grandes entreprises, et par ricochet pénalise donc les petits producteurs des deux côtés de la Méditerranée, écrit l’AFP.

La même source rappelle que «le Maroc et l’Union européenne ont passé en 2000 un accord de libre-échange sur les produits agricoles. En février 2012, les députés européens ont décidé de l’élargir, en dépit des mises en garde répétées du rapporteur de ce dossier, l’écologiste français José Bové».

Ainsi, depuis septembre, le Maroc a la possibilité d’exporter 55% de denrées sans droits de douane vers l’Europe, contre 33% précédemment. En échange, 70% des exportations européennes vers le Maroc seront progressivement exemptées de droits de douane en dix ans, contre 1% jusqu’à présent.

C’est ce que dénonce l’ancien patron de la Confédération paysanne, en qualifiant cet accord de “pervers qui frappe l’agriculture familiale des deux côtés”: au Maroc mais aussi en France, Espagne, Italie ou Grèce“.

Et pour les producteurs, il s’agit bel et bien d’une concurrence déloyale, étant donné qu’un ouvrier agricole est payé 5 euros par jour au Maroc contre 15 euros par heure en France, par exemple.

En plus, les agriculteurs européens s’estiment lésés parce qu’ils “doivent respecter un certain nombre de contraintes, sur l’eau notamment et pas les Marocains… C’est donc un “dumping environnemental”.

José Bové souligne que cet accord est également “illégal“ au Maroc, en ce sens que dans ce pays les productions des tomates “… utilisent les meilleures terres pour un développement à l’exportation qui pénalise les producteurs locaux et permet en retour à l’Union européenne d’exporter massivement viande, céréales et produits laitiers vers le Royaume qui se retrouve encore plus dépendant des importations alimentaires”.

Et quant aux bénéficiaires de cet accord,  ils ne seraient que “trois grandes sociétés qui se retrouvent de fait en situation de monopole”, affirme José Bové, en l’occurrence les entreprises Idyl et Azura (basées dans le sud de la France) et Les Domaines Agricoles (ex-Domaines Royaux), dont la société-mère, la SNI, est contrôlée majoritairement par la famille royale marocaine“.

Que faire alors? 

Notre source écrit : «Pour faire tomber cet accord, la Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire, a décidé de s’en prendre à une de ces trois sociétés», en lançant, début janvier, «une requête devant le tribunal de commerce de Tarascon contre Idyl qui importerait des produits du Sahara, en violation, selon elle, du droit international».