La Bourse de Moscou bientôt cotée sur son propre marché

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A la Bourse de Moscou (Photo : Alexander Nemenov)

[21/01/2013 09:39:49] MOSCOU (AFP) L’opérateur de la Bourse de Moscou, Micex-RTS, a annoncé lundi sa prochaine introduction sur sa propre plateforme d’échange d’actions, avec l’objectif d’accroître l’attractivité de la place russe sur la scène financière internationale.

Cette cotation rentre dans la stratégie du groupe qui “consiste à promouvoir le développement des marchés locaux de capitaux ainsi qu’à renforcer l’attrait régional et international de Moscou en tant que place financière”, a souligné le président du conseil de surveillance du groupe Sergueï Chvetsov.

Micex-RTS, issu de la fusion fin 2011 des deux Bourses locales, n’a pas précisé le calendrier de l’opération mais le quotidien russe Kommersant a évoqué une entrée sur la cote début février.

La société, valorisée autour de 3,4 milliards d’euros lors de la fusion, n’a pas non plus indiqué combien elle comptait tirer de l’opération ni comment elle comptait utiliser les fonds levés.

Elle va proposer des actions à des particuliers et des institutionnels en Russie, ainsi qu’à des investisseurs institutionnels aux Etats-Unis. Tous les actionnaires actuels de la société, à part la banque centrale russe (24,3% du capital), pourront participer à l’opération.

Actuellement, 694 sociétés sont cotées sur la place moscovite, dont les plus gros groupes du pays comme le producteur de gaz Gazprom, les pétroliers Rosneft et Loukoïl ou encore les banques VTB et Sberbank.

La Bourse de Moscou dispose également de plateformes d’échanges pour les titres de dette, les devises et les produits dérivés.

Elle a enregistré un bénéfice net de 6,4 milliards de roubles (160 millions d’euros) sur les neuf premiers mois de l’année 2012. Elle a précisé avoir enregistré une croissance annuelle moyenne de 23% de son bénéfice d’exploitation entre 2009 et 2011.

L’opérateur moscovite a vanté la croissance qu’elle pourrait offrir aux investisseurs, grâce à “la solidité de l’économie russe, les améliorations continues dont bénéficient les infrastructures des marchés financiers” et le programme de privatisations prévu par le gouvernement.

Les autorités russes affichent de longue date leur volonté de transformer Moscou en centre financier international, un objectif mis en avant lors de la fusion de deux Bourses moscovites en 2011.

Depuis, le groupe a noué un partenariat stratégique avec son homologue de Francfort, Deutsche Börse, et s’est doté d’un organisme centralisé chargé du dépôt des obligations échangées en Russie, afin de faciliter l’accès des investisseurs étrangers au marché de la dette.

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ée du bâtiment de la Bourse de Moscou (Photo : Natalia Kolesnikova)

Le gouvernement travaille actuellement à la mise sur pied d’un “méga-régulateur” des marchés financiers sur la base de la banque centrale.

L’introduction en Bourse de l’opérateur “marque un pas crucial en vue d’atteindre un meilleure transparence et une plus forte ouverture”, a estimé le directeur général Alexandre Afanassiev.

Pour Oleg Douchine, analyste chez Zerich Capital Management, l’opération “est une bonne chose mais ne suffit pas”.

“Il faut d’abord que les sociétés russes reviennent vers le marché russe, ce qui permettrait de le diversifier. Malheureusement, il n’y a pas eu beaucoup de progrès ces dernières années sur ce plan”, a-t-il dit à l’AFP.

La Russie peine à attirer les investissements étrangers et a subi l’an dernier une fuite des capitaux de 56 milliards de dollars, un indicateur suivi de près par les milieux économiques qui y voient un signe de mauvais climat des affaires.

Nombre de sociétés privées russes choisissent une double entrée en Bourse, à Moscou et sur une place financière plus réputée, comme New York ou Londres, voire Hong Kong.

Dernier grand groupe russe à entamer une cotation, l’opérateur de téléphonie mobile MegaFon est devenu en novembre la 65e entreprise russe cotée à Londres.

Le lendemain de l’opération, le président de l’Union russe boursière, Anatoli Gravilenko, soulignait que seules 2% de ses actions s’étaient échangés sur le marché russe. “De plus en plus de bonnes valeurs financières, nécessaires aux investisseurs russes, abandonnent le marché national et partent à l’étranger”, s’alarmait le responsable de l’organisation.