Après un an de coupure, le gouvernement réenclenche le compteur Linky

photo_1352997300061-1-1.jpg
é à remplacer les 35 millions de compteurs électriques équipant les foyers français (Photo : Alain Jocard)

[15/11/2012 16:36:04] MONTLUCON (Allier) (AFP) Le gouvernement a réenclenché jeudi le projet de compteur électrique “intelligent” Linky, resté au point mort pendant un an, en annonçant qu’il commencerait à être installé dans toute la France d’ici la fin 2014.

“On a vraiment la volonté d’aboutir rapidement”, a souligné la ministre de l’Energie Delphine Batho, venue visiter à Montluçon (Allier) une usine de Landis+Gyr, fabricant suisse de compteurs et partenaire de Linky.

Des groupes de travail se réuniront dès vendredi pour aider à régler les questions en suspens et “mettre en oeuvre la finalisation concrète du projet”. Sur cette base, un calendrier précis sera établi en 2013 afin que, “d’ici la fin de l’année 2014, on entre dans la phase concrète du déploiement du compteur intelligent chez tous les Français”, a-t-elle dit.

Annoncé en fanfare l’an dernier par l’ex-gouvernement UMP, l’installation de 35 millions de compteurs Linky dans tout le pays devait initialement s’étaler entre 2013 et 2018, au rythme de sept millions d’appareils par an, avec à la clé 10.000 emplois. Un chantier comparable au passage à la télévision numérique terrestre (TNT).

Mais le financement –4,5 milliards d’euros– n’avait pas été bouclé à l’époque– et le projet s’était enlisé, jusqu’à ce que Mme Batho s’engage en octobre à le relancer.

“Le nouveau gouvernement a souhaité reprendre ce projet parce que la France s’engage sur la voie de la transition énergétique”, dont un des enjeux majeurs est “la sobriété énergétique”. Or, Linky est “un outil au service du consommateur”, et l’aidera à maîtriser sa consommation de courant, a-t-elle plaidé.

Pas payé par le consommatueur

Linky, petit boîtier fluo, est dit “intelligent” parce qu’il transmet en temps réel la consommation d’un foyer à ERDF, la filiale d’EDF en charge du réseau électrique de proximité, mettant fin aux factures sur des estimations. De plus, il permettra à ERDF de diminuer à distance l’usage d’électricité de consommateurs volontaires, aux heures où la demande de courant s’emballe.

Concernant le financement, Mme Batho a souligné que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) avait retenu dans un document publié cette semaine une option “qui va dans le sens de ce que souhaite le gouvernement: la neutralité pour le consommateur”.

En clair, les Français ne devraient rien débourser. ERDF avancera les fonds et se remboursera grâce aux économies de fonctionnement générées par le système. Reste à régler la question des garanties réclamées par la filiale d’EDF.

Enfin, les groupes de travail devront aplanir les tensions entre ERDF et les associations de consommateurs, en particulier l’UFC-Que Choisir, pour qui le projet néglige les consommateurs et qui l’avait attaqué au Conseil d’Etat.

Les annonces de la ministre ont ravi les industriels, qui commençaient à désespérer.

“Nous ne demandons qu’une seule chose: pouvoir investir et embaucher”, a lancé Christian Huguet, directeur de Landis+Gyr France, à Mme Batho et la présidente d’ERDF, Michèle Bellon, qui lancera les appels d’offres pour la fabrication des compteurs.

“La France ne doit pas perdre son avance technologique”, sachant que Linky, concu dans l’Allier, “est le compteur fonctionnellement le plus évolué au monde”, a-t-il ajouté.

Landis+Gyr (acquis l’an dernier par Toshiba), déjà numéro un mondial des compteurs électriques, vise 40% du marché, et embauchera “150 personnes, voire plus”, selon la part qu’il obtiendra.

“Ce serait la 1ère réindustrialisation à Montluçon depuis 20 ans”, se réjouit d’avance le député de l’Allier Bernard Lesterlin (PS).

Le français Itron, autre partenaire de Linky, est également dans les starting-blocks, et de nombreux autres groupes devraient suivre.