L’Australie signale la fin du boom minier

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à Newcastle en Australie, le 24 avril 2012 (Photo : Greg Wood)

[18/09/2012 11:07:38] SYDNEY (AFP) Pour la première fois depuis la crise financière, l’Australie va connaître une baisse de ses revenus miniers suggérant la fin du boom, en raison d’un recul de ses exportations affectées par un tassement de la demande chinoise.

Les revenus tirés des exportations australiennes de produits des mines et de l’énergie devraient totaliser 189 milliards de dollars australiens (151 milliards d’euros) pour l’année budgétaire 2012/13 (close le 30 juin), soit 10% de moins que prévu en juin dernier, a indiqué mardi le Bureau des ressources et de l’énergie (BREE).

Ce montant est également inférieur de 2% par rapport aux revenus dégagés lors de l’exercice 2011/12.

Il s’agit de la première baisse des revenus annuels miniers depuis la crise financière de 2008, un déclin qui reflète le ramollissement de la croissance et des exportations chinoises, et la persistance des inquiétudes à propos de l’Europe et des Etats-Unis, a précisé le Bureau.

La Chine, locomotive de la croissance mondiale, a enregistré au deuxième trimestre un PIB de 7,6%, soit sa croissance la plus lente en trois ans, en diminution pour le sixième trimestre d’affilée.

Si la production totale dans les secteurs miniers et de l’énergie pour 2012/13 devrait augmenter de 8%, grâce au GNL (gaz naturel liquéfié), les revenus, eux, seront en baisse de 2%, en raison de la baisse des cours des matières premières et de l’augmentation de l’offre mondiale, selon le BREE.

L’Australie a bénéficié depuis quelques années d’une forte demande de matières premières provenant des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) dont les économies affichaient des taux de croissance insolents.

Cette forte consommation a enflammé les prix, qui ont atteint des sommets mais le ralentissement de l’économie mondiale, touchée de plein fouet par la crise de la dette en zone euro, y a mis fin.

Plombé par le ralentissement de l’activité manufacturière chinoise, le cours du minerai de fer s’est effondré d’environ 35% depuis début juillet, selon les estimations rapportés par les analystes du secteur. De leur côté, les prix de référence du charbon ont reculé de quelques 20% depuis avril.

“Même s’il est prévu que les prix de certaines matières premières rebondissent en fin d’année budgétaire, ils devraient rester inférieurs aux plus hauts affichés lors de 2011/12”, a noté l’agence gouvernementale.

Le minerai de fer et le charbon de coke, produits clé pour la métallurgie, seront ceux dont les revenus à l’exportation afficheront la baisse la plus prononcée: -15% à 26 milliards AUD pour le charbon de coke et -16% à 53 milliards AUD pour le minerai de fer.

Les prix pour ces deux marchandises sont attendus en baisse de 28 ou 29% sur un an, en juin 2013, a précisé le BREE.

Jouant les Cassandre, le ministre australien des Ressources naturelles, Martin Ferguson, a réaffirmé mardi que le boom des ressources naturelles était terminé. Il a enjoint l’industrie à se serrer la ceinture si elle voulait rester compétitive.

“Si les prix des matières premières continuent de chuter alors que les coûts montent, augmenter la productivité est le seul moyen pour l’industrie de continuer à prospérer”, estime le ministre, qui n’écarte pas des “fermetures d’usines supplémentaires” dans la cote est du pays.

Les fleurons de l’industrie minière ont commencé à réagir.

Face à la chute de leurs bénéfices, ils ont pour la plupart reporté leurs projets d’investissements. C’est le cas de BHP Billiton, qui a annoncé en août le gel de plusieurs projets de développement après un effondrement de 35% de son bénéfice net sur l’exercice 2011/12, directement lié au tassement de la croissance chinoise. Pour les mêmes raisons, son rival Rio Tinto, avait fait état début août d’une baisse de 25% de son bénéfice net au premier semestre.

Yancoal Australia, filiale du chinois Yanzhou, a annoncé en août le réexamen de ses plans de développement sur sept de ses mines, tandis que Tinkler Group, qui voulait consolider sa position dans le charbon, a renoncé à racheter le concurrent Whitehaven Coal.