L’Afrique peut-elle sauver l’Europe?

Par : Tallel

L’Afrique qui sauve l’Europe? Non, on croit rêver, mais là vous comprendrez qu’il s’agit d’un point de vue “africaniste“. Pourtant, l’hypothèse émane du Cercle des économistes, lors de la 12e édition des rencontres économiques d’Aix-en-Provence (France), organisées du 6 au 8 juillet 2012, rapporte le portail econostrum.info.

D’emblée, le message délivré par les économistes était clair: «Refuser de céder au déclinisme ambiant». Que faut-il entendre par-là?

Tout au long de ces rencontres, les différentes conférences (une trentaine) présentées se sont essayées à démontrer que certes les temps sont durs, mais “les pays occidentaux disposent encore d’arguments à faire valoir face aux émergents“. Et le premier de ces arguments, c’est celui de la «relation privilégiée avec les zones économiques en croissance, notamment celle qui jouera un rôle majeur au XXIème siècle, l’Afrique».

C’est donc à dessein qu’un des thèmes débattus au cours de ces rencontres ait porté sur «Le renouveau avec l’Afrique?», le 7 juillet, ayant regroupé entre autres le président du Conseil italien (Mario Monti), le ministre français de l’Economie (Pierre Moscovici), Martin Ziguélé, ancien Premier ministre de la République Centrafricaine, le PDG de Total (Christophe de Margerie), Mustapha Bakkoury (président du directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire) et Mostafa Terrab, directeur général de l’Office chérifien des phosphates (OCP), premier groupe marocain et quatrième groupe africain. Ce dernier n’a pas manqué de souligner que l’Afrique présente un important potentiel de croissance, mais “trop souvent envisagé comme un retard de développement plutôt que comme une opportunité par les Européens“.

A cette fin, Mostafa Terrab suggère de «… prendre en compte le changement de paradigmes. L’Afrique a des réponses à apporter aux problématiques mondiales, sur l’approvisionnement en matières premières ou sur la sécurité alimentaire», indique notre source.

Et il sait de quoi il parle. Car, OCP, “qui compte parmi les leaders mondiaux sur le marché du phosphate et de ses dérivés, a multiplié par huit ses ventes d’engrais en Afrique“. Puis d’ajouter: «On parle beaucoup d’Euroméditerranée, mais sans vraiment s’accorder sur où se trouvera la zone de croissance! Le seul pays européen qui a mis en place une vraie stratégie africaine, c’est la Turquie!».

Alors, à la question d’econostrum.info sur le rôle que pourrait jouer le Maroc “dans les nouveaux équilibres à mettre en place“, le patron de l’OCP a répondu que «Le Maroc, avec le Maghreb, a une position géographique stratégique et des liens privilégiés avec l’Europe qui lui permettent de servir de passerelle vers le reste de l’Afrique pour développer les marchés».

En clôturant ces rencontres, le président du Conseil italien, Mario Monti, semble optimiste, malgré les difficultés économiques et financières que traverse son pays. Mais son message-soutien s’est adressé plutôt aux pays de l’Europe du Nord –dont certains ne veulent pas payer pour les “mauvais élèves économiques“ de l’Europe du Sud. En effet, M. Monti estime que «les problèmes de crédit et de dettes qui se posent à l’Europe masquent les atouts macroéconomiques des pays. Nous devons travailler sur la carte européenne pour que chaque État puisse prendre part à la gouvernance de l’UE. Aujourd’hui, les problèmes de dettes de l’Italie sont moindres par rapport à ceux de la Grande-Bretagne, du Japon ou des États-Unis. Les pays du nord nous considèrent comme un débiteur européen alors que nous contribuons au soutien de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal sans rien recevoir en échange».

Il va jusqu’à rejeter l’instauration d’une «créditocratie» européenne, soulignant que l’UE a encore un grand avenir, et ce d’autant plus qu’elle a «réalisé en une vingtaine d’années ce que les États-Unis avaient mis des décennies à mettre en œuvre», écrit notre source.

Enfin, on regrettera cependant l’absence de la Tunisie lors de ces rencontres où il a été question d’économie, de finances, et surtout de stratégie de développement. Nous préférons sans doute les joutes politiques… Dommage!

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