“Inefficaces les programmes d’aides sociales du gouvernement tunisien”, estime la Banque mondiale

Par : TAP

banque-30062012.jpgUne
étude élaborée par la Banque mondiale montre que les normes et le qualificatif
de “familles pauvres” ne s’appliquent pas à 80% des ménages qui bénéficient,
actuellement, du Programme national d’aide aux familles nécessiteuses (PNAFN),
alors que 75% des familles réellement pauvres ne bénéficient pas des
interventions de ce programme.

Lors d’une réunion tenue récemment à Tunis, en présence de représentants de la
direction de la promotion sociale au ministère des Affaires sociales, des
experts de la Banque mondiale ont mis en garde contre la poursuite de programmes
d’aides sociales, qui se sont avérés défaillants en matière de ciblage des
catégories pauvres, lesquelles devraient être concernées par ces programmes.

Les experts de la BM ont repéré plusieurs lacunes dans les programmes adoptés
par le gouvernement, en ce qui concerne l’octroi des aides sociales, notamment
le PNAFN et le programme national de soins à tarifs réduits (PNSTR).

Un responsable du ministère des Affaires sociales, qui a requis l’anonymat, a
indiqué que “les experts de la Banque mondiale ont appelé à la révision des
critères adoptés pour l’octroi des aides et à recourir à des instruments
scientifiques plus précis, pour garantir une meilleure efficacité de ces
programmes”. Selon lui, les programmes adoptés “n’ont pas contribué à la
réduction du taux de pauvreté, estimé actuellement à 11%, ni à la diminution des
disparités régionales qui étaient la cause directe de la révolution du 14
janvier 2011”.

Il est à rappeler que le gouvernement actuel avait annoncé, dans le cadre de son
programme économique et social, l’élargissement de l’éventail des aides
destinées aux familles nécessiteuses pour englober 50 mille familles
supplémentaires, portant ainsi le nombre total des ménages concernés par les
interventions du PNAFN à 235.000. Ce programme coûte au budget de l’Etat environ
280 millions de dinars par an.

Ces familles bénéficient d’une pension mensuelle dont le montant a été augmenté
par le gouvernement actuel de 70 dinars à 100 dinars. Et la source (anonyme) au
ministère des Affaires sociales de souligner que “cette décision d’étendre les
aides à 50 mille familles supplémentaires n’a pas été basée sur une étude
préalable, ciblant les familles devant intégrer le programme. De même qu’il n’a
pas été procédé à l’évaluation du degré d’efficacité des programmes adoptés”.
D’après lui, plusieurs familles bénéficiaires du programme profitent en
parallèle du programme des chantiers, ce qui est incompatible avec les objectifs
du programme.

Mais nonobstant ces lacunes, “le ministère refuse la révision des critères
adoptés dans l’octroi des aides, par peur d’une réaction sociale qui pourrait
décrédibiliser le gouvernement actuel auprès des électeurs”, a-t-il dit. Du
coup, il appelle à “ne pas utiliser ces programmes à des fins pré-électorales et
d’en assurer la neutralité”, et ce d’autant plus qu’ils ont un grand impact sur
le budget de l’Etat, les transferts sociaux représentant 15% du PIB.

Alors, qui le gouvernement Jebali va-t-il accuser cette fois-ci? Kamel Nabli,
encore lui? Les médidias, qui refusent de “se ranger”? Certains cadres de
l’Administration? Certains députés de la Constituante? Ou tout simplement la
Banque mondiale elle-même?

Wait and see!