Le sommet de Rome important pour les réformes de Mario Monti

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à Rome (Photo : Vincenzo Pinto)

[22/06/2012 12:19:35] ROME (AFP) Le sommet de Rome des dirigeants des quatre principales économies de la zone euro sera très important non seulement pour affronter la crise de la dette mais aussi pour l’avenir des réformes que le chef du gouvernement Mario Monti veut réaliser dans la péninsule.

M. Monti a mis en garde ses homologues de la zone euro sur la nécessité d’approuver des mesures convaincantes lors du sommet de l’UE des 28 et 29 juin, faute de quoi il risque d’affronter des problèmes avec la coalition hétéroclite qui le soutient dans le parlement italien.

Si aucun plan crédible ne devait en émerger, “la frustration populaire vis-à-vis de l’Europe s’amplifierait”, a averti M. Monti dans une interview vendredi avec plusieurs journaux européens.

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à Rome (Photo : Alberto Pizzoli)

Même le parlement italien, traditionnellement pro-européen mais “qui ne l’est plus”, est réticent à approfondir l’intégration européenne pour répondre à la crise, a relevé M. Monti.

Une absence de progrès dans la lutte contre la crise de la dette aurait ainsi de lourdes conséquences pour l’Italie, troisième économie de la zone euro mais dont la dette publique a explosé à plus de 120% du PIB et qui risque d’être la prochaine cible de la spéculation des marchés.

“M. Monti est conscient qu’aujourd’hui, tout comme lors du sommet à la fin du mois, les résultats obtenus auront des conséquences sur son gouvernement”, écrit vendredi le Corriere della Sera.

S’il ne parvient pas à ses objectifs, son gouvernement risque “l’impasse politique”, estime le principal quotidien de la péninsule.

M. Monti, un technocrate, ex-commissaire européen qui a succédé à Silvio Berlusconi à la tête du gouvernement en novembre 2011, a lancé un ambitieux programme de réformes économiques et sociales pour aider le pays à sortir de la récession et tenter d’assainir durablement sa situation, au risque de mécontenter la classe politique traditionnelle ainsi que les partenaires sociaux.

– Manoeuvre? –

Mais sa popularité reste encore assez élevée à 49% début mai, selon l’institut de sondage IPR, même s’il a perdu 10 points depuis février.

“Les informations à l’étranger selon lesquelles le gouvernement Monti est suspendu à un cheveu peuvent se révéler assez utiles: elles obligent les partis politiques italiens à rester unis (dans leur soutien au gouvernement, ndlr) et peuvent convaincre les leaders de la zone euro à prendre des mesures rapidement s’ils ne souhaitent pas affronter une grave crise en Italie”, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale.

Selon la presse italienne, M. Monti usera de cette fragilité politique comme une arme envers la chancelière allemande Angela Merkel pour la convaincre de la nécessité de prendre des mesures urgentes en faveur de la relance de l’économie et pour alléger la crise de la dette.

“Monti s’adressera à M. Merkel sans utiliser la langue de bois: +Angela, les responsables politiques italiens me demandent de ne pas rentrer les mains vides du sommet européen de la semaine prochaine. Tu dois céder sur quelque chose sinon ma majorité risque de s’évaporer+”, écrit le quotidien La Repubblica.

Manoeuvre ou pas pour forcer la mains aux récalcitrants à adopter les réformes, la dernière en date étant celle du marché du travail, le malaise est sensible auprès des partis politiques italiens qui voient leur popularité s’effriter de jour en jour. Au profit de personnages populistes ouvertement hostiles aux partis politiques traditionnels ou de l’abstentionnisme.