à Berlin (Photo : Odd Andersen) |
[02/05/2012 12:46:18] FRANCFORT (AFP) Toujours mieux lotie que ses voisins, l’Allemagne commence à pâtir de la crise en Europe, comme en témoignent un marché du travail qui perd de sa superbe et un indicateur inquiétant pour ses exportations industrielles.
La chute de l’indice des directeurs d’achats PMI au plus bas depuis 33 mois et des chiffres du chômage en demi-teinte qui pourraient sonner la fin du miracle sur le marché du travail ont fait l’effet d’une douche froide mercredi.
Ces chiffres tombent une semaine après la confirmation de l’objectif officiel d’une croissance du PIB de seulement 0,7% cette année pour la première économie européenne, puis 1,6% en 2013, après 3% l’an dernier.
“La chute de l’indice PMI (à 46,2 points en avril contre 48,4 points en mars, ndlr) reflète largement une nouvelle contraction des niveaux de production (…) avec une faiblesse particulière dans les biens d’investissement, les entreprises dans ce secteur voyant une chute rapide de leur charge de travail”, a détaillé l’institut Markit, qui publie cet indicateur avancé.
Les exportations des biens d’investissement, notamment les machines-outils vendues aux industriels du monde entier, sont un pilier du modèle économique allemand, et font les frais du ralentissement hors d’Allemagne.
“Un certain nombre d’industriels expliquent la baisse de leurs commandes à l’exportation par la demande plus faible de clients du Sud de l’Europe”, relève Markit.
De son côté, le chômage, indicateur réagissant en retard sur la conjoncture, prend acte du ralentissement traversé par l’Allemagne.
ère allemande Angela Merkel à Prague, le 3 avril 2012 (Photo : Matej Divizna) |
Le taux de chômage, toujours enviable, a stagné en données corrigées des variations saisonnières, à 6,8%, avec une petite hausse du nombre de demandeurs d’emploi (+19.000).
Mais la demande de main d’oeuvre a “reculé nettement” en avril, selon l’Agence pour l’emploi, qui estime que “le point culminant de la demande semble avoir été dépassé, bien qu’elle reste à un très haut niveau” avec 500.000 offres d’emploi à pourvoir.
Cette contre-performance “est une réaction retardée du ralentissement économique temporaire observé au deuxième semestre 2011”, selon Timo Klein, d’IHS Global Insight. La démographie déclinante de l’Allemagne et le faible nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail devraient toutefois aider le marché du travail à moyen terme, tempèrait-il.
Les économistes soulignent aussi que la première économie européenne reste en bien meilleure forme que ses voisines et devrait regagner en puissance au cours de l’année.
Reste qu’avec le marché du travail allemand, “nous commençons à voir les effets du ralentissement cyclique toucher l’un des éléments les plus forts de la zone euro”, selon Annalisa Piazza de Newedge.
L’indice PMI et le chômage montrent que la locomotive allemande ne ressort pas indemne des problèmes en Europe, et les développements de la crise de la dette sont même “le principal risque” pour la première économie du continent, relève M. Klein.
Jusqu’à la mi-2011, l’économie allemande était restée épargnée, et l’Etat, partisan d’une grande rigueur budgétaire en Europe, en a même profité dans une certaine mesure, puisqu’il emprunte à des taux quasi-nuls.
Aujourd’hui, la crise lui revient en boomerang, alors que le débat sur une relance par la dépense publique à laquelle Berlin s’oppose monte en Europe.
Désormais, il y a “des signes préoccupants d’une certaine détérioration de marchés du travail au coeur” de l’Europe, note Jonathan Loynes, de Capital Economics. “Au final, un consensus sur le besoin de plus de croissance en zone euro pourrait grandir”, ajoute-t-il.