A Toute Allure – Tunisie : Des habits neufs pour M. Le président

Depuis son accession à la magistrature suprême, le président Marzouki n’a cessé
d’être la risée de la planète
Facebook tunisienne pour ses accoutrement, dont
particulièrement le fameux burnous qu’il affectionne comme tout homme du sud qui
se respecte.

Mais au-delà de ces histoires bassement vestimentaires, les prérogatives
réduites du président de la République selon le partage des pouvoirs entre les
trois présidences, comme voté par l’ANC, ne laissent guère au président beaucoup
d’espace pour travailler et montrer son existence sur la scène publique. Et
c’est dans cette perspective qu’il cherche à se démarquer un tant soit peu de
Ben Jaafar et de Jebali, ses deux autres acolytes. Il a reçu les associations,
les scouts, les enfants de Makhtar, quelques ambassadeurs, il a même, paraît-il,
été à l’origine du renvoi de l’ambassadeur de Syrie, et il s’est fait applaudir
lors de la Conférence des “Amis de la Syrie“ la semaine dernière, en essayant de
démêler l’imbroglio de ce pays et en se faisant une petite place au soleil quand
il a défendu avec force le principe de non ingérence des forces armées étrangère
dans le pays de Bachar.

Cependant, le Président a, s’il le veut, des meilleures occasions pour être au
centre de la vie publique s’il suit son instinct de défenseur des Droits de
l’Homme et de président de tout les Tunisiens. Les occasions de voir Moncef
Marzouki prendre des positions en pointe se sont multipliées, et pourtant il ne
saisit pas et laisse faire d’autres que lui… Ainsi en est-il de l’arrestation de
Nasreddine Ben Saïda, directeur d’Attounissia. Un sujet où la liberté
d’expression a été bafouée par les autorités judicaires et où l’amalgame a
rejailli aux niveaux national et international sur toute la Troïka au pouvoir.
Marzouki aurait pu, dès le départ, défendre le principe de ne pas arrêter un
journaliste quel que soit le délit en question et demander que les poursuites
légales se poursuivent tout en libérant Ben Saïda. Ben Saïda et le contenu de
son journal électronique et version papier ne sont pas du goût de beaucoup des
Tunisiens, et pourtant, ils sont beaucoup aussi à l’avoir défendu pour le
principe. On attendait notre président sur cet épisode. Il est allé recevoir le
chef des scouts!

On attendait Marzouki aussi sur ce que l’UGTT a subi comme agression des ses
locaux et sur l’anathème jeté par les bandes nahdhaouis sur les réseaux sociaux
contre cette organisation et contre le droit de grève inscrit dans toutes les
chartes de droits de l’homme que Marzouki a longuement défendu par le passé. Il
est resté de marbre. Il n’a pas non plus réagi ouvertement contre cette
proposition incongrue de son parti, le CPR, de revenir sur le mariage civil et
de créer le poste de Maadhoun Chariî. Pourtant, on passe-là à un stade supérieur
de remise ne cause des acquis de la République que le président a juré de
défendre.

On aime Moncef Marzouki pour sa droiture et pour son long passé de militant qui
a contribué largement aux combats du pays pour les libertés. On aime Moncef
Marzouki pour son franc parlé et pour ses principes dont il a chèrement payé le
prix. On aimerait ne pas perdre, pour ce fauteuil à Carthage, le Marzouki que
nous connaissons pour un autre Marzouki que le pouvoir risque malheureusement de
dénaturer.