Free fait éclater le marché de la téléphonie mobile en France

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à Paris, le 11 janvier 2012 (Photo : Thomas Samson)

[13/01/2012 09:47:10] PARIS (AFP) Dirigé par un patron atypique parfois comparé à Steve Jobs, l’opérateur Free a fait souffler cette semaine un vent de folie sur le secteur de la téléphonie mobile en France, forçant les opérateurs historiques à baisser leurs prix sur un marché jugé trop peu concurrentiel.

“On en a ras-le-bol de se faire arnaquer avec les prix les plus élevés d’Europe”. Col de chemise ouvert, dans un show inspiré par le mythique patron d’Apple, Xavier Niel, 43 ans, avait présenté mardi ses offres de téléphonie mobile: un forfait tout-en-un (téléphonie, internet, SMS, MMS) à 19,99 euros et une offre “sociale” à 2 euros.

Le site internet de Free a été immédiatement submergé, et les quelques boutiques de la marque en France ont été envahies. Plusieurs centaines de milliers de Français auraient déjà choisi de souscrire un abonnement auprès du nouvel opérateur, selon la presse.

Les autres opérateurs ont assez vite réagi. Orange (France Télécom) et SFR (groupe Vivendi), respectivement premier et deuxième opérateurs français devant Bouygues Télécom, ont annoncé jeudi une baisse des prix de leurs gammes low-cost.

La baisse des prix était l’objectif de l’attribution d’une quatrième licence de téléphonie en France, a souligné jeudi Jean-Ludovic Silicani, président de l’autorité des télécoms (Arcep), car “le marché mobile avait une structure oligopolistique et donc insuffisamment concurrentielle”.

“Le fait que Free arrive avec ces prix-là relance clairement une concurrence qui était quasi-absente. Les opérateurs historiques travaillaient jusqu’à présent avec une marge brute de 30 à 40%”, selon Olivier Gayraud, représentant d’une association de consommateurs, rappelant que les prix pratiqués en France sont “parmi les plus chers d’Europe”.

“La riposte aujourd’hui d’Orange et SFR aux offres de Free montre soit qu’il y avait du +gras+ et qu’ils peuvent donc tailler sur leurs marges, ou alors que c’est une réaction à court terme pour éviter que Free ne se développe trop”, ajoute un analyste du secteur.

Xavier Niel assure de son côté que non seulement il pratique “un prix inférieur aux prix standard” mais qu’en plus il “fait de la marge”.

Le groupe Free avait déjà bouleversé le secteur des télécoms il y a quelques années, en étant le premier à proposer une offre de triple-accès simultané à l’internet, à la télévision et au téléphone fixe. Le boîtier “Freebox” a depuis été installé dans 4,8 millions de foyers français et copié par la plupart de ses concurrents.

Cette réussite dans l’internet avait fait de Free la principale success story des nouvelles technologies françaises.

En quelques années, Xavier Niel, qui avait fait ses premières armes dans les messageries érotiques sur le minitel, ancêtre français de l’internet, est devenu l’un des hommes les plus riches et influents du pays. Au point de participer fin 2010 au rachat du prestigieux journal Le Monde, en compagnie de deux autres hommes d’affaires.

La maison-mère de Free, Iliad, dont il détient 65%, vaut quelque 3,3 milliards d’euros en Bourse.

Dans la téléphonie mobile, la société de Xavier Niel a bénéficié d’un petit avantage tarifaire sur ses concurrents, l’Arcep lui ayant attribué en tant que nouvel entrant des tarifs de gros préférentiels pour ses communications.

Pour mettre en place son infrastructure réseau, Free a également bénéficié du progrès technologique et de coûts d’équipement en baisse par rapport à l’époque où Orange, SFR ou Bouygues ont mis en place le leur.

Xavier Niel a souligné que ses offres tarifaires étaient valables pour les trois premiers millions d’abonnés. Reste donc à voir comment évolueront les tarifs une fois ce seuil atteint.