Dans la Grèce en grève, les sites “grèves.gr” sont devenus un must

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ée, le 19 octobre 2011 à Athènes. (Photo : Louisa Gouliamaki)

[19/10/2011 12:39:03] ATHENES (AFP) Comment se rendre à son travail, faut-il faire garder les enfants, les banques seront-elles ouvertes: en cliquant sur “grèves.gr”, les Athéniens tentent de survivre au quotidien dans la jungle des grèves.

Pour Maria, graphiste, qui doit traverser tout le centre pour se rendre à son bureau, consulter ces sites –deux presque homonymes surgis à quelques semaines d’intervalle au printemps 2010 — est devenu “vital”: “ça me permet de décider entre métro ou voiture, régler mes itinéraires, et parfois de décider de rester chez moi si je vois que ça va être trop le foutoir”.

Alors que s’enchaînent depuis la rentrée grèves, manifestations et débrayages sectoriels contre un nouveau durcissement de la cure d’austérité imposée au pays depuis mai 2010, le site “apergies” (grèves) “compte plus de 50.000 visites par jour”, indique à l’AFP Giannis Galanis, 27 ans, un des six informaticiens qui l’ont mis sur pied.

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à Athènes. (Photo : Angelos Tzortzinis)

Comme son prédécesseur et concurrent, “apergia” (grève au singulier), le site présente un calendrier recensant tout ce qui peut perturber la vie quotidienne dans une capitale où un défilé de trente personnes peut suffire à couper le trafic et où l’information pratique circule mal.

Mercredi, au premier jour d’une grève générale de 48H, le chaos régnait dans Athènes, quasiment privée de tout service public et dont le centre était bouclé pour une manifestation géante.

Au départ, “apergies” n’entendait pas faire des affaires sur les débrayages, mais a fini par accepter aussi de la publicité pour arriver à se financer, explique M. Galanis: “au vu de la masse de données à traiter, avec des annonces de grèves qui s’enchaînent sans cesse, nous faisons travailler en extra une à deux personnes”.

“Mais il n’y a pas de quoi se réjouir”, juge ce jeune Grec, qui vit et travaille pour le moment à Londres, comme beaucoup de jeunes diplômés grecs, chassés par le manque de perspectives économiques.

Une humeur sombre que reflétaient aussi des sondages en ligne effectués par le site “apergia”: 75% de quelque 4.000 internautes s’y déclaraient prêts à “quitter le pays” pour chercher meilleure fortune ailleurs, 68% sur un total de 1.500 appelaient à la fin de la garantie de l’emploi pour les fonctionnaires, protagonistes des grèves.