Congrès des buralistes sur fond de hausse des prix et de lutte contre la contrebande

photo_1316684651067-1-1.jpg
çante approvisionne les rayons de son bureau de tabac le 5 juillet 2010 à Paris. (Photo : Flore Giraud)

[22/09/2011 09:59:13] PARIS (AFP) Les buralistes ouvrent jeudi leur congrès annuel à Paris, au moment où l’Etat a décidé de renforcer la lutte contre la contrebande mais aussi d’augmenter une nouvelle fois le tarif du tabac dans le cadre de son plan anti-déficit.

Le gouvernement a annoncé en août deux hausses, +6% le 3 octobre et +6% en 2012, du prix des cigarettes qui doivent fournir à la Sécurité sociale des recettes supplémentaires de 90 millions d’euros en 2011 et de 600 millions d’euros l’an prochain.

“On ne peut pas parler d’une augmentation du prix du tabac de 6% quand on sait que 20% environ de la consommation totale du tabac échappe au réseau des buralistes”, avait réagi Pascal Montredon, le président de la Confédération des buralistes.

La lutte contre le marché parallèle est devenu le cheval de bataille des vendeurs de tabac qui craignent qu’il profite de cette prochaine hausse des prix, alors que, selon plusieurs études, une cigarette sur cinq fumée en France n’est pas vendue par un buraliste.

La moitié de ce marché provient des achats transfrontaliers ou des achats en vacances à l’étranger, 30 à 35% sont liés aux réseaux mafieux et un peu plus de 15% des ventes sur internet, selon des estimations des buralistes.

Selon M. Montredon, le marché parallèle est passé de 2 à 3% avant 2003 à 20% aujourd’hui.

Yves Trévilly, porte-parole de la filiale française de British American Tobacco, numéro deux mondial du secteur (marques Rothmans, Peter Stuyvesant, Dunhill, Lucky Strike…), avait plaidé pour une multiplication des contrôles aux frontières, en rappelant qu’une hausse de 6%, “c’est 30 centimes de plus sur un paquet”.

En écho à ces requêtes, la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a dévoilé mi-septembre dix mesures de lutte contre le trafic de tabac, qui représente un manque à gagner d’environ 800 millions d’euros pour l’Etat.

“La lutte contre la contrebande et les contrefaçons doit être une priorité, car le marché parallèle met en danger les consommateurs, nuit à notre politique de santé ainsi qu’aux finances publiques”, avait insisté Mme Pécresse à l’occasion d’un déplacement au bureau des douanes de Lesquin (Nord).

La ministre a notamment fixé l’objectif d’une hausse de 15% des saisies en 2011, après une année 2010 record (350 tonnes, soit 30% de plus qu’en 2009).

Pour y parvenir, elle compte notamment sur une intensification de la coopérations des douanes et une “amélioration du repérage de l’origine des tabacs saisis pour retracer et remonter les filières d’approvisionnement”.

“Ce plan va dans le bon sens mais il faut aller plus loin. Il faut s’attaquer à l’ensemble du marché parallèle, et pas seulement à celui des trafics mafieux”, avait souligné le président de la Confédération des buralistes, tout en réclamant des mesures pour mieux contrôler les achats transfrontaliers légaux.

British American Tobacco a de son côté demandé à ce que “des contrôles médiatisés soient menés aux frontières le 3 octobre (…), pour rappeler qu’en France on ne peut pas ramener plus de cinq cartouches” de l’étranger.

La profession justifie ces requêtes en expliquant qu’elle veut garantir l’équilibre économique du secteur. Selon Pascal Montredon, 5.000 bureaux de tabac ont en effet fermé leurs portes depuis 2003 et il en reste actuellement quelque 28.000 dans le pays.