Le financement bancaire en Tunisie : Coût exorbitant, contraignant,…mais reste fondamental

Le financement bancaire des entreprises tunisiennes est fondamental aussi bien
dans la phase de démarrage qu’au cours des phases opérationnelles (besoins en
fonds de roulement, investissements), si bien qu’en Tunisie, il demeure le moyen
de financement prépondérant du secteur privé. Il l’est d’autant plus que,
relativement aux autres outils de financement non bancaire (factoring, leasing,
marché boursier, capital-risque), qui jouent un rôle mineur, il représente
quasiment la source privilégiée de levée de fonds.

Néanmoins, les concours bancaires aux secteurs productifs en Tunisie sont
limités dans la plupart des cas à des crédits de court terme, et demeurent
faibles par rapport à plusieurs comparateurs et pays émergents mais aussi à ceux
des économies avancées de l’OCDE. En fait, les problèmes significatifs et
récurrents des difficultés d’accès des entreprises tunisiennes, et
essentiellement des PME–PMI, aux sources de financement bancaire sont
principalement attribués aux contraintes liées aux collatéraux, du fait
d’exigences contraignantes généralement adossées aux garanties hypothécaires, et
surtout aux coûts d’emprunts exorbitants.

En particulier, les coûts des crédits, en termes de taux d’intérêt et de marges
appliquées, découlent principalement des spécificités de la pratique actuelle de
calcul des taux d’intérêt, d’une part, et à l’inefficacité des initiatives
publiques dédiées au financement intermédié, d’autre part. Ces deux constats
sont directement imputables au cadre de conduite de la politique monétaire.

Par ailleurs, et en dépit de la migration du statut des banques de développement
à des banques universelles, le système bancaire souffre encore de certaines
caractéristiques structurelles, et en particulier, le volume des créances
classées et la part croissante de leur provisionnement requis qui induisent une
aversion des banques au risque du crédit. La bonne santé des banques est
cruciale pour
la transmission de la politique monétaire: lorsque les bilans bancaires sont
encombrés de créances douteuses ou que leurs actifs sont dévalorisés, elles sont
moins disposées à accorder de nouveaux crédits (credit crunch). C’est là aussi
une autre explication des contraintes pouvant entraver l’efficacité de la
politique monétaire en Tunisie.

En conséquence, et durant la période récente, l’économie nationale a accusé
structurellement un déficit moyen de l’épargne brute par rapport à
l’investissement brut de l’ordre de (-3,12%) du PIB avec un blocage du taux
d’investissement privé brut domestique autour d’une moyenne de 13,8% ainsi
qu’une contribution moyenne quasi-stationnaire de la formation brute du capital
fixe, comme composante de la demande, au PIB à prix constants de l’ordre de
21,4%.
(Source: Etude IACE)