éou (G) et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à Bruxelles, le 21 juillet 2011 (Photo : Georges Gobet) |
[22/07/2011 11:12:02] BRUXELLES (AFP) La zone euro espère avoir ouvert un nouveau chapitre susceptible de garantir sa survie en employant les grands moyens pour sauver la Grèce et en se dotant d’un début de Fonds monétaire européen pour circonscrire les crises de la dette à venir.
A l’issue d’un sommet de crise jeudi à Bruxelles, les dirigeants de l’Union monétaire se sont entendus pour allouer un plan d’aide de 159 milliards d’euros à la Grèce, impliquant pour la première fois les banques, comme le voulait à tout prix l’Allemagne.
Mais face au risque de contagion, ils sont allés au-delà, décidant de renforcer leurs outils de gestion de crise, en premier lieu ceux du Fonds de soutien mis en place en 2010 pour aider les pays en difficulté.
Désormais, ce mécanisme -mis en place pour aider l’Irlande puis le Portugal en 2010- pourra racheter de la dette d’un Etat en difficulté sur le marché secondaire (où s’échangent les titres en circulation), si la Banque centrale européenne (BCE) constate des “circonstances exceptionnelles” et si les Etats membres donnent leur accord. Un moyen de soulager les banques qui détiennent des montants importants d’obligations de pays en difficulté.
Il va prendre le relais de la Banque centrale européenne (BCE) qui seule intervenait sur les marchés de la dette jusqu’ici, mais avait prévenu qu’elle ne pourrait éternellement poursuivre ce programme d’aide exceptionnel. Elle n’a d’ailleurs plus procédé à des achats de dette d’Etat depuis près de 4 mois.
Autre avancée majeure: le Fonds (FESF) pourra aussi débloquer des prêts “préventifs” pour empêcher que des pays fragiles ne soient entraînés dans une crise de la dette ou leur prêter de l’argent pour qu’ils recapitalisent leurs banques.
Il pourra donc aider des pays qui ne bénéficient pas d’un programme de soutien officiel de l’Europe et du FMI, intervenir en amont, et non plus seulement de manière réactive, pour éviter la contagion d’une crise de la dette.
Une mini-révolution que le président français Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à qualifier d'”amorce d’un Fonds monétaire européen”, alors que pendant longtemps la chancelière allemande Angela Merkel, réticente à instaurer plus de fédéralisme au sein de la zone euro, s’y est refusée.
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Seul bémol, notaient des analystes de marché vendredi: sa taille, actuellement de 750 milliards d’euros, n’a elle pas été augmentée. or, l’enveloppe ne suffira pas si des pays comme l’Italie et l’Espagne connaissaient le même sort que la Grèce ou le Portugal
Ces mesures doivent encore être approuvés par les différents gouvernements mais elles témoignent d’une prise de conscience vers une plus grande mutualisation de la gestion de la monnaie commune, après une crise qui a mis en péril l’avenir de la zone euro et obligé à briser bien des tabous.
“Il s’agit d’un premier pas vers la création d’une politique économique et budgétaire commune”, a jugé Alessandro Giansanti, économiste de la banque ING.
Revenant sur les dernières semaines d’extrême tension, le ministre des Finances français François Baroin a reconnu vendredi qu’on est “passé au bord du précipice”, avec les turbulences autour de l’Italie et l’Espagne, troisième et quatrième économie de la zone euro.
Sur les marchés, l’heure était vendredi au soulagement: les places financières européennes ont toutes ouvertes sur une note positive, confirmant une tendance déjà fermement établie la veille. Quant à la monnaie unique, elle se stabilisait au-dessus de 1,44 dollar, après une envolée jeudi en séance.
Les dirigeants de la zone euro ont indiqué qu’ils n’entendaient pas s’arrêter là: Paris et Berlin feront d’ici à la fin de l’été des propositions pour améliorer la gouvernance de la zone euro, ont fait savoir jeudi la chancelière Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy, sans donner plus de détails.
Il est improbable qu’ils aillent jusqu’à lancer des euro-obligations, appelées de leur voeux par les fédéralistes européens et qui verraient les pays de la zone euro emprunter des fonds en commun en mutualisant les risques, les pays riches protégeant les plus fragiles. Cela reste une ligne rouge pour Berlin.
Mais pour l’un des partisans de cette option, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a estimé que les décisions prises lors du sommet “ne sont pas si éloignées que ça” des euro-obligations.