Tunisie – Transition démocratique : Ridha Belhadj appelle les médias à prendre de la hauteur

conferance-12072011.jpgLe Forum Averroès Maghreb-Tunisie vient d’organiser, en collaboration avec
l’association «Nouvelle République (Nour-R)», la Délégation de l’Union
européenne et Aswat Center for Media Studies, une conférence internationale, le
11 juillet 2011, à l’Hôtel El Mechtel, à Tunis, liée à la thématique «des
médias, des élections et de la démocratisation six mois après la révolution», en
présence de plusieurs universitaires, d’éminents journalistes et de reporters
internationaux. Afin d’inscrire une démarche pédagogique pendant la période
transitoire, de préparer des propositions pour la construction de la nouvelle
Tunisie, de se pencher sur les mécanismes à prévoir pour garantir au mieux les
droits fondamentaux des citoyens et d’éclairer le peuple tunisien sur le rôle
crucial d’un 4ème pouvoir assujetti, manichéen, domestiqué et bafoué depuis deux
décennies, mais aujourd’hui totalement libre et rayonnant, prêt à intégrer les
normes internationales liées aux valeurs de l’équité, de la crédibilité et de la
transparence, grâce à la révolution du Jasmin et au sang des martyrs.

«La problématique de l’information, de la liberté d’expression, des élections de
la Constituante, prévues le
23 octobre 2011
et des réformes politiques sont au
cœur des préoccupations de la société civile, des partis politiques, du
gouvernement provisoire et des différentes instances indépendantes issues du 14
janvier 2011, dont la feuille de route est de relever le challenge des échéances
électorales à venir, de raffermir les valeurs de la révolution, de favoriser des
rapports de négociation fondés sur le consensus et de conduire le pays vers le
grand large de la démocratie et de la liberté», déclare dans son discours
d’ouverture Ridha Belhadj, ministre délégué auprès du Premier ministre, pour qui
la refonte du secteur de l’information est une nécessité absolue dans un
contexte postrévolutionnaire historique où les journalistes, insiste-t-il,
doivent honorer la déontologie du métier, contribuer à la construction de
l’édifice démocratique, couvrir, dans l’objectivité et la distance, l’espace
public et toutes les péripéties de la compétition politique et animer des débats
sereins et loyaux, loin des quolibets, des invectives, des injures
déstabilisantes et des brouhahas infernaux.

En guise de conclusion, l’hôte d’honneur du Forum d’Averroès Maghreb-Tunisie a
réitéré sa confiance dans la communauté médiatique du pays, cet archipel de
résistance et de conscience, qui doit désormais, dans cette phase transitoire,
dit-il, sortir du champ partisan, garder le cap au milieu de toutes ces
bourrasques heureuses, ciseler les portraits des faiseurs d’opinion, maîtriser
tout l’arsenal juridique et législatif, lié aux campagnes électorales et aux
modes de scrutin en vigueur un peu partout dans le monde, consacrer le
multipartisme dans la couverture des différents événements, saisir la subtilité
du paysage politique national, disséquer le silence des dirigeants des partis,
s’éloigner des prises de position idéologique et incarner une ligne éditoriale
au service de la vérité et des valeurs universelles associées à l’alternance, à
la responsabilité et à la redevabilité.

Car les futures hiérarchies dans l’aire méditerranéenne du sud dépendront, à
l’avenir, nous dit M Ridha Belhadj, de l’aptitude des Etats à conduire à bon
port, à l’aune du printemps arabe, cette métamorphose du contrat social, qui
dégagera, à terme, de nouvelles relations internationales, prolongement fidèle
du monde de la géopolitique réelle, avec ses rapports de force et ses luttes
d’influence. Et les vrais gagnants se signalent toujours par leur capacité à
entrevoir des solutions inattendues. Puisque le style, disait Goethe, est
l’écume des choses. Eh ! Oui, les journalistes tunisiens gagneraient à imposer
leur chance. A aller vers leur risque. A se dégager de la gangue des censeurs.