Donald Kaberuka : «Nous ne sommes pas là pour prendre la place des banques locales dans le financement des PME»

kaberuka-donald-1.jpg«Quand je suis à Tunis, j’essaye de suivre ce qui se dit un peu dans les médias et je voudrais attirer l’attention sur le fait que le montant des 500 millions de $ accordé à la Tunisie par la BAD ne ressemble en rien à un prêt classique qui pèserait lourd sur l’économie tunisienne. La Tunisie bénéficiera d’un délai de grâce de 5 ans, le temps de se remettre sur pied économiquement et politiquement, et remboursera sa dette sur 15 ans avec un taux d’intérêt variable de 3,5 à 4%», a indiqué Donald Kaberuka, président du Groupe Banque africaine de développement, lors d’une conférence de presse organisée au siège de la Banque mercredi 1er juin 2011.

Soit dit en passant, nous ferons remarquer à monsieur Kaberuka que les conditions d’octroi du prêt à la Tunisie, qui n’a jamais auparavant bénéficié d’un prêt d’appui, ne sont pas aussi exceptionnelles que cela, elles répondent aux normes internationales instaurées par les grandes banques de développement. Ce qui est toutefois rassurant, c’est que la BAD, qui n’a pas financé depuis le début de l’année 2011 des projets de développement lourds dans le pays, débloquera au cours de ce mois des fonds pour la construction d’une autoroute Gabès/Ras Djedir (210 millions de $) et un projet hydraulique important. «Nous n’avons jamais abandonné les projets d’infrastructures ou énergétiques». Les grands projets ne seront pas abandonnés, assure M. Kaberuka, car c’est là où la compétitivité se crée.

La Banque africaine de développement, d’après son premier responsable, veut donner des signes de confiance aux agences de notation et aux investisseurs afin qu’ils croient et investissent en Tunisie: «C’est ce qui explique le fait que nous soyons prêts à mettre des montants importants sur la table. La Tunisie a besoin de concret et non de promesses pour rassurer les autres acteurs. Nous travaillons dans ce cadre avec la Banque mondiale et la BCT. Et nous mettrons les moyens qu’il faut pour y réussir».

Avant la fin de l’année, la BAD aura probablement voté 1,3 milliard dinars tunisiens pratiquement pour soutenir l’économie tunisienne.

Les entreprises privées pourraient également bénéficier de prêts de la part de la BAD sans passer par les garanties de l’Etat mais par le biais de fonds de participation, de garanties ou des financements directs. Le montant et la tarification varient suivant le risque pris. «J’estime que c’est le plus important pour la Tunisie, c’est là où l’on va créer des richesses et des emplois pour ramener l’économie tunisienne à un niveau acceptable. Ceci étant, j’estime pour ma part que l’économie tunisienne résiste bien à l’après révolution et à ce qui se passe en Libye. La BAD est très confiante et c’est pour cette raison que nous n’avons pas hésité à engager des montants aussi importants».

Pour accorder des prêts aux entreprises privées, un ensemble de critères doit être respecté, dont la dimension développement du projet, la solvabilité et la solidité de l’entreprise et plus que tout l’effet éviction. Ce qui implique que la prédisposition de la BAD à financer ces entreprises ne doit pas supplanter le rôle des banques nationales. «Si les banques nationales sont capables de financer ces activités, nous nous retirons. Nous ne sommes pas là pour prendre la place des banques locales».

La BAD qui, depuis le début des années 2000, a financé nombre de projets d’infrastructure en Tunisie, entend jouer un rôle de moteur en tant qu’institution de financement du développement. Pour assister la Tunisie, des pourparlers ont d’ores et déjà été engagés avec le gouvernement pour intervenir au niveau des secteurs prioritaires et surtout au niveau du développement régional.

D’ailleurs, le président de la BAD se déplace jeudi 2 juin au gouvernorat du Kef, pour s’informer à propos des véritables problèmes des habitants et des entreprises. «C’est bien d’être assis à travailler dans un bureau climatisé, mais c’est encore mieux d’aller sur terrain et d’étudier la réalité de plus près».

Le patron de la BAD l’a dit et redit, la Banque africaine de développement soutiendra les efforts de la Tunisie pour un passage réussi à une ère démocratique, et ce à tous les plans.

Rappelons que le Groupe de la BAD a financé nombre de projets de développement en Tunisie dans l’assainissement et la restructuration des réseaux de distribution d’électricité, les infrastructures routières et de transport efficiente et le secteur énergétique.

A bon entendeur…