Tunisie – Médias : L’Instance indépendante pour la réforme de l’information avance au millimètre près

mass_media-1.jpgSelon un décret-loi qui sera incessamment promulgué, l’accès aux sources d’information sera dorénavant garanti. Il s’agit certes d’un acquis, après quatre mois de révolution, mais au regard des multiples attentes des journalistes et de leur propension à s’ériger en quatrième pouvoir, ce résultat est le moins qu’on puisse dire dérisoire.

C’est que l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INIRCI), organisme chargé d’initier les réformes nécessaires dans ce domaine, n’arrive pas à s’imposer comme un think tank révolutionnaire en la matière. A défaut d’expérience et surtout d’agressivité révolutionnaire, l’INIRCI pèche par sa passivité devant les manœuvres de juristes et de techniciens qui veulent imposer aux professionnels des thèses contraires à la liberté de presse tant souhaitée.

A titre indicatif, rien ne justifie l’acharnement maladif de la sous commission chargée de la réforme de l’information de Ridha Jenaieh à élaborer un nouveau code de la presse alors que les journalistes, toutes tendances confondues, n’en veulent pas. Beaucoup de pays n’ont pas ce type de législation répressive.

Moralité: la Tunisie peut s’en passer facilement. Tout au plus, les journalistes, s’inspirant de l’exemple américain, veulent que juste une petite phrase soit inscrite dans la Constitution, celle-là même qui dit «la presse est libre et personne ne peut l’interdire». L’INIRCI n’est pas parvenue, jusqu’ici, à transmettre haut et fort cette volonté des professionnels.

De même l’INIRCI a tendance à avaler, comme une fatalité, la thèse des techniciens de l’Agence nationale des fréquences et de l’établissement de la radio télévision tunisienne. Lors d’une réunion publique au cours de laquelle des postulants à des radios régionales et nationales ont présenté leurs projets, ces techniciens se sont comportés comme les maîtres de la situation. A chaque demande de radio libre, ils brandissent la rareté des fréquences et le coût élevé de la location des antennes. On dirait qu’ils avaient reçu l’ordre pour décourager tout candidat à une radio.

Ces techniciens ont occulté que nous sommes en période révolutionnaire et que leur rôle consiste à apporter des solutions techniques à des radios libres (une soixantaine). Leur tactique a consisté à mettre les bâtons dans les roues et à ressasser qu’il n’existe pas assez de fréquences pour tous les projets de radios alors que tout le monde sait que ces fameuses fréquences n’ont jamais été une science exacte. Sinon comment expliquer la prolifération de radios libres dans les grandes démocraties.

Face au diktat des techniciens qui étaient à la solde des proches du président déchu (octroi de visas sans discussion) et dans le souci d’éclairer l’opinion publique et les demandeurs de radios libres, l’INIRCI, dont certains membres brillent par leur absence, aurait dû, au moins, s’informer sur ce qui se passe ailleurs et demander une expertise technique étrangère. Et c’est encore possible.