Infrastructures : les travaux publics inquiets de la faiblesse du financement

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à Trappes, le 1er juillet 2009 (Photo : Loic Venance)

[21/03/2011 13:42:06] PARIS (AFP) Le secteur des travaux publics, qui a enregistré un léger recul de son activité en 2010, s’inquiète des incertitudes sur le financement des infrastructures de transport, surtout depuis l’annulation de l’appel d’offres pour la mise en oeuvre de l’éco-taxe pour les poids lourds.

Le projet de schéma national des infrastructures de transport (Snit), rendu public le 28 janvier par le gouvernement pour les 25 prochaines années, “n’est pas financé”, a déploré Patrick Bernasconi, le président de la la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), lundi lors d’une conférence de presse.

M. Bernasconi estime que l’Etat, pour respecter les promesses du Grenelle de l’Environnement et les 60 grands projets d’infrastructures prévus pour 260,5 milliards d’euros, devrait investir “en moyenne 3,4 milliards par an” alors qu'”il n’en fera en 2011 qu’au mieux 2,2 milliards”.

La FNTP s’inquiète plus particulièrement des déclarations, le 1er mars, du secrétaire d’Etat aux Transports Thierry Mariani estimant que “si 70% des projets du Snit étaient réalisés, ce serait un succès”.

D’autant que l’appel d’offres remporté par l’italien Autostrade pour la mise en oeuvre de l’éco-taxe a été annulé le 11 mars. Il était prévu pour une mise en oeuvre fin 2012, et concernait tous les camions de plus de 3,5 t, soit environ 600.000 camions français et 200.000 étrangers, sur les 12.000 km de routes nationales et 2.000 km de routes départementales.

“Ce qui va décaler dans le temps la mise à disposition de nouvelles ressources”, regrette le président de la FNTP.

M. Bernasconi s’est également ému de la difficulté du gouvernement à boucler le financement du canal à grand gabarit Seine-Nord Europe, attendu depuis des dizaines d’années, qui doit relier la Seine et l’important réseau fluvial de l’Europe du Nord d’ici 2016.

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un immeuble, le 22 Juin 2009, dans le centre ville de Lille. (Photo : Philippe Huguen)

“Je n’imagine pas que cela n’aille pas jusqu’au bout”, a affirmé M. Bernsaconi qui a annoncé une réunion d’arbitrage, au plus haut niveau de l’Etat, “dans les prochains jours”.

La récente annonce que la ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux devrait entrer en service “à l’horizon de la fin 2016”, au lieu de fin 2015-début 2016, en raison d’un retard dans la finalisation du contrat de concession avec le groupement Liséa, conduit par Vinci, inquiète moins.

“Les marchés pour les déplacements des différents réseaux de voirie et de services sont déjà conclus et les travaux devraient débuter au cours des prochaines semaines”, a indiqué M. Bernasconi qui devrait être réélu à la tête de la FNTP le 29 mars, étant le seul candidat à sa succession.

Pour la troisième année consécutive, le secteur des travaux publics a enregistré en 2010 un chiffre d’affaires de 38,7 milliards d’euros, en recul de 1,4%, par rapport à l’année précédente, mais espère progresser de 2,5% en 2011.

Le secteur a bien démarré l’année avec une progression en janvier des travaux de 10,3% par rapport au même mois de 2010 -qui avait été perturbé par de fortes intempéries- et même de +4,6% par rapport à celui de 2009.

Les marchés conclus sont également en forte hausse, de près de 20% en valeur, par rapport à ceux d’il y a an.

Mais le secteur doit faire face à la forte hausse des prix des matières premières, notamment le pétrole (+40,6% en un an), dont les dérivés entrent dans la composition de nombreux matériaux des TP, principalement le bitume pour les routes.

“Les conditions d’une reprise franche ne sont pas réunies. L’ambiance n’est pas très rose malgré des perspectives plus favorables”, conclut M. Bernasconi.