Hillary Clinton en Tunisie… Simple effet d’annonce?

h-clinton-1.jpgLes Américains sont des gens charmants au contact savoureux, ils ont le sens de la fête. On l’a vu à l’occasion du «show» télé de  l’ex 1ère dame de la plus puissance mondiale. Ils ne sont pas insensibles au decorum. La conférence était joliment scénarisée, du «nice people» était sur le plateau. Ils ont l’effusion facile et cèdent au transport de l’amitié, et d’ailleurs, ils promettent beaucoup, sur le moment. Hélas, sur la durée, ils réalisent peu. Que peut-on attendre des projets d’aides américaines?

Notoriété de la Révolution de la dignité: le capital sympathie

Mme Clinton était très enthousiaste en évoquant la “Révolution de la Dignité“. Il n’y a pas de doute, on a fait tilt. L’Amérique nous découvre sous notre meilleur jour et à l’avenir, les Américains ne se tromperont plus sur notre situation géographique. Ils sauront, nous en prenons le pari, nous situer sur la carte. On ne sera plus «near somewhere» et on ne risque plus d’être pris pour l’Indonésie comme cela arrivait auparavant. C’est toujours ça, de gagné, vous me direz.

De tradition, les Américains sont attachés à la liberté. Le nouveau monde aime les défis et nous faisons cause commune à présent. Les Américains nous témoignent leur sympathie. Seront-ils nombreux à pousser la ballade jusqu’à nous visiter, eux qui, jusque-là, ne dépassaient rarement les vingt mille personnes, visiteurs professionnels, compris? Wait and see!

L’aide au développement: faut-il se remettre à y croire?

Les Américains sont des gens qui cultivent le paradoxe. Ils sont généreux mais n’ont pas le cœur sur la main. S’ils le voulaient, ils sèmeraient du développement et de la croissance à tout va, ils en ont les moyens, mais eux sont des gens qui comptent et ne traient qu’avec la «demande solvable». Oh le vilain défaut! L’aide au développement n’est pas leur fort. Ils ont été capables du meilleur, des fois. Il n’y a qu’à voir comment ils ont donné un coup de pouce à la Chine en matière d’IDE, ils en ont fait une puissance économique.  Avec la Tunisie, les choses sont allées moins bien.

Les Américains voient régulièrement le déficit commercial entre nos deux pays se creuser en leur faveur. Le système financier américain a très peu contribué au financement de notre effort de développement, moins de 5% du total de notre dette extérieure provient du marché «yankee», compartiment du marché new-yorkais de la dette internationale.

Mme Clinton a promis d’aider la société civile. C’est bien mais aider la Révolution reviendrait en bonne logique à aider la Tunisie et son peuple. Et Microsoft, pourrait très bien aider le Département de l’éducation nationale. Peut-on imaginer l’Amérique financer l’e-learning en Tunisie. So, nice!

Les enseignements de l’histoire

Il y a quelques années, DSK –pour Dominique Strauss-Kahn, ministre du gouvernement Jospin, de visite en Tunisie, ironisait sur la générosité de l’Etat américain alors qu’on évoquait l’Eisenstatt Initiative qui avait débloqué, en premier jet, 5 malheureux millions de dollars. On sait ce qu’il est advenu du MEPI, tentative louable qui voulait imposer la démocratie par la Force, dans nos contrées. Heureusement qu’on les a pris de court faisant par nous-mêmes notre propre révolution.

Quand on se souvient que l’Amérique a inventé le concept de guerre préventive pour envahir l’Irak, on ne comprend pas qu’elle traîne les pieds pour la zone d’exclusion en Libye. Pourtant, Kadhafi leur promettait de pactiser avec Al Qaïda. Pourquoi leur politique étrangère est si volatile? L’Amérique est «too big» pour être l’amie des pays en développement. Il y a quelques années que l’on s’essaye à établir un accord de libre-échange «TIFA», mais à ce jour on n’arrive pas à le concrétiser. Les opérations de «Knock door», dont on vient de réaliser le énième épisode, se succèdent  en vain. C’est vrai que le Congrès nous a gratifiés d’un standing ovation mais les congressmen ne sont pas si prompts à nous accorder leurs faveurs commerciales.

Les Américains sont des gens très chaleureux, disions-nous, ils ont toutefois un seul petit défaut. Ils font beaucoup de marketing. Tenez, prenez le Coca, par exemple, les experts disent de lui qu’il se vend bien parce qu’il contient 90% de pub dont 10% de produit. Comme l’on dit dans nos campagnes, il y a plus de yous yous que de couscous.

C’est bien d’avoir des amis et c’est encore mieux de compter sur soi.