Tunisie : Le week-end qui a emporté Ghannouchi

tunis-270211-65-1.jpgUn week-end très violent dans la rue tunisienne qui s’est soldé dimanche soir par le départ de Mohamed Ghannouchi et la nomination de Beji Caied Essebsi au poste de Premier ministre.

Les manifestants qui occupent depuis une semaine les pavés de la Place de la Kasbah avaient prévu que le vendredi dernier serait le vendredi de la décision à la manière de ce que les Egyptiens ont fait de leurs vendredis en leurs donnant chaque fois un nom nouveau selon l’actualité.

Cependant, les débordements ont rapidement conduit à des heurts violents avec la police et l’armée surtout que certains manifestants (ou des infiltrés) ont provoqué l’armée et la police devant le ministère de l’Intérieur et sur l’avenue Bourguiba …3 personnes en sont mortes, plusieurs blessées, dont beaucoup de policiers et une centaine d’arrestation … Les mouvements se sont multipliés depuis le samedi après midi et le dimanche…

C’est alors que le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a décidé, devant ce déferlement de violence, de jeter l’éponge en annonçant sa démission en début d’après midi du dimanche 27 février dans une conférence de presse. M. Ghannouchi a affirmé lors de cette conférence que la Commission des Réformes politiques, qui fait désormais l’unanimité, s’est transformée en un comité supérieur de protection de la révolution, de réforme politique et de transition démocratique, et que le président de la République par intérim procédera lundi 28 février à la signature d’un décret-loi relatif à ce comité, afin de le doter du cadre juridique nécessaire pour lui permettre d’accomplir sa mission avec toute l’efficacité requise.

Au moment où nous publions cet article, ledit décret-loi n’a pas été signé.

Il a ajouté que le chef de l’Etat par intérim annoncera, à partir du début de la semaine, la feuille de route concernant les prochaines élections.

Le président M’Bazza a annoncé ensuite qu’il a essayé de faire revenir le Premier ministre sur sa décision en vain et qu’il a décidé, pour assurer la continuité gouvernementale, de désigner Béji Caid Essebsi au poste de Premier ministre et que l’intéressé a accepté cette responsabilité.

Cependant, et tout de suite après, les critiques ont fusé de toute part, les manifestants de La Kasbah ont réclamé le départ de tout le gouvernement et que M. Caid Essebsi n’est pas accepté. L’UGTT, par la voix de son secrétaire général, a salué le départ de Ghannouchi mais a refusé le nouveau Premier ministre sous prétexte qu’elle n’a pas été consultée… Entendre par-là que toute nomination doit ou devrait recevoir sa bénédiction pour être acceptée?!  

Les observateurs craignent aujourd’hui que le pays tombe dans une période d’instabilité grave car aucune partie parmi celles qui sont en présence ne détient la légitimité suffisante pour en imposer aux autres ou faire dégager un consensus sur les étapes à suivre. Déjà, depuis le matin du lundi une série de messages sur Facebook, demande à Jrad, le SG de l’UGTT de «dégager» et de ne pas se faire entendre. Le secrétaire général du parti Ettajdid a été violement fait sortir d’un meeting à Sfax tandis que Néjib Chebbi a été hué à Bizerte et la SG du PDP a eu le même sort à Kasserine et au Kef les derniers weekends.

Où va le pays de cette manière? Personne ne peut aujourd’hui prétendre avoir la réponse.

– Tous les articles sur

Tunisie