Malmené en Bourse, l’OL paie ses tourments sportifs et immobiliers

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ésente le projet de Grand Stade, le 28 janvier 2011 à Lyon. (Photo : Philippe Merle)

[03/02/2011 15:01:12] LYON (France) (AFP) Entrée en Bourse il y a quatre ans, la holding OL Groupe a perdu les trois quarts de sa valeur depuis, un désaveu lié aux contre-performances du club lyonnais de football et aux incertitudes entourant son projet de Grand Stade.

9 février 2007: annonçant “une nouvelle ère pour Lyon et pour tous les clubs français”, le président de l’OL Jean-Michel Aulas célèbre la première cotation de son titre, à 24 euros, et lève 94,3 millions d’euros pour financer la construction d’une enceinte de 60.000 places.

Quatre ans plus tard, l’action OL Groupe reste engluée sous les 6,30 euros, incapable de se remettre de la dégringolade subie à l’automne 2008, et la holding a vu sa valeur boursière fondre de 312 millions à 82 millions d’euros.

“L’introduction en Bourse a été habilement +marketée+ et l’OL était très performant à l’époque. Mais le club a perdu de sa superbe sur le plan sportif et son projet de stade a été fortement retardé”, décrypte Yves Marçais, vendeur d’actions chez Global Equities.

Septuple champion de France entre 2001 et 2008, l’OL n’a remporté aucun titre depuis l’été 2008 et pointe actuellement à la 3e place du Championnat de France, “sans certitude de disputer la Ligue des champions l’an prochain, ce qui serait financièrement désastreux”, poursuit M. Marçais.

Pour les investisseurs, Lyon a cumulé ces dernières saisons les travers propres aux clubs de football. A commencer par l’irrégularité sportive, “qui empêche toute visibilité sur le titre, alors que les analystes aiment valoriser les sociétés à quatre-cinq ans”, ajoute-t-il.

Autre aléa mal perçu: les transferts de joueurs. Après une série d’acquisitions coûteuses, l’actuel “patrimoine humain” de l’OL est largement à l’origine de la perte de 35 millions d’euros essuyée en 2009-2010 par le club, avant même l’achat de Yoann Gourcuff pour 22 millions d’euros.

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ût 2010 à Lyon. (Photo : Philippe Desmazes)

Lors de son entrée en Bourse, pourtant, l’OL séduisait en promettant une source plus tangible de bénéfices: un “Grand Stade” sur le modèle de l’Allianz Arena de Munich ou de l’Emirates Arena d’Arsenal, c’est-à-dire un vaste complexe doté de boutiques, hôtels et activités de loisir.

“Dans ce secteur, il faut trouver des actifs qui échappent à l’aléa sportif. De ce point de vue, ce projet reste le meilleur qui puisse leur arriver”, plaide un analyste parisien, qui saluait dès 2008 la “vision stratégique” de l’OL.

Mais la construction de l’enceinte, dont l’inauguration était initialement prévue à l’été 2010, a pris beaucoup de retard. La justice administrative a fait repartir la procédure à zéro et le permis de construire n’est pas encore délivré, même si l’OL promet une ouverture fin 2013.

“Par ailleurs, l’incertitude reste trop grande sur le coût final du projet”, pour l’heure chiffré à 450 millions d’euros pour sa partie privée, estime l’analyste. D’autant que l’OL reste en quête d’un sponsor susceptible de donner son nom au stade, après avoir démarché Danone en vain.

Et même si “l’OL Land” était érigé dans les délais prévus, un autre doute fait son chemin: Jean-Michel Aulas n’a-t-il pas surestimé le potentiel commercial du club ?

“Le Real et Manchester sont des modèles intéressants parce que leurs ventes de maillots dans le monde entier financent l’achat de leurs joueurs. Mais combien de titres faudra-t-il remporter avant qu’on vienne de loin pour voir jouer l’OL?”, s’interroge Yves Marçais.