La croissance du tourisme en Méditerranée s’élèvera à 5% en 2010

Par : Tallel

tourisme-01012011-art.jpgCertains ont pu croire au poisson d’avril, lorsque l’équipe META pronostiquait
au printemps dernier une croissance de 5% des arrivées internationales à
destination de la Méditerranée en 2010, alors que la tendance était au mieux
évaluée par d’autres observateurs autour de 2%. Les premières estimations des
résultats de cette année seront au rendez-vous. La croissance de la Méditerranée
sera bien comprise entre 4,5 et 5,5% en 2010 et le nombre d’arrivées sera
probablement supérieur à 300 millions [1].

L’hypothèse était fondée sur la parité moyenne d’un euro maintenue à 1,3 US$ en
2010 (contre 1,4 US$ en 2009), et une légère reprise économique dans la zone
euro, principal émetteur de tourisme à destination des mers méditerranéennes et
des 30 marchés qui les bordent ou qui en sont proches [2] ; ce qui s’est, peu ou
prou réalisé.

Pourtant, l’année a fort mal commencé, asphyxiée par les nuages de cendres de l’Eyjafjöll
en mars, entraînant de nombreuses annulations de vacances printanières, et
retardant la croissance attendue en zone euro, qui ne décollait qu’en avril,
jusqu’au pic de l’été, avant de s’effondrer à la rentrée de septembre, suivie
d’un mois d’octobre bien meilleur et un mois de novembre encore plus. Sans doute
faut-il s’habituer maintenant à une courbe annuelle de croissance toute en
gibbosités. Le taux de croissance économique 2010 reste attendu à +1% pour la
zone Euro, et à +1,5% ou plus pour ses deux marchés leaders: l’Allemagne et la
France.

Ce sont 15 millions d’arrivées de touristes internationaux supplémentaires qui
seraient observées en Med 2010, de quoi oublier la perte de 11,5 millions de ces
arrivées enregistrés en 2009, et dépasser le nombre de celles enregistrées en
2008.

Modification d’équilibre entre le nord et le sud

Le cours du baril de pétrole terminera 2010 autour de +17% d’augmentation dans
l’année, ce qui aura ralenti le nombre de départs internationaux depuis les
marchés lointains et à destination de la rive nord méditerranéenne, mais surtout
ce qui fait craindre la menace d’une inflation qui revient dans le jeu. Le
nombre d’arrivées supplémentaires à destination de la rive nord restera sans
doute sous la barre des 2% cette année, malgré une nette reprise du tourisme
d’affaires.

Si en 2000, les neuf marchés du nord méditerranéen représentaient 83,6% des 237
millions d’arrivées, ils ne représenteront plus en 2010 que 68,5% des 301
millions d’arrivées estimées. Pendant la même période (onze années), les marchés
de l’Est du Sud et des Balkans cumulés, passent de 16,3% à 31,5% du nombre
d’arrivées total.

Recette moyenne toujours en baisse

La recette moyenne par personne et par voyage méditerranéen est une nouvelle
fois attendue à la baisse en 2010. La crise financière, puis économique, puis
sociale et maintenant monétaire, qui a débuté en 2008 n’en est pas l’unique
cause. La Méditerranée, qui est la première destination mondiale en nombre
d’arrivées, ne l’est pas en terme de recette moyenne, largement distancée dans
ce domaine par l’Europe non Méditerranéenne, par les Amériques, et l’Asie
Pacifique, avec cependant de grandes différences entre ses rives.

A cette baisse pourrait bien s’ajouter une nouvelle fois celle du grignotage de
sa part de marché mondiale, comme c’est le cas à chaque année de forte
progression du tourisme dans le monde [3]: en 2004, 2005, 2006 et 2008. En
revanche, la Méditerranée résiste bien lors des années de baisse globale du
tourisme et reconquiert des parts de marché, comme en 2001, 2002, 2003, 2007 et
2009. Sur la période de 11 ans, entre 2000 et 2010, la part de marché monde de
la Méditerranée est passée de 34,65% à 32,51%.(estimation 2010 META à la date de
cette note)

Ce n’est pas un «effet d’offre» comme on l’entend parfois qui est responsable de
cette baisse des recettes, ni la diminution de la part de marché. S’il est exact
que de nouvelles destinations touristiques apparaissent dans le monde, ou bien
s’y consolident, il n’y a aucune relation de cause à effet, ne serait-ce que
parce que des commerces vendant des produits comparables, proches de gisements
importants de clients, ne se différencient les uns des autres que par
l’excellence de leurs services et la diversité des produits proposés.

META encourage l’instauration de Zones Homogènes de Destinations en
Méditerranée, basées sur la géographie bien entendu, mais aussi sur un
patrimoine matériel et immatériel local, qui diffère d’une destination à
l’autre. Elles créeront cette diversité culturelle recherchée, couplée à une
durabilité sans faille. Le Royaume du Maroc vient de créer six territoires
touristiques : culturel, affaires, balnéaire, sportif, nature, déserts. Il
faudra s’interroger sur la distribution mondiale de ces produits diversifiés à
construire sur toutes les rives de la Med et à l’intérieur de ses terres, en
augmentant la qualité du service dans un contexte durable, et en utilisant tous
les moyens contemporains pour optimiser la recette moyenne et ainsi conquérir
des marchés plus lointains.