La France en voie de battre son record de consommation d’électricité

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ès la centrale nucléaire de Flamanville, le 13 octobre 2009 (Photo : Mychele Daniau)

[30/11/2010 16:33:04] PARIS (AFP) La France se prépare à battre son record de consommation d’électricité jeudi, en raison de la vague de froid exceptionnelle pour la saison qui devrait sévir jusqu’à la fin de la semaine sur une grande partie de l’Europe.

La consommation française d’électricité devrait atteindre 94.200 mégawatts (MW) jeudi 2 décembre, à 19H00, a prévu mardi le Réseau de Transport d’Electricité (RTE) sur son site internet. Elle dépasserait le record historique de 93.080 MW atteint le 11 février 2010, avec des températures inférieures de 8,4 degrés Celsius à la normale.

RTE table jeudi sur des températures inférieures de 9,9° C aux moyennes saisonnières et prévoit déjà mardi des pics de consommation à 90.600 MW autour de 19H00 et de 91.100 MW mercredi à la même heure.

Plusieurs records ont déjà été enregistrés dans la région Centre et en Bretagne, avec par exemple moins 15,3° dans la nuit de lundi à mardi à Orléans, soit du jamais vu depuis 1946 ou encore moins 8,3° à Ploërmel (Morbihan), un record pour un mois de novembre.

Or, une baisse de un degré Celsius de la température en hiver entraîne une augmentation de la consommation d’électricité d’environ 2.100 MW, soit le double de la consommation de la ville de Marseille, notamment en raison du fort équipement des Français en appareils de chauffage électrique.

La consommation d’électricité atteint ses plus hauts niveaux le soir vers 19H00 en hiver, quand tous les Français rentrent chez eux et allument simultanément chauffages électriques et autres appareils ménagers (lave-linge, télévision).

Face à une telle demande, la France doit importer massivement aux heures de grandes consommation, poussant les capacités du réseau d’électricité à ses limites. Mardi soir, les importations devaient atteindre un pic de 9.469 MW.

La France, qui est traditionnellement exportatrice d’électricité grâce à ses 58 réacteurs nucléaires, a été importatrice nette pendant 57 jours en 2009, contre six jours seulement en 2008, notamment en raison de nombreux arrêts de réacteurs nucléaires dans un parc vieillissant.

Le risque, c’est la coupure d’électricité pure et simple. En 2009, RTE avait lancé plusieurs alertes, appelant les consommateurs à se modérer pour éviter la pénurie.

D’éventuels délestages sont d’autant plus redoutés que plusieurs milliers de foyers ont déjà été privés de courant depuis plusieurs jours dans la Manche ou en Dordogne, en raison des fils électriques qui n’ont pas résisté au froid et aux chutes de neige.

RTE s’inquiète plus particulièrement pour les régions Bretagne et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, déficitaires en moyens de production et alimentées comme des péninsules électriques par le réseau national.

Malgré des travaux d’amélioration du réseau, “il y aura encore sans doute trois à quatre saisons hivernales difficiles”, reconnaissait récemment auprès de l’AFP Dominique Maillard, président de RTE.

En Bretagne, une alerte orange a d’ailleurs déjà été déclenchée par RTE lundi pour appeler les Bretons à réduire leur consommation, les courbes de température prévoyant “un écart de six degrés au moins par rapport aux normales saisonnières”.

“Le réseau est très chargé mais il est entièrement disponible et en l’absence d’avarie ça passe”, a assuré à l’AFP Didier Bény, directeur Ouest de RTE. La Bretagne ne produit que huit pour cent de ce qu’elle consomme.

Le 21 décembre 2009, quelque deux millions de personnes s’étaient retrouvées sans électricité pendant environ une heure dans le Sud du pays. La coupure était due à un incident sur un poste électrique, avait expliqué RTE sans plus de précision.