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élien Fache (C), journaliste et Pierre Romera développeur, posent le 23 octobre 2010 dans les locaux de la société OWNI à Paris (Photo : Thomas Coex)

[03/11/2010 17:32:32] PARIS (AFP) Récemment associé au site WikiLeaks pour dévoiler des documents secrets sur l’Irak puis récompensé d’un prestigieux “award” américain, le jeune site d’info français owni.fr développe un média au fonctionnement original, gratuit et sans publicité, mais in fine profitable.

“Il n’y a pas de pub, pas d’abonnement, pas de contenu à vendre. Tout ce que les autres (sites de médias) font, on ne le fait pas”, souligne Nicolas Voisin, directeur de la publication d’un site dont l’aspect – navigation horizontale, graphisme soigné, animations… – tranche au regard d’un site d’informations traditionnel.

Centré sur l’actualité numérique et sur “l’impact d’internet sur la société, les pouvoirs et les cultures”, le contenu d’owni.fr est gratuit. Ce qui n’empêche nullement la société qui englobe le site, 22mars, de dégager de la marge, de se développer et d’employer vingt salariés à temps plein.

“Plutôt que de créer un média et de se demander ensuite comment le financer et le rendre profitable – l’indépendance est à ce prix -, on a cherché autre chose, explique Nicolas Voisin. On a d’abord créé une structure (22mars, NDLR) qui pouvait financer la création et nous octroyer l’indépendance”.

Ainsi owni.fr est aujourd’hui financé par la création de sites web, la vente d’applications, notamment pour des sites d’infos (France 24, RFI…), et par le conseil.

D’abord vitrine du travail de la société, owni.fr a vu son audience croître très vite. A tel point que le site gratuit fait désormais office de “moteur” des activités lucratives : sa notoriété draine de plus en plus de clients pour 22mars qui, en retour, gagne de l’argent aussitôt réinvesti dans owni.fr.

“Produire de l’information de qualité coûte très cher. On finance ainsi notre site en amont et en aval, explique le jeune directeur de la publication, 32 ans et guère plus âgé que ses collaborateurs (27 en moyenne). Je ne prétends pas avoir +le+ modèle (de financement), mais c’est une réponse originale au tout payant ou au tout gratuit”.

Signe que la réussite de la start up française ne passe pas inaperçu, elle a été récompensée d’un “award” par l’Online News Association (ONA) le 30 octobre à Washington.

En terme de contenu, owni.fr (pour “objet web non identifié”) ne se définit cependant pas comme un site média traditionnel, mais comme un “média social”. Les articles sont majoritairement le fait de contributeurs extérieurs et la rédaction intervient seulement lorsque un sujet n’a selon elle pas encore été traité de manière satisfaisante.

Sur le fond, la charte éditoriale est stricte : dans une rédaction sans hiérarchie – pas de “rédac-chef” – toute contribution doit recevoir l’approbation de trois personnes avant d’être mis en ligne. “Un seul n’est pas d’accord et l’article ne passe pas. C’est clair et net”, assure Nicolas Voisin.

Quant aux contributeurs, ils s’engagent à ce que leur production soit sous licence “creative commons”, c’est-à-dire qu’ils autorisent reproduction ou modification à condition d’être cités dans un cadre strictement non commercial.