Jean-Baptiste Descroix-Vernier, multimillionnaire coincé entre la “zone” et le CAC 40

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à Paris le 25 septembre 2010 (Photo : Eric Piermont)

[01/10/2010 14:37:22] PARIS (AFP) Il dit être un patron simple mais adopte volontiers les artifices des roitelets de la net économie, ces jeunes qui ont relancé le web après l’éclatement de la bulle en 2000: à 40 ans, Jean-Baptiste Descroix-Vernier, multimillionnaire, peine à concilier ses différents visages.

Quand on le rencontre au luxueux hôtel Raphaël, où il loue une suite quand il séjourne à Paris, il a troqué son kilt légendaire contre un jean’s. L’image a vécu du patron en dreadlocks, kilt et bottes, découvert en 2006 lors de l’entrée en Bourse de son groupe, Rentabiliweb, ou comment gagner beaucoup d’argent avec internet.

Il a gommé le nom de sa holding: Golden Glaouis (“couilles en or”) est devenu Saint-Georges Finance.

Il faut dire que le chiffre d’affaires de sa société a explosé. De 330.000 euros en 2001, il est passé à plus de 100 millions. Elle compte le gotha financier dans son capital: les “frères ennemis” Bernard Arnault et François Pinault, Pierre Bergé, Jean-Marie Messier.

L’image du patron cool s’est brisée le 14 novembre 2009 au pied de la Tour Eiffel. Ce jour-là, la distribution gratuite d’argent organisée par Mailorama, une des sociétés qu’il contrôle, vire au fiasco. En pleine crise, il est qualifié d’irresponsable et d’exploiteur de la misère sociale. Près d’un an plus tard, cette “blessure” est toujours vivace. “Rentabiliweb ce n’est pas ça”, s’emporte celui que son entourage appelle par ses initiales JBDV.

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à Paris le 25 septembre 2010 (Photo : Eric Piermont)

JBDV veut désormais attirer des investisseurs institutionnels, anglo-saxons en l’occurrence. “J’ai fait des concessions”, admet-il. “On n’est plus une start up, je ne peux plus donner l’image d’un patron trop atypique, ça peut faire peur aux investisseurs”.

Son histoire ressemble à une success story. Des origines modestes: né en 1970 d’un père apiculteur et d’une mère institutrice. Boursier, il fait des études brillantes à l’ombre des barres HLM de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. “J’ai eu une enfance pauvre mais heureuse. On comptait tout. On portait des fringues récupérées”, se remémore-t-il.

Ses parents veulent qu’il soit avocat ou médecin. Lui veut devenir prêtre, influencé par un oncle ecclésiastique. Il va en fac de droit et s’inscrit comme auditeur libre en théologie à la Catho.

“Il était doué”, se souvient Me Bernard Anav, qui l’a lancé. JDBV sera le conseil de l’OL. C’est aussi sa période “flambe”. Il roule en Porsche, mais fuit les mondanités. Au barreau de Lyon, on se souvient d’un avocat arrogant, mû principalement par l’argent. Jalousie, rétorque JDBV.

En 1999, Lyon est gagnée par la fièvre internet. JDBV raccroche la robe et disparaît pour ne réapparaître qu’en 2001 avec un concept en or: rentabiliser le web grâce à des SMS et des appels surtaxés. Il développe cette idée avec de jeunes hackers, qu’il surnomme ses “ninjas”.

“Rentabiliweb c’est un peu comme le Canal+ du web” avec des sites de rencontres hétéro et homo, du porno, des jeux, résume JDBV.

“Il anticipe les nouvelles tendances du net”, avance Bruno Bonnell, ex-PDG d’Atari (ex-Infogrammes).

D’une discrétion maladive, JDBV dirige Rentabiliweb de sa péniche, transformée en appartement-bureau, à Amsterdam. Il y vit reclus avec son rottweiler.

“C’est quelqu’un de singulier”, confie son ami le philosophe Bernard-Henri Levy. On attribue au duo la campagne internet, réussie, contre la nomination de l’Egyptien Farouk Hosni à la tête de l’Unesco.

Fervent catholique, JDBV cite Dieu constamment, car il n’a toujours pas renoncé à devenir “un PDG prêtre”.