Tunisie-Interview de Lamia Ben Mahmoud : A la recherche d’un partenaire stratégique pour Tunis-Ré?


lamia-ben-mahmoud-art.jpgWebmanagercenter : Le réassureur national pourrait à l’avenir ouvrir son capital
à un investisseur stratégique étranger qui lui apporterait un supplément de
moyens et de savoir-faire.

Lamia Ben Mahmoud : Après nous être introduit en Bourse, notre objectif est de
renforcer nos fonds propres pour élargir notre capacité de souscription et
améliorer notre notation. Nous sommes notés B+ par l’agence ANB, soit
l’équivalent d’un BBB de Standard & Poor’s.

De ce fait, l’accès à certains marchés –comme l’Arabie Saoudite- nous est un peu
difficile parce qu’on y exige au moins une note de A. Or, l’un des critères pris
en considération par les agences de notation c’est le niveau des fonds propres.

Lorsqu’on compare
Tunis-Ré
aux autres réassureurs à l’échelle arabe et africaine
–une vingtaine-, nous constatons que le niveau de nos fonds propres est en
dessous de la moyenne qui se situe aux alentours de 100 millions de dinars.

Après la première augmentation du capital, via l’introduction en Bourse, nous
sommes à 45 millions de dinars de capital et 65 millions de fonds propres. Et
nous envisageons d’atteindre la barre des 100 millions de dinars d’ici deux ans.
Une deuxième augmentation aura lieu courant 2011 pour atteindre les 70 millions
de dinars. La troisième tranche, pour atteindre les 100 millions de capital,
sera réservée, pourquoi pas, à un partenaire stratégique.

Notre deuxième objectif c’est de diversifier notre activité verticalement et
horizontalement. Tout d’abord, nous voulons consolider notre position en tant
que réassureur national. Ensuite, nous ambitionnons de nous développer à
l’étranger via l’ouverture de bureaux de représentation en Afrique.

Verticalement, nous voudrions élargir la gamme de nos produits. Nous préparons
la mise en place d’un département d’assurance islamique, baptisée
Takaful, qui
est en train de se développer dans le monde. Nous détenons déjà dans ce domaine
un portefeuille en provenance du marché arabe.

Nous travaillons également, un troisième axe, au développement des compétences,
parce qu’un assureur ce n’est pas seulement de la capacité. La valeur d’un
réassureur réside également dans l’assistance technique qu’il peut offrir à son
partenaire. Donc, nous avons pour objectif de fidéliser nos clients et de
valoriser l’image de Tunis-Ré via le développement de son expertise métier.

Comment entendez-vous faire cela ?

Nous organisons souvent des ateliers de travail, notamment pour nos partenaires
étrangers, sur les marchés libyen et algérien. L’assistance technique
nécessitant le perfectionnement de nos connaissances, nous accordons beaucoup
d’importance à la conservation et au développement de notre capital humain.

Vous attachez également beaucoup d’importance à l’amélioration de la rentabilité
de l’entreprise. Que faites-vous pour cela ?

Nous adoptons une politique de souscription prudente, donc sélective. Nous
voulons, certes, développer notre activité, mais nous cherchons une croissance
durable, donc stable. Par conséquent, nous sommes très sélectifs. Nos
souscripteurs sont bien formés et spécialisés par marché. Nous accordons aussi
beaucoup d’importance à notre système de contrôle et à la gestion des risques.

Où se situe Tunis-Ré parmi les réassureurs de la région MENA et où voudriez-vous
être dans quelques années ?

Notre position dépend du critère pris en considération. En termes de fonds
propres et de chiffre d’affaires, nous ne sommes pas parmi les premiers. Nous
sommes en milieu de tableau. En termes de ratios de rentabilité, c’est-à-dire de
couverture, de solvabilité et de ratios prudentiels, nous sommes parmi les
premiers.