“L’infrastructure télécoms gagnerait à être plus performante”, estime Gaby Lopez de Zodiac Tunisie

Le groupe
Zodiac emploie 19.000 personnes à travers le monde. Il est au Canada,
aux Etats-Unis, au Mexique, au Brésil et en Europe. La Tunisie est le seul pays
d’Afrique dans lequel il est implanté. Zodiac fournit tous les constructeurs
d’avions et d’aéronefs. En 2009, Zodiac Tunisie a investi pour 11,2 millions DT,
pour 2010 le groupe prévoit des investissements de l’ordre de 8 millions
d’euros. Avec un taux de croissance de 20% par an, la Tunisie représente pour
Zodiac l’assurance d’être compétitif sur le marché, celle de satisfaire ses
clients, ses actionnaires et son personnel. A Soliman, Zodiac fabrique, entre
autres, le cœur électrique pour les avions, des moteurs, des capteurs, des
systèmes d’éclairage, des pièces composites, des réservoirs, des meubles
d’avions et des sièges et surtout des équipements de cabine.

Au commencement, Zodiac fabriquait uniquement des airbags pour les véhicules, de
l’eau a coulé depuis. Gaby Lopez, directeur général Zodiac Aerospace Tunisie et
vice-président du
GITAS (Groupement des Industries Tunisiennes Aéronautiques et
Spatiales), nous raconte dans l’entretien ci-après son parcours.

Webmanagercenter : Au début, vous opériez dans le secteur automobile. Comment
avez-vous muté vers l’aéronautique ?

Gaby Lopez : C’est vrai, nous avions commencé par une activité qui n’a rien à
voir avec l’aéronautique. Nous fabriquions des airbags pour les véhicules. C’est
une activité annexe au sein du groupe Zodiac, spécialiste des tissus spéciaux,
que nous avons lancé à Soliman. Aujourd’hui, la société existe encore, Zodiac
auto-motive Tunisie qui a 7 ans d’existence et emploie 600 personnes. Nous
livrons tous les constructeurs automobiles dont Renault, Peugeot, BMW, Toyota,
Nissan. Nos résultats sont excellents.

Et votre aventure aéronautique ?

zodiac-tunisie-20072010.jpgDans la mesure où l’activité airbag a eu un excellent démarrage et des résultats
industriels performants, le groupe Zodiac a décidé de lancer une coopération
industrielle aéronautique en Tunisie. La main-d’œuvre y est très bien formée,
nous arrivons bien sûr avec nos formations. Nous dispensons 520 jours de
formation par an à notre personnel. Nous y accordons énormément d’importance. En
Tunisie, les gens respectent les règles industrielles, assurent au niveau de
leur travail, veulent évoluer, veulent avoir des résultats et aiment les
challenges. C’est encourageant. L’opération aéronautique a été lancée il y a
cinq ans, nous avons deux sites, l’un à Chrifet à 3 km de Soliman et l’autre à
10 km de la commune de Soliman.

Qu’est-ce qui fait de la Tunisie un site attractif pour le groupe Zodiac ?

Comme je le disais plus haut, le choix de la Tunisie s’explique par la qualité
de sa main-d’œuvre, la communauté du langage, le français en l’occurrence. Et ce
même si les administrations qui sont sensées accompagner les orientations du
pays pour encourager les IDE et attirer les étrangers nous envoient des
documents en arabe que nous ne savons pas lire, alors que nous aimerions bien
pouvoir comprendre et assimiler les documents que nous recevons en ayant au
moins des similaires dans des langues que nous comprenons.

Le pays s’adapte rapidement et évolue encore plus rapidement. Nous avons des
centres de formation avec lesquels nous pouvons mettre en place des formations
personnalisées.

Le système bancaire répond aux normes européennes même s’il gagnerait à
améliorer la qualité des prestations en direction des clients et surtout pour ce
qui est de la considération à apporter aux personnes qui déposent leur argent
dans les banques.

Par ailleurs, au niveau des administrations comme la
STEG, nous arrivons à
avancer. Par contre, le réseau des télécommunications gagnerait à être amélioré,
notamment dans certaines zones d’implantations d’IDE, pour être plus en phase
avec les objectifs du pays. Je veux intégrer un bureau d’études avec des
échanges de données électroniques et autres technologies de pointe. Je ne peux
pas le faire, j’ai déjà du mal à travailler avec les outils dont je dispose.
Nous sommes situés tout près d’un pôle technologique, on pourrait peut-être
songer à mettre en place la fibre optique pour nous faciliter la tâche. Car la
situation que nous vivons est pénalisante. Imaginez, j’obtiens l’accord de
principe pour lancer le bureau d’études mais je suis bloqué pour des questions
d’infrastructures télécoms. Les échanges de données industrielles nécessitent
des supports informatiques performants.

La Tunisie a cependant un atout important, les coûts sont compétitifs. Les
salaires évoluent environ de 5% par an, c’est donc une inflation maîtrisée. Il y
a des accords sur 3 ans. A chaque fois, nous nous mettons d’accord sur les trois
années qui vont suivre, ce qui nous laisse le temps de budgéter et de prévoir
l’évolution de l’activité.

Qu’en est-il de la logistique du transport ?

Cela se passe convenablement, nous livrons des camions, les remorques sont
chargés sur les bateaux qui passent par Gênes ou Marseille. Nous avons parfois
quelques difficultés avec la douane que nous arrivons à résoudre rapidement. Ce
sont souvent des décisions qui tardent à descendre dans les bureaux du personnel
exécutif. Je suis sûr que les conditions évolueront plus favorablement.

Quels sont vos objectifs de croissance au niveau des emplois ?

L’activité aéronautique emploie à elle seule 850 personnes. La moyenne de
recrutement est de 40 personnes par mois. Pour ce qui est de l’activité des
airbags, nous comptons nous stabiliser à 700 ; pour l’activité aéronautique,
nous prévoyons d’atteindre les 1.000 personnes. Nous recrutons des techniciens
supérieurs, des ingénieurs et des cadres administratifs ainsi que des opérateurs
que nous formons en interne. Nous avons également lancé des partenariats avec
des centres de formation tunisiens au travers de GITAS dont je suis le
vice-président.

La commission formation y fonctionne à merveille et elle a établi un plan
d’action avec le gouvernement tunisien pour instaurer des filières de formation
aéronautique, ce qui nous facilitera les choses. Le taux d’encadrement de nos
employés se situe entre 20 et 25%.

Comment gérez-vous vos ressources humaines ?

Notre politique au niveau du
mangement RH
est gagnant/gagnant. Nous entreprenons
avec notre personnel des relations de confiance, nous essayons de l’impliquer
dans les affaires de l’entreprise. Nous procédons par objectif, notre personnel
est conscient qu’il sera récompensé à la mesure de la qualité de son rendu. Nous
avons une ambiance excellente, notre taux d’absentéisme est inférieur à 2%. Nous
essayons de procurer au personnel les commodités nécessaires afin de lui assurer
les conditions de travail idéales. Nous avons un journal interne intitulé, «La
Famille» pour marquer le sentiment d’appartenance à l’entreprise, nous réalisons
tous les deux ans des enquêtes de satisfaction auprès du personnel.

Dans toutes les activités de Zodiac en Tunisie, nous avons choisi une option,
celle des progrès continus et tout le monde y met du sien. Les opérateurs font
des audits dans des ateliers scindés. Cela leur permet de s’enrichir et de
découvrir des activités différentes. Ainsi, un employé peut percevoir plus
d’intérêt dans une activité qu’il vient de découvrir, ce qui permet de le mettre
dans le poste qui correspond le mieux à son profil et dans lequel il peut mieux
s’épanouir.

Nous n’embauchons pas à un poste qui se libère une personne étrangère à
l’entreprise, nous accordons une promotion au personnel interne et celui qui
vient d’être recruté remplace la personne promue. La plupart des cadres
tunisiens sont expérimentés et ont montré leur savoir-faire et leurs qualités
managériales.

Vous trouvez les profils dont vous avez besoins sur le marché tunisien de
l’emploi ?

Nous trouvons du potentiel et nous formons par nous-mêmes. Il y en a qui ont
fait des études en mécanique ou en électronique et ceux-là sont capables de nous
suivre et d’intégrer les activités particulières que nous leur proposons. Il est
évident que le développement du secteur aéronautique en Tunisie amènera de
nouvelles spécialités plus pointues. Par exemple, les matériaux composites, les
systèmes qualité aéronautique sont spécifiques avec des délégations de la
responsabilité au niveau de la libération des produits, ce qui implique des
formations.

C’est le travail que nous avons engagé avec les autorités tunisiennes en ciblant
les activités utiles à court et à long termes.

Nous avons également mis en place, avec les experts du GITAS et en partenariat
avec les autorités, des cours de formation bien ciblés.

Quelles sont les réalisations de Zodiac au cours de ces 3 dernières années ?

Nous avons bien sûr légèrement souffert de la crise en 2008/2009, principalement
dans les activités automobiles au niveau desquelles il y a eu un tassement et
également dans l’aéronautique. Mais pour cette année, aussi bien dans
l’automobile que dans l’aéronautique, les commandes reprennent. Parfois nous
avons même des difficultés à livrer parce qu’après le tassement de la demande,
elle reprend de plus belle, les perspectives sont positives. Pour ma part, je
suis optimiste.