Milliardaires philanthropes : La charité c’est bien, mais l’équité c’est mieux

Ils sont milliardaires et se réveillent le cœur sur la main, décidés à y aller de leur obole pour soulager tous les «damnés de la terre». Pour sûr, cette souche est à multiplier, à l’infini. Par tous les moyens, il faut chercher à les croiser avec les milliardaires arabes.

warren-buffet.jpgIl y a des nouvelles qui mettent du baume au cœur. Warren Buffet, le patron de la célébrissime birkshire Hataway dont il possède les dix millions d’actions, a décidé de léguer, par tranches, jusqu’à 99% de son «portefeuille» actions. Petit point de détail Warren Buffet est en pleine possession de ses moyens, et par conséquent sa résolution est ferme et irréversible.


Quand le cadet inspire le sénior : le beau tandem

Warren Buffet n’y va jamais de main morte dans la vie. Comme homme d’affaires, il est difficile à égaler. Sa vista et son flair n’ont pas leur pareil. Il est self made et insatiable. Il «vole» de succès en succès. Il fait la course en solo à la tête des plus grandes fortunes du monde depuis que Bill Gates s’est retiré de la compétition. Et c’est encore Bill Gates qui l’inspire dans sa conduite dans la vie. Bill et son épouse, Melinda Gates, depuis que Bill s’est retiré des affaires, abandonnant la présidence de Microsoft, qu’il a hissé au rang de première capitalisation boursière à W. Balmer, ont fondé une association caritative, une «foundation», disent les Anglo-saxons pour soulager, en priorité les malheurs des Africains s’attelant à éradiquer les pandémies et en priorité celle du Sida.

Voilà un exemple à suive, sans aucun doute. Et c’est bien ce qu’a entrepris de faire W. Buffet, tout lucide qu’il est et sans appel ni regrets. A rappeler tout de même que la fortune de W. Buffet est actuellement estimée à 47 milliards de dollars et que celle de B. Gates est voisine de 53 milliards de dollars. Celui-ci a mis 98% de sa fortune à sa fondation et s’en est très largement expliqué dans les médias de la planète entière. Le gourou des affaires de la technologie et de la finance qui se convertit en Samouraï au service d’autrui, le Rbinhood des temps modernes. L’exemple est pour le moins édifiant et donne à réfléchir.

Les traditions du capitalisme saxon et protestant

bill-gates-320.jpgIl est de tradition que les milliardaires saxons rivalisent entre eux en matière d’exploits d’affaires mais aussi d’exploits du cœur. On raconte que le clergé protestant avait influencé les milliardaires de leur bord au début du siècle dernier à multiplier les «Foundations», ces associations de charité à des fins dont on sait qu’elles sont comme les voies du Seigneur difficilement pénétrables. Mais ce que l’on sait, c’est que les sociologues contemporains de ces messieurs disaient que cela aiderait à faire oublier les inégalités du capitalisme et d’autres ont surenchéri en soutenant que le charisme des chevaliers du capitalisme renforcerait le magnétisme du système sur les esprits.

Vivement Une fatwa

C’est le poète français René Char, grand humaniste qui disait «Si tous les gars du monde se donnaient la main», et si tous les milliardaires du monde se passaient la consigne de tout passer à la caisse. Oh, le bonheur ! Alors, il nous vient l’idée de souffler cette possibilité d’une fatwa auprès des milliardaires arabes pour les inciter à distribuer le contenu du portefeuille. Tout le monde y trouverait son compte. De toutes les façons, W. Buffet et consorts, même sans fortune, gardent leur potentiel intact ; et demain, s’ils décidaient de reconstituer la leur, ils le feraient en un tour de main. Donc, s’ils se défont de leur fortune, ils ne se laisseront pas déposséder de leur talent. Disons qu’ils ne perdent pas gros.

La manne bienfaisante des «happy few»

Il ne faut pas décourager les élans du cœur ni même railler les emportements de générosité. Les milliardaires ont le droit d’être philanthropes, et notre souhait le plus ardent est que cet accès de générosité les affecte tous. L’humanité a besoin du contenu de leur portefeuille. On aimerait que l’exemple des milliardaires américains soit suivi par tous les milliardaires du monde, d’ici et d’ailleurs. Sauf que l’humanité, autant elle a besoin de charité a également soif d’équité. Jusque-là, on voit un système qui permet à des «happy few» de sur-accumuler et contre toute attente se comporter en donateurs avec des largesses insoupçonnés. Personne n’a le monopole du cœur, nous ne le savons que trop bien ; déverser leur pactole aux quatre vents face à une écrasante majorité qui se paupérise en masse et qui se résigne.

Peut-on garder un système aussi biaisé, avec la probabilité d’avoir des gens de cœur ou alors faire comme les Européens du Nord que tous donnent le plus à l’Etat et c’est lui qui régenterait la solidarité sociale, qui est le ciment de la collectivité nationale ? Le problème est hautement politique. Nous avons de la peine à imaginer le 26-26 ou les villages SOS perfusés par de la donation privée et non les fonds publics.

L’Etat donne un sens à la charité car il en fait un droit social, un élément de dignité. On aime devoir à l’Etat donc au «contribuable inconnu», comme on doit sa liberté au soldat inconnu dont on se sent le citoyen, et non à un donateur dont on se sentirait l’obligé. C’est tout choisi.