Woerth/Bettencourt : la justice ouvre un nouveau front

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à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[07/07/2010 17:42:48] PARIS (AFP) La justice a ouvert mercredi un nouveau front dans l’affaire Bettencourt en décidant d’enquêter sur les accusations de son ex-comptable évoquant un financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy via une remise d’espèces à Eric Woerth, démentie par le ministre.

Cette enquête préliminaire sera conduite sous la houlette du parquet de Nanterre. Elle ouvre la possibilité sur le plan procédural – si les policiers le jugent nécessaire et si le Conseil des ministres donne son accord – de faire entendre le ministre du Travail, au centre d’une vive polémique depuis plus de trois semaines.

Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, qui soutient le trésorier de sa campagne présidentielle et ancien ministre du Budget, on voit dans cette enquête “l’occasion d’éloigner les calomnies d’Eric Woerth”.

“C’est normal que le procureur (de Nanterre) veuille tirer au clair les allégations” de cette ancienne comptable, a ainsi affirmé à l’AFP un proche du chef de l’Etat.

Les policiers de la Brigade financière et à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) vont enquêter “sur la base des déclarations de Mme (Claire) Thibout”, selon une source judiciaire.

L’ancienne comptable de la femme la plus riche de France affirme que M. Woerth aurait reçu 150.000 euros en liquide au printemps 2007 pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Le maximum de dons autorisé par la loi sur le financement des partis politiques est de 7.500 euros par an pour un parti et de 4.600 euros pour un candidat à une élection.

Selon une source proche du dossier, l’infraction, pour autant qu’elle ait existé, risque bien d’être prescrite puisqu’elle remonte à plus de trois ans.

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à Nanterre (Photo : Pierre Verdy)

Les allégations d’un financement occulte ont ulcéré Eric Woerth, qui s’est défendu avec véhémence d’avoir “jamais reçu le moindre euro illégal”.

“Je n’ai jamais reçu de l’argent de cette manière-là dans la campagne présidentielle. J’ai tenu les comptes de cette campagne. Cette campagne a été vérifiée”, a-t-il affirmé sur TF1 mardi soir

Entendue à deux reprises lundi dans le cadre d’une autre enquête pour vol et atteinte à la vie privée, Mme Thibout a affirmé aux policiers qu’à la demande de Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Mme Bettencourt, elle avait remis 50.000 euros à Mme Bettencourt et que M. de Maistre lui avait indiqué que cet argent était destiné à Eric Woerth.

Dans un entretien à Médiapart, elle a par ailleurs soutenu que M. de Maistre avait également prélevé en Suisse 100.000 euros supplémentaires.

“Maistre m’a dit qu’il allait très vite dîner avec Eric Woerth afin de lui remettre, +discrètement+ comme il m’a dit, les 150.000 euros. Et le dîner a bien eu lieu très rapidement…”, a-t-elle expliqué à Médiapart.

L’ancienne comptable affirme qu’elle avait prélevé les 50.000 euros le 26 mars 2007 dans une agence BNP de l’avenue de la Grande armée à Paris.

“J’ai rempli le carnet de caisse, avec, en regard de la somme, la mention +Bettencourt+, que j’ai écrite moi-même. Je faisais toujours comme ça lorsqu’il s’agissait de l’argent destiné aux politiques, car il ne fallait pas de trace écrite”, explique-t-elle.

La police a retrouvé trace d’un tel retrait et s’est vu remettre mercredi à la mi-journée les carnets comptables, selon des sources proches de l’enquête, confirmant une information du Monde.

Entendu lui aussi par les enquêteurs, Patrice de Maistre “conteste formellement les allégations mensongères” de Mme Thibout, selon son avocat Me Pascal Wilhelm.

La comptable et le gestionnaire de fortune devraient tous les deux être confrontés, selon une source proche de l’enquête.