Tunisie – Repenser la formation professionnelle dans l’artisanat

D’après certains experts, les formations non homologuées dans l’artisanat
tunisien sont de loin les plus nombreuses, ne conduisent pas à une qualification
à même de répondre aux besoins des artisans et freinent la stratégie qualitative
des pouvoirs publics qui visent la performance dans un secteur identitaire et
civilisationnel. Il est clair que l’un des moteurs de l’attraction des jeunes
vers les métiers manuels est constitué d’un statut social valorisant, d’une
situation matérielle de bon niveau où la précarité est peu présente avec des
niveaux de rémunérations dans la fourchette des autres branches de l’économie
nationale. Pour atteindre les objectifs de formation du plan stratégique
«Artisanat 2016», nous dit Monsieur Abdelhak Dahak, Directeur au sein de l’ATFP,
il faut travailler à la modification des représentations sur l’activité
artisanale, remédier à sa mauvaise image auprès des jeunes et entreprendre une
action de longue durée avec des enquêtes pour donner envie aux apprenants
potentiels de s’engager dans la formation et de trouver rapidement une voie
d’insertion professionnelle.

A cet égard, afin de relancer les filières artisanales et revitaliser les
structures d’enseignement de l’Agence tunisienne de la formation
professionnelle, dont le positionnement en termes de niveau d’instruction et de
diplôme correspond parfaitement à la logique artisanale, il est souhaitable de
mettre en place un apprentissage rénové fonctionnant avec une pédagogie de
l’alternance co-construite avec les artisans, d’assurer le statut du stagiaire
en formation à l’aide d’une rémunération progressive basée sur un pourcentage du
SMIG et de dispenser des compétences reconnues, sanctionnées par un diplôme
délivré par l’Etat.

Il s’agit, d’après certains experts, d’élever le niveau de qualification des
actifs travaillant dans l’artisanat, de faire en sorte que tous les nouveaux
entrants dans la profession puissent atteindre au moins le niveau CAP
(Certificat d’aptitude professionnelle) et de revisiter l’ensemble des systèmes
de formation afin de chiffrer les besoins dans les différentes spécialités et de
déterminer quelques stratégiques de développement de la formation diplômante.
L’homologation des cursus d’apprentissage est un pas important vers une
meilleure reconnaissance des activités artisanales, un changement de taille au
niveau de la perception des familles qui peuvent ainsi encourager la vocation de
leurs enfants, une structuration des savoir-faire techniques des disciplines
enseignées et une organisation référentielle des métiers liés au patrimoine
culturel des différentes régions du pays.

Pour des objectifs à moyen et long termes

Certains experts préconisent la mise en place d’un partenariat de pilotage des
centres de formation avec les artisans. C’est finalement une logique liée aux
indicateurs du Référentiel national qualité de la formation professionnelle
tunisienne élaboré et mis en œuvre dans le cadre du programme
MANFORM de 2002 à
2006 avec l’ATFP et les services du ministère de tutelle, qui doivent relancer
la restructuration et la création de nouveaux CFA dans l’artisanat, créer des
sections de pré-apprentissage avec un redéploiement de leurs ressources
financières et favoriser, dans les centres publics de l’ATFP, l’implantation
d’un modèle d’instruction relatif à l’activité artisanale rénovée.

Il faut aussi, au plus vite, nous dit une source au ministère de la
Formation
professionnelle
et de l’Emploi, conventionner des centres privés pour des
sections d’apprentissage aux métiers de l’artisanat sur la base d’un cahier des
charges, rééquilibrer la pyramide des qualifications dans un sens plus proche
des besoins des entreprises artisanales, améliorer le système de financement de
l’apprentissage, faire fonctionner une structure de pilotage unifiée de la
formation professionnelle dans l’artisanat et communiquer sur le sujet afin de
mobiliser les apprenants, les motiver à l’aide de formations polyvalentes et
leur permettre de mettre ainsi rapidement le pied à l’étrier et développer leur
opérationnalité dans les meilleures conditions.