Le secteur créatif s’inquiète des effets du piratage sur ses emplois

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éléchargement de musique (Photo : Loic Venance)

[17/03/2010 16:10:10] BRUXELLES (AFP) Plusieurs syndicats et organisations patronales du secteur créatif (musique, cinéma…) ont mis en garde mercredi contre les “effets dramatiques” du piratage, notamment sur internet, pour l’emploi et les revenus du secteur, réclamant des actions pour l’endiguer.

William Maunier, président du syndicat EURO-MEI (media, entertainment and arts), a souligné le “besoin d’adopter”, aux niveaux tant national qu’européen, “des politiques vis-à-vis d’internet qui protègent mieux les contenus créatifs contre le partage de fichiers non autorisé”.

“La croissance du partage de fichiers, des téléchargements et de la lecture en continu (streaming) illégaux d’oeuvres soumises aux droits d’auteurs (…) est une menace majeure pour les industries créatives en termes de pertes d’emplois et de revenus”, a-t-il insisté.

Un rapport du cabinet de consultants Tera présenté mercredi à Bruxelles estime qu’à politiques inchangées, le piratage ferait perdre au secteur 1,2 millions d’emplois et 240 milliards d’euros de revenus d’ici 2015.

D’après le même rapport, en 2008 les industries créatrices représentaient 6,9% du PIB de l’UE (860 milliards d’euros) et 14 millions d’emplois, mais le piratage de films, séries télévisées, musique et logiciels y a déjà coûté la perte de 10 milliards d’euros de recettes et de 185.000 emplois.

Ce rapport “met en lumière les graves conséquences pour les emplois dans ce secteur si on permet au piratage numérique de persister”, a commenté Benoît Ginisty, délégué général de la FIAPF, qui représente les producteurs de films.

La question du respect des droits d’auteurs et du piratage à l’heure d’internet devrait s’inviter dans le débat sur la stratégie pour une “société numérique” que doit présenter cette année la Commission européenne.

Les efforts pour développer une offre en ligne légale pourraient aussi conduire à remettre en cause le système actuel de licences, pour les adapter au caractère sans frontière d’internet (les licences actuelles sont nationales) ou les élargir à de nouveaux modes de diffusion.

Agnete Haaland, présidente de la Fédération internationale des acteurs (FIA), a ainsi jugé “vital” que les interprètes puissent tirer “des bénéfices tangibles de l’exploitation secondaire de leur travail” et réclamé pour cela “une approche pan-européenne”.

Dans un communiqué séparé, l’association de radio-diffuseurs publics UER a réclamé pour sa part “une modernisation du système actuel d’obtention des droits d’auteurs” pour la radio et la télévision, afin qu’elles englobent aussi de nouveaux services en ligne comme la vidéo à la demande ou le téléchargement sur internet de rediffusions choisies d’émissions.