Les marchés ont les nerfs à vif avant le dénouement de la tragédie grecque

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[10/02/2010 17:40:20] LONDRES (AFP) Bourses, marchés de changes, marchés de matières premières, toutes les places financières retenaient leur souffle mercredi avant le prochain acte de la tragédie grecque, les opérateurs espérant nerveusement que l’Union européenne (UE) viendrait au secours d’Athènes.

Alors que les spéculations sur les mesures d’aide d’urgence à la Grèce que l’UE pourrait adopter enflaient, la nervosité était palpable sur tous les marchés.

Mercredi matin plusieurs médias ont fait état d’une réflexion au sein du gouvernement allemand sur l’aide à apporter à la Grèce, au besoin de manière bilatérale.

“Les marchés espéraient que l’Allemagne allait sortir un lièvre de son chapeau” en faveur de la Grèce, décodaient les économistes de Forex.com.

Portés par cet espoir, les Bourses, l’euro et le pétrole ont ainsi attaqué la séance européenne en hausse. Le Footsie de Londres a gagné jusqu’à 1,36%, le CAC 40 jusqu’à 1,68%, tandis que le pétrole prenait jusqu’à un demi-dollar.

Par la suite, l’optimisme a semblé se refroidir, notamment après que des source gouvernementale allemandes eurent indiqué qu'”aucune décision n’avait été prise” pour aider la Grèce, et qu’une décision de cet ordre n’était “pas à l’ordre du jour”.

Le Premier ministre grec Georges Papandreou a assuré que la Grèce était prête à prendre “toutes les mesures nécessaires” pour réduire son déficit, sans effet positif sur les marchés.

Victime directe de la déception des investisseurs, l’euro s’est écarté du seuil de 1,38 dollar touché vers 12H00 GMT, et il s’échangeait vers 17H00 en nette baisse, après avoir brièvement plongé sous 1,37 dollar pour un euro.

“La périphérie de la zone euro est une bombe à retardement en termes de risque sur la dette publique, et c’est le principal moteur des marchés depuis plusieurs séances”, expliquait Sacha Tihanyi, économiste chez Scotia Capital, cité par Dow Jones Newswire.

“L’absence d’une communication unique et cohérente sur la progression des efforts pour résoudre le problème grec est une source d’inquiétude, ce qui accentue la volatilité”, ajoutait-il.

Les Bourses européennes ont réussi à se maintenir à flot, mais elles ont fini sur des gains modérés. Le Footsie de Londres a gagné 0,39%, le CAC 40 de Paris 0,63%, le Dax de Francfort 0,69%. Et de l’autre côté de l’Atlantique le pessimisme avait franchement pris le dessus: vers 16H32, l’indice Dow Jones lâchait 0,29%, à 10.029,39 points.

La crise grecque semble évoquer, chez les investisseurs, le cauchemar encore frais de la crise bancaire à l’automne 2008.

“Comme on l’a vu après la chute de (la banque américaine) Lehman, quand l’atmosphère est à la peur financière, il faut oublier l’offre et la demande, les outils techniques ou analytiques qui peuvent aider à analyser la direction d’un marché particulier”, juge ainsi David Hufton, analyste chez PVM.

En outre, la Grèce suscite la crainte d’une contagion dans d’autres pays de la zone euro, notamment l’Espagne et le Portugal.

“D’abord les banques, à présent les pays tout entiers ont des problèmes avec la dette”, observait ainsi Manoj Ladwa, analyste chez ETX Capital.

“Le sauvetage de la Grèce serait positif et pourrait apaiser certaines des peurs qui ont affecté le marché, mais cela va-t-il s’arrêter là ? Qui pourrait être le prochain à recevoir de l’aide et à quel point l’Union européenne dira-t-elle +trop c’est trop+?”, poursuivait-il, bien que l’agence de notation Moody’s ait insisté mercredi sur le fait que la situation de l’Espagne et du Portugal n’était pas “directement comparable”.

Le suspense pourrait être dénoué à l’issue d’un sommet des dirigeants européens, qui s’ouvrira jeudi à 9H15 GMT à Bruxelles.