Les ministres du G7 font le point sur la reprise dans le Grand Nord canadien

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à Istanbul, le 3 octobre 2009 (Photo : Stephen Jaffe)

[05/02/2010 10:43:51] OTTAWA (AFP) Les ministres du G7 font le point vendredi et samedi sur la reprise économique et les mesures pour encadrer le système financier, lors d’une réunion dans le Grand Nord canadien, à Iqaluit.

Le choix de cette ville à 2.000 km au nord de Montréal, audacieux vu la saison, peut apparaître comme un moyen de faire de la publicité à une instance à laquelle beaucoup prédisent une mort lente. La dernière réunion du G7, à Istanbul un samedi d’octobre, était passée inaperçue.

Le G7 regroupe, outre le Canada qui le préside, les Etats-Unis, le Japon, et quatre pays européens (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni). Sont invités également à cette réunion le Fonds monétaire international, le Conseil de stabilité financière et la Commission européenne.

Les organisateurs disent vouloir une réunion “plus petite, plus informelle”, et comptent sur une “discussion franche”. Ils ont demandé aux participants de renoncer à la cravate ou au tailleur au profit d’un pull bien chaud.

Ils affirment vouloir revenir aux “racines” du G7, conçu en 1975 par le président français Valéry Giscard d’Estaing comme “des causeries au coin du feu” en forêt de Rambouillet dans la région parisienne, et devenu au fil des ans une grosse machine diplomatico-médiatique.

Pour la première fois depuis longtemps, le G7 ne publiera pas de communiqué, qui traditionnellement nécessite une lourde préparation en amont, et consomme du temps de réunion. Seule est prévue une conférence de presse commune samedi, au début de laquelle le ministre canadien Jim Flaherty résumera la teneur des débats.

“Il n’y aura pas de décision”, a prévenu une porte-parole du ministère des Finances allemand.

Les discussions porteront sur les conditions économiques, avec le retour d’une croissance plus ou moins solide selon les pays membres, sur la réglementation financière, et sur les changes, qui étaient l’un des points saillants du communiqué d’Istanbul.

Un responsable du Trésor américain a indiqué à la presse que son pays souhaitait aussi soulever la question de l’allégement de la dette d’Haïti, pour permettre au pays de se relever du séisme.

C’est sur le système financier que les échanges seront probablement les plus animés.

Les Canadiens ont “des banques qui sont sorties de la crise financière largement indemnes (et sans soutien public), donc les hôtes eux-mêmes ont peu envie d’impôts nouveaux pour le secteur financier”, écrit Julian Jessop, de Capital Economics.

Les Américains ont fait à l’inverse des propositions hardies, dont celle de récupérer l’argent dépensé pour sauver les banques américaines en taxant les plus grandes institutions financières présentes dans le pays, y compris étrangères.

Français, Allemands et Italiens collent à leur message de coordination internationale, le ministre des Finances allemand Rainer Brüderle ayant souligné mardi, lors d’une visite à Washington, qu’aucun pays ne pouvait faire cavalier seul dans les réformes des marchés financiers.

Côté japonais, la réunion sera la première du ministre Naoto Kan, en poste depuis un mois, qui se distingue au sein du G7 en étant favorable à des interventions sur le marché pour affaiblir sa monnaie, le yen.

Le ministère des Finances canadien a indiqué qu’il prévoyait une discussion sur les changes, dans le cadre plus global du débat sur une croissance mondiale équilibrée.

Répétant le leitmotiv des Etats-Unis selon lequel le yuan est “sous-évalué”, le responsable du Trésor américain a dit que “les questions relatives à la monnaie chinoise étaient dans tous les esprits”, laissant entendre qu’elles seraient débattues.