A400M : Londres assure de son engagement, mais “pas à n’importe quel prix”

[12/01/2010 14:23:48] LONDRES (AFP)

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érir à Séville, le 11 décembre 2009 (Photo : Bertrand Guay)

Le ministère britannique de la Défense a confirmé mardi l’engagement du Royaume-Uni envers le programme d’avion de transport militaire A400M, mais “pas à n’importe quel prix”, alors qu’Airbus fait pression sur les Etats clients pour qu’ils en partagent le surcoût.

“Le Royaume-Uni reste engagé envers l’A400M, mais pas à n’importe quel coût”, a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère de la Défense.

“Nous considérons les négociations en cours comme le meilleur moyen” pour assurer l’achèvement du développement de l’appareil, “qui fournira des capacités de transport aérien tactiques et stratégiques à nos trois forces (Armée de Terre, de l’Air et Marine, ndlr) en période de paix, de crise ou de guerre”, a ajouté le porte-parole.

Le président d’Airbus, Thomas Enders, a pressé mardi les gouvernements européens d’accepter un compromis financier sur l’A400M, estimant qu’il était “grand temps de prendre une décision”, à deux semaines de la fin des négociations.

L’avionneur ne peut pas accepter la situation actuelle, “qui pourrait mettre en danger Airbus et sa compétitivité commerciale”, a jugé M. Enders, qui a menacé de mettre fin au programme faute d’un accord financier sur les surcoûts avec les pays clients.

L’A400M, un programme en retard d’au moins trois ans, pourrait coûter jusqu’à 11 milliards d’euros de plus que prévu initialement. Le partage de ce fardeau financier est au coeur de pourparlers entre Airbus et ses clients, qui doivent s’achever avant la fin du mois.

Une réunion à ce sujet entre les pays clients, dont les principaux sont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, doit se tenir jeudi à Londres.

Le patron d’Airbus Thomas Enders a fait monter la pression sur les pays clients de l’avion de transport militaire A400M en menaçant d’abandonner le programme si ceux-ci n’acceptaient pas d’augmenter leurs financements, dans un entretien à la radio BBC World.

“Nous ne pourrons pas achever le développement de cet avion sans une contribution financière importante”, a déclaré M. Enders, selon des extraits de l’entretien mis en ligne lundi soir sur le site de la BBC.

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à Séville (Photo : Eric Piermont)

Il a expliqué qu’Airbus, filiale du groupe européen EADS, avait eu tort de s’engager auprès des pays clients à développer l’appareil pour une somme fixe (20 milliards d’euros), les coûts de développement ayant depuis fortement gonflé, au point de remettre en cause la poursuite du programme.

“Nous avons commis une grosse erreur lorsque nous avons (conclu) les contrats pour cet appareil il y a six ou sept ans. Quand on fait des erreurs, on ne doit pas les répéter. Nous ne devrions prendre aucune décision qui risquerait d’entraîner de nouveaux problèmes dans les années qui viennent”, a-t-il affirmé.

M. Enders a toutefois souligné que la décision de poursuivre ou d’abandonner le programme reviendrait au final au conseil d’administration de la maison-mère d’Airbus, EADS.

Le directeur général délégué d’Airbus, Fabrice Bréguier, a tenu des propos similaires dans un entretien publié mardi par le quotidien Les Echos.

“Il n’est pas question pour Airbus de supporter tous les malheurs de ce contrat alors que le secteur traverse une crise sans précédent et qu’il nous faut encore mener à leur terme les programmes A380 et A350”, a déclaré M. Brégier au journal.

Airbus a ainsi fait monter la pression sur les gouvernements ayant commandé des A400M, dont l’Allemagne et la France, alors que la question du partage des surcoûts du programme, qui pourraient atteindre de 8 à 11 milliards d’euros, est désormais au centre des négociations entre l’avionneur et les sept pays européens clients, qui doivent se mettre d’accord avant la fin janvier.

Une réunion de ces pays est prévue jeudi à Londres.

La première livraison de l’avion est attendue début 2013, à la France, avec trois ans de retard. Avec 60 exemplaires commandés, sur un total de 180, l’Allemagne est le plus gros client de l’A400M devant la France et la Grande-Bretagne.