Wall Street s’est reprise en 2009, concluant une décennie frustrante

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à la Bourse de New York (Photo : Mario Tama)

[25/12/2009 12:04:37] NEW YORK (AFP) Meurtrie par la récession, la Bourse de New York a chuté au printemps à ses plus bas niveaux depuis plus dix ans, reflet d’une décennie frustrante pour le marché, avant de se reprendre d’un impressionnant rebond que les investisseurs espèrent poursuivre en 2010.

“Sommes-nous au début d’un nouveau cycle haussier du marché ou est-ce une hausse tactique dans la fourchette que l’on connaît depuis le printemps de l’an 2000?”, s’interroge Jeffrey Saut, directeur de la stratégie investissement chez Raymond James Equities, au moment de faire le bilan de 2009.

L’année a été marquée par les extrêmes. Le pessimisme exacerbé des trois premiers mois de l’année a poussé les indices à leurs plus bas niveaux depuis le printemps 1997 pour le Dow Jones, l’automne 1996 pour l’indice élargi Standard and Poor’s 500.

“On était encore en train de se débattre avec les complications liées à la faillite de la banque Lehman Brothers (en septembre), et le soutien de l’Etat à l’assureur AIG et aux banques”, se remémore Nicholas Colas, de ConvergEx. Le marché s’inquiètait alors d’une nationalisation des institutions financières, qui avaient reçu une aide massive de l’Etat pour survivre à la crise.

Mais il s’avère que 2009 a été “l’année où l’on a évité une deuxième Grande Dépression”, souligne Nicholas Colas.

L’amélioration progressive des indicateurs économiques a permis au marché d’entamer un impressionnant rebond: de l’ordre de 60% pour le S&P 500 entre son plancher du 6 mars et la fin de l’année. A 1.126,48 points, il s’affichait à la clôture jeudi en hausse de 24,7% depuis le début de l’année.

Pour sa part, le Dow Jones enregistrait un rebond de 60% depuis son plus bas de clôture, et de 19,9% depuis le 1er janvier, à 10.520,10 points. Le Nasdaq, enfin, a progressé de 44,9% à 2.285,69 points. L’ascension progressive des trois indices les a portés à leurs plus hauts niveaux de l’année en décembre.

Le secteur bancaire, qui avait précipité la chute, s’est bien repris: l’indice S&P le représentant s’est envolé de 160% depuis début mars.

Malgré tout, le marché reste une source de déceptions, observent les analystes de Bank of America-Merrill Lynch.

“2009 offre un maigre salut dans une décennie de déception”, souligne David Bianco.

“Les investisseurs sont entrés confiants dans cette décennie avec la certitude que les actions étaient des actifs solides pour un investissement de long terme. Malheureusement, le secteur des grosses capitalisations américaines a affiché des pertes importantes”, constate l’analyste, “un événement rare dans l’histoire des marchés boursiers dans le monde”.

Il y a dix ans, le 31 décembre 1999, le Dow Jones était à presque 11.500 points. Et le pic historique d’octobre 2007, à 14.164,53 points, semble loin. Selon le Wall Street Journal, les années 2000, marquées par deux crises boursières, ont représenté la pire performance des marchés actions en presque 200 ans.

2010, selon Bofa-Merrill Lynch, serait l’occasion de “sortir de la bulle du pessimisme”: pour les observateurs du marché, l’élan devrait se poursuivre au moins pendant la première moitié de l’année prochaine.

“Il y a assez d’optimisme pour les résultats d’entreprises et les flux de trésorerie, sans compter que l’on va renouer avec la croissance au premier semestre”, ce qui pourrait porter le marché à ses niveaux précédents l’effondrement de Lehman Brothers, estime Nicholas Colas.

Pour les analystes, la grande interrogation viendra plus tard, de la perte “du sentiment d’euphorie venu de l’argent de la relance”, observe Jeffrey Saut.

“C’est pourquoi les courtiers vont scruter chaque réunion de la Réserve fédérale américaine dédiée aux taux l’année prochaine. Ils vont y chercher le message, que la Fed va relever ses taux” et resserrer les conditions de crédit, tarissant la source des liquidités qui avaient irrigué le marché, ajoute M. Colas.