Suisse : la BNS ne change pas son taux et voit des éclaircies pour le PIB

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ésident de la banque centrale suisse, Jean-Pierre Roth, le 24 septembre 2006 à Bern (Suisse) (Photo : Fabrice Coffrini)

[17/09/2009 16:43:31] ZURICH (Suisse), 17 sept 2009 (AFP) La Banque nationale suisse (BNS, banque centrale) a décidé jeudi de garder son taux directeur inchangé pour la deuxième fois consécutive en trois mois, estimant que la récession helvétique serait moins grave qu’attendu en 2009.

La BNS a décidé de maintenir le Libor à trois mois à 0-0,75%, son niveau de mars, le plus bas jamais atteint depuis 2003, conformément aux attentes de nombreux analystes et à l’instar d’autres banques centrales européennes.

Elle explique dans un communiqué avoir “opté pour la prudence” en raison de l’importance de “l’incertitude sur l’évolution future” de l’économie.

L’institution a en revanche estimé que des améliorations étaient sensibles dans l’environnement économique dans le monde et en Suisse lui permettant d’anticiper une récession moins forte que prévue pour 2009.

“L?environnement économique international s?est amélioré ces derniers mois et le repli de l?économie suisse s?est révélé nettement moins important que prévu au deuxième trimestre”, a-t-elle expliqué.

La banque centrale helvétique table ainsi “sur une baisse moins sensible” du Produit intérieur brut (PIB) annuel située entre 1,5% et 2%, contre 2,5% et 3% attendu en juin.

“La croissance devrait reprendre progressivement au cours des prochains mois”, fait-elle valoir.

Après un recul de 0,6% au dernier trimestre 2008 et de 0,8% entre janvier et mars faisant officiellement entrer la Confédération en récession, le PIB helvétique a reculé de 0,3% au deuxième trimestre à la surprise générale.

Ces données permettent également à la BNS d’anticiper du mieux du côté de l’inflation.

Pour 2009, elle prévoit toujours une déflation d’environ 0,5% environ, “presque inchangée”. En revanche, les prix à la consommation devraient recommencer à s’apprécier en 2010 et 2011 avec des hausses de 0,6% et 0,9% respectivement, estime-t-elle.

Malgré des signes positifs, la BNS se garde bien d’afficher un optimisme sans faille et prévient que la reprise mondiale n’est toujours pas acquise.

“La reprise annoncée de la conjoncture mondiale pourrait ne pas se confirmer. En outre, bien que le secteur financier soit en net rétablissement, une nouvelle détérioration ne peut être entièrement exclue. Aussi un risque de déflation subsiste”, met-elle en garde.

Face à ces incertitudes, la banque centrale suisse a décidé de poursuivre les mesures non conventionnelles qu’elle a entreprises au printemps à la suite d’une série de baisse de taux drastique pour soutenir l’économie helvétique très affaiblie.

Elle continuera, dit-elle, “d?alimenter généreusement l?économie en liquidités” et à “s?opposer de manière résolue à une appréciation du franc face à l?euro”, afin de défendre les exportations dont le pays est très dépendant.

Selon l’analyste d’ING, Julien Manceaux, la BNS ne devrait pas toucher à ses taux avant septembre 2010 en raison que la conjoncture toujours fragile et des risques déflationnistes persistants.

“Le fait que l’économie suisse sorte probablement techniquement de récession au troisième trimestre ne devrait pas changer la politique monétaire suisse”, explique-t-il dans une note.

“Compte tenu de la prévision négative pour l’inflation et des perspectives de PIB toujours faibles, il est sûre que la ligne directrice de la BNS ne changera pas durant au moins douze mois”, ajoute-t-il.